Le petit satyre de Hugo

Il était petit, puis il grandit
Il passait inaperçu tant qu’il n’était pas un géant
Il se cacha quand il fut une tour
Il s’enfuit quand il se métamorphosa
En montagne
Moi, son seul ami, je vous jure que j’ai vu,
De mes yeux vu,
Des tigres monter dans ses aisselles
Des aigles nicher dans ses oreilles
Sa chevelure était une foret vierge
Ses yeux des lacs pers
Ce que j’ai vu de sa bite m’a épouvanté :
Elle ressemblait à une baleine
Il grandit encore
Un pied en Europe, un autre en Afrique
Son cul fut la lune
Il s’envola quand la tête approcha de Jupiter
C’est alors qu’il me parla
Comme un tonnerre dans les oreilles
Je n’ai rien compris de ce qu’il me racontait

Ensuite dans la nuit je me suis dit :
« Il n’y a pas d’effet sans cause
Quelle peut être l’immense cause
D’un si grand effet ? »
Quand je me suis réveillé d’un coup
Je me disais que le sexe est
L’origine de tout
Et qu’il n’y a pas d’origine
Sans origine
Une chanson devint une scie à l’ancienne :
« Pan ! Pan ! Pan ! Voilà le dieu Pan ! »
En prenant mon café
Je pensais que je passais mon temps
A des imbécillités
Je me suis levé pour aller à mon ordi’
J’ai dit : « Pour Victor Hugo et le dieu Pan, tout est Dieu.
Ca me convient très bien à moi
Qui suis homme et dieu ».
Le copain, redevenu normal, presque nain,
Un petit djinn,
S »exprima timidement :
« Tu penses à la part naturelle et mystérieuse
De l’Homme, c’est-à-dire de tout homme ? ».
« Plus exactement je pense au Divin,
A la part naturelle et mystérieuse
De l’Homme et de tout homme »