Titien ( 2 )

Le Titien ou le triomphe du classicisme. On n’a jamais été aussi loin dans l’harmonie. Les forces contraires ne le sont plus. Le pape n’est pas écrasé par sa charge, ni par les efforts nécessaires pour y accéder. Le pape est un homme digne et bon. Giorgione, prédécesseur immédiat du Titien, a acquis le droit de montrer la nudité féminine. Le Titien la montre dans sa molle splendeur. Une hypocrisie de moins. L’art du peintre est à la hauteur de son modèle et pourrait évoquer celui d’Ingres. Non, cette nudité est uniquement celle voulue par un peintre au sommet de son art, à la fois réaliste et idéaliste, naturel et artificiel.
Mais le classicisme ne peut pas tout. A force d’absorber les contradictions il ne les montre plus. Son triomphe en devient faux. Les successeurs immédiats du vieux Titien ( il a vécu longtemps le bougre, à croire que le classicisme conserve ) ont fait le contraire sans avoir à se révolter. Le Tintoret a poussé aussi loin que possible la logique de la ligne de fuite, repoussant les murs, fondant avec d’autres le baroque. Le Caravage a outré l’opposition de la lumière et de l’ombre, réalisme tourmenté à l’image de sa vie.
Le Titien doit rester un maître, à la fois académique et classique.