La deuxième Gauche

Régine avait quatorze ans et moi seize quand nous avons découvert en 1954 Pierre Mendes France l’artisan de la paix en Indochine rattrapé par la guerre en Algérie. Notre idole fut malheureusement battue politiquement par Guy Mollet, tenant de la social-démocratie traditionnelle, qui a cédé le 6 février 1956 devant les « Pieds-Noirs ».
Nous avons eu plus tard de l’estime pour Michel Rocard, qui nous paraissait le tenant d’une gauche moderne et moderniste, face au bloc des gauches conservatrices. Il a été vaincu de belle manière par François Mitterrand, chef rusé de l’Union des Gauches ( 1979 et ensuite ). Rocard regrettait chez son rival « le manque de compétence », lequel déplorait son « manque de culture ».
Au pouvoir jusqu’en 2002, date où il fut battu dès le premier tour de l’élection présidentielle, Lionel Jospin n’avait cure de la deuxième Gauche représentée alors par la C.F.D.T..
Le flambeau de la Deuxième Gauche est repris actuellement par Manuel Valls. Va-t-il remporter la victoire face aux Gauches traditionnelles ? La faiblesse de la deuxième Gauche est qu’elle touche à des tabous, des symboles, des pratiques politiciennes bien établies.
Valls avance trop le menton en avant. Il risque de jouer bientôt au matamore face aux multiples pièges politiques dont à coup sur de mauvaises habitudes. La culture dont parlait Mitterrand était en grande partie celle du machiavélisme florentin.
La deuxième Gauche peut-elle l’emporter dans un vieux pays jacobin?
Les succès de la première gauche sont en partie des victoires à la Pyrrhus. Elle l’emporte aux élections pour appliquer en définitive un programme de droite avant de finir par être battue aux élections, en partie pour promesses non tenues.