APC 138 Chine éternelle ?

Je me réveille la lune s’abaisse
J’ai perdu mon chemin en rêve
Le monde pousse l’humain vers la vieillesse
Moitié chant du coq matinal moitié hennissement de mon cheval

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Un pêcheur est sur le lac
Sa barque penche vers l’eau pure qui coule sur le sable
Au delà du crépuscule un chant de batelier
Plus près les fleurs blanches des roseaux
La carpe grossit
Il faut vendre le poisson
Le pêcheur est muet
Il frappe l’eau de sa rame
Il est parti soucieux

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Un sabre vient du Japon
Il a la forme du dragon
A la poignée on a serti la perle du serpent jaune
Le sabre est alliance du métal et du feu
Parfois le sang d’une victime a l’éclat du brocart pourpre
Les têtes sont légères comme papier qui vole
Mais ce qui est précieux en Chine ce n’est pas un sabre
Que son maître à poil roux le conserve !

*

Les grondements du fleuve ont englouti les adieux
Les vagues en furie couvrent les champs
Sur la berge de sable c’est l’heure des crocodiles
Léger comme une feuille un esquif rase les flots brumeux
Je m’appuie tour à tour aux douze balustrades
Soudain volette une pluie fraîche
Le paysage m’emplit les yeux de mélancolie
Mes mèches s’embrouillent
Je murmure des vers
J’embouche la flute de fer
Je m’en retournerai juché sur une grue jaune