Epitomé 13 : Hegel

Je lisais beaucoup. Raymond Aron, Gurvitch, Lévi-Strauss et bien d’autres ne m’ont pas échappé. Mai ma quête des classiques n’était pas terminée, n’était pas terminable.
J’ai même fini pas décider que si j’avais deux oeuvres à emporter sur une île déserte, ce serait la Bible et Shakespeare.
Mais je n’avais garde d’oublier les traditions chinoises et hindouistes. Un exemple, sortant du bac, je me suis rendu compte qu’on ne m’avait rien appris sur les cultures extra-européennes. Avec mon peu d’argent, je me suis acheté un livre sur le bouddhisme, religion que j’ai toujours en haute estime.
Je rappelle que quelles que soient les convictions de chacun, il est impossible d’enlever à l’humanité ses religions.
Il me manquait un auteur essentiel, religieux, fondateur de la dialectique historique, qui fait de lui-même, du protestantisme, de l’Allemagne l’aboutissement de l’histoire, Hegel.
Mais sa philosophie de l’histoire mérite beaucoup mieux que ce résumé car elle pose des problèmes de méthode fondamentaux. Comment penser, présenter, dire la dialectique fondatrice de l’histoire ?
C’est en 1973 que j’ai passé un été à lire les oeuvres essentielles de Hegel que sont « la Phénoménologie de l’Esprit » et « la Science de la logique ».
Hegel est à ce niveau un auteur très difficile. Un exemple : j’ai deviné une quatrième dimension dans sa dialectique, mais je n’ai pas réussi à l’isoler.
Il reste que Hegel est l’inventeur de la dialectique historique qui contrairement à la dialectique antique, art du raisonnement par raisons alternées, se transporte dans les faits historiques eux-mêmes, non sans idéalisme. L’histoire est désormais faite de multiples contradictions qui chez Marx deviendront matérielles et réelles.
Pendant longtemps je me suis constitué prisonnier d’un hégélianisme du pauvre.