APC 130

Un paysan soupire L’année est mauvaise
Les puits sont à sec ils sont pourtant creusés dans un étang
Des vols de sauterelles recouvrent le ciel
La famille est mise au travail des champs
Les impôts augmentent sans cesse
Le mandarin écarte d’un geste le paysan
Le percepteur vêtu de molles fourrures
Par l’étroit chemin vient réclamer l’argent à cheval

*

La brouette a droit à une balade à une ballade
Elle grince et soulève la poussière
Le mari pousse la femme tire
 » Les feuilles d’orme trompent notre faim
Nous cherchons un pays où vivre ensemble d’un peu de riz »
Le vent souffle sur les roseaux secs
Une maison : « Peut-être cache-t-elle une bonne âme ? »
Ils frappent à la porte Personne
Leurs larmes coulent comme pluie

*

Sur les monts à la frontière
Les notes plaintives d’un cornet barbare
Le vent de la frontière est poussiéreux
Les soldats sont en campagne depuis dix ans
Ils ne montent pas sur la tour
Pour regarder au loin vers la patrie

*

Je suis bûcheron vous jardinier
Nous nous sommes confié nos peines
Je n’ose porter la hache au conifère vert
Les pluies ont gâté vos dernières pastèques
Notre labeur ne nous épargne ni la faim ni le froid
Chantons quelques vers au bord de l’eau