APC 123 Poèmes des Ming

Poèmes des Ming ( XIV°- XVII° siècles ) :

Je bois bien deux pichets de vin
Je bois seul
Je ne vois que le bleu-vert des trois pics
Les berges du fleuve sont des brumes azurées
Les nuages sont formés par les dragons respirant

*

La longue route est escarpée
L’humain est las le cheval a faim
Le riche vieillard ne vaut pas un jeune homme pauvre
Rien ne vaut un retour même difficile
Des traînées de brume s’enfuient
je suis perdu dans la campagne
J’expédie vers le ciel ma chanson triste

Le grand fleuve vient du coeur des monts
Un mont se dresse tel un dragon
Fleuve et dragon rivalisent
Comment écarter la mélancolie qui m’oppresse ?
Ayant goûté un vin généreux sur la grande terrasse de la ville murée
Je contemple l’immensité Il me semble voir les temps antiques
Combien de cavaliers oseraient franchir les eaux grondantes
Au pied des murailles de pierre ?
Le fleuve bleu barré de chaines de fer ne restera pas infranchissable
L’herbe pousse dru sur les palais anciens
Que de batailles ont rougi les eaux froides !
Un Ming vient apaiser les choses
Le fleuve bleu n’est plus une frontière

Majestueuse est la suite du dignitaire
Les Mongols sont partis
Les plus vieux des vieillards revoient les bonnets traditionnels
Quand les nuages s’écarteront vous arrêterez votre cheval

*

Je rencontre un bûcheron ivre
Il porte de travers un casque de fer
Et une calebasse de vin
 » Mes pas ont foulé les chemins du monde humain
J’ai étudié l’escrime et les lettres sans aboutir à rien
Mes ancêtres montaient sur les nuées
J’ai coupé par hasard l’arbre d’immortalité
L’immortel dans la lune ne s’est pas fâché
Le corail est broutille de bûcheron
Je regarde un autre bûcheron jouer aux échecs
Je vieillis Vaine est la gloire
Si j’inscris des vers c’est pour gagner mon vin
Mon pinceau ivre répand son encre parmi les humains
La nuit le vent et le tonnerre suscitent d’étranges lueurs

*

La lune semble à portée
Elle est aimable on souhaite la retenir
Les montagnes bleues se renversent dans l’eau des douves
Les lotus en fleur embaument le lac
La cloche sonne
Les lanternes s’éteignent
Je n’arrive pas à dormir
J’écoute les poissons et les crabes s’ébattre dans les joncs