HEGEL : DIALECTIQUE DU MAÎTRE ET DE L’ESCLAVE – LA PHÉNOMÉNOLOGIE DE L’ESPRIT – PREMIER TOME – TRADUCTION DE JEAN HYPPOLITE, AUBIER-MONTAIGNE, PARIS, PAGE 161
Nous proposons à notre habitude, une translation ( traduction-adaptation ).
III ( Maître et esclave ) – a) – ( La domination )
Ce que nous appelons maître n’est autre que la conscience pour soi.
Mais cette conscience est en relation avec soi-même par la médiation d’une autre conscience.
Cette autre conscience est synthétisée avec l’être indépendant.
Le maître se rapporte à deux moments :
1 ) Il est moi et le moi égale moi
2 ) Il est pour soi par l’intermédiaire d’un autre
Ainsi le maître se raporte :
a ) Le maître se rapporte « immédiatement » aux deux moments, c’est à dire l’objet du désir, la « chose », et l' »esclave »
b ) Le maître se rapporte « médiatement » à chacun par le moyen de l’autre.
Le maître se rapporte médiatement à l’esclave par l’intermédiaire de l’être indépendant.
L’esclave a son indépendance dans la « choséité », l’état-chose de la chose.
Le maître domine ce qui est pour lui une puissance négative, cette puissance qui domine l’esclave.
Le maître se rapporte médiatement à la chose par l’intermédiaire de l’esclave.
L’esclave se comporté négativement vis à vis de la chose, mais elle est indépendante de lui. Faute de l’anéantir, il la transforme par son travail.
En même temps, le maître s’assouvit dans la jouissance, mais il abandonne l’indépendance de la chose à l’esclave.
Pour le maître le monde objectif est sans résistance, il est mou. Pour l’esclave ce monde, l’objet de son travail, est dur.
A un certain moment la conscience de l’esclave se supprime comme telle. Ce qui fait l’esclave, c’est l’opération du maître. L’esclave est inessentiel, l’essence est du côté du maître. A pris naissance une reconnaissance unilatérale et inégale.
Le maître est du côté de la conscience inessentielle, de la vérité dans la certitude de soi-même.
La vérité de la conscience indépendante est la conscience servile. Cette conscience est au départ refoulée en soi-même. il faut un renversement pour une véritable indépendance.
b) – ( La peur ) ( après a ) – la domination )
Il y a la domination, donc la servitude. La servitude est conscience de soi, donc en soi et pour soi.
Pour la servitude, le maître est l’essence.
La conscience du maître est pure négativité.
Le maître ressent la peur de la mort ; la mort, le maître absolu.
Le pur être-pour-soi est pure négativité.
En servant, la conscience devient universelle et réalise la négativité.
c) – ( Culture ou formation ) –
Le sentiment de puissance absolue est seulement dissolution en soi.
La crainte du maître est le commencement de la sagesse.
A ce stade, la conscience est pour elle-même, mais elle n’est pas encore l’être-pour-soi.
Elle vient à soi par la médiation du travail.
Le travail est désir refréné, disparition retardée : le travail forme.
Il manque au désir la subsistance.
Le rapport négatif à l’objet devient forme de cet objet lui-même.
L’objet devient permanent et indépendant. Dans l’opération formatrice s’exprime la singularité ou le pur être-pour-soi de la conscience.
La conscience travaillante en vient à l’intuition de l’être indépendant comme intuition de soi-même.
La conscience servante, comme pur être-pour-soi, devient à soi-même l’étant.
Elle supprime la forme qui lui est opposée. Cet élément négatif et objectif est l’essence étrangère devant laquelle la conscience a tremblé. En détruisant ce négatif étranger, la conscience, dans l’élément de la permanence, devient pour soi-même quelque chose qui est pour soi.
Autrement dit, la conscience servile avait l’être-pour-soi dans le maître. Le maître faisait peur. En faisant l’objet, la conscience servile se crée son propre être pour soi qui ne lui fait plus peur.
Pour le maître la conscience servile a l’être-pour-soi comme autre. Dans la peur l’être-pour-soi est dans la conscience même. Grâce à la formation, l’être-pour-soi devient l’être propre de la conscience.
La forme extériorisée ne devient pas pour autant la conscience travaillant un autre qu’elle. Cette forme est son pur être-pour-soi qui s’élève ainsi à la vérité.
La conscience servile, se découvrant elle-même par elle-même, devient sens propre.
Sans le service et l’obéissance, la discipline qui les accompagne, la peur reste formelle. sans la formation la peur reste intérieure et muette.
Si la conscience n’a pas éprouvé la peur primordiale absolue, son sens propre est vain.
Quand tout le contenu de la conscience naturelle n’a pas chancelé, cette conscience appartient encore en soi à l’être déterminé, le sens propre est simple entêtement d’une liberté qui réside dans la servitude.
On aboutit à une habileté particulière qui domine quelque chose de singulier, mais ne domine pas la puissance universelle et l’essence objective dans sa totalité.