Le fleuve venu de l’ouest descend vers la mer
Sur mon bateau léger je brave la brume et la pluie
La vague gronde et se dresse comme un mur
Souvent les herbes et les arbres dansent
Tortues et lézards d’eau sautent
Un nuage noir est gros comme une baleine
Un palais apparaît dans le clair de lune
Je chante mais je ne vois aucun bateau
Qui claque des dents pour prier les dieux ?
D’autres se taisent le corps courbé en deux
Muriers et chanvre ont germé sur le sol des batailles
Dans les roseaux on voit des huttes de pêcheurs
C’en est fini des héros de jadis Seuls subsistent les tertres jaunes
Je ne pense qu’aux travaux qui ont réglé les cours d’eau depuis dix mille ans
Je lève ma coupe à la gloire du divin empereur
*
La jeune barbare – peut-être mongole –
Est tout juste un bouton de pivoine
On peut la rencontrer au bistro à vin
Ses joues sont pleines ses sourcils sont courbés
Son moindre sourire est consentement
Pourquoi se cacher sous un éventail de gaze ?
*
La forêt dans les nuages est peinte après la pluie
La montagne se met en marche
La crue de printemps est arrivée
Je trouve un lit à l’hôtellerie du bois dans les nuages
J’écoute couché les coqs et les chiens de la contrée des immortels