Poèmes à chanter des Yuan ( XIII° – XIV° siècles ) :
Il y a du rouge sur le fleuve
Il ne reste rien du faste des six dynasties
Notre nostalgie est vaine
L’aspect des montagnes n’est plus le même que jadis
Les hirondelles nichent par couples dans les anciens palais
On peut écouter dans le silence de la nuit profonde
L’impétueuse marée du printemps
Qui frappe à la muraille déserte ?
Si tu songes aux temps révolus tu te consumes d’affliction
Vestiges décevants du passé de la patrie !
Dans les brumes désertes seules persistent les herbes flétries
Le vol désordonné des corbeaux
Le soleil à son déclin
Des bribes de chanson
Froide est la rosée automnale
Le puits est détérioré
Des insectes frileux sanglotent
Subsistent le bleu des monts
Et le vert du fleuve
*
Nuages mes torsades Brumes sur mes tempes
Plus noires que l’aile d’un corbeau
Les lotus d’or se devinent voilés d’une gaze écarlate
Ne me prends pas pour la fleur commune
Qui pousse hors de l’enclos
Je te maudis mon bel ennemi bien-aimé
Je succombe à demi, à demi je me la joue
Hors des croisées tendues de gaze bleue
Personne Silence
A genoux au pied de mon lit il brûle de m’embrasser de m’enlacer
Je maudis son coeur inconstant mais je me tourne vers lui
Tout en l’accablant de reproches et d’injures
A demi je le repousse à demi je m’abandonne
La lampe d’argent est éteinte l’encens est envolé
Je me glisse seule sous la soie
Quelle langueur est la mienne !
Ma mince couverture me semble encore plus mince
A demi-tiède à demi- froide
Nous nous touchons presque, nous serons aux deux bouts du monde
La lune décroit les fleurs s’envolent
La coupe des adieux à la main les pleurs dans les yeux
Je dis : « Prends bien soin de toi »
Torturée par ma souffrance je ne peux le laisser partir
« Bon voyage ! Que s’ouvre pour toi le plus beau des avenirs ! »