Ballade du damoiseau
Sabre précieux poignée de l’arc en jade
Cheval à selle brodée
Il brandit sa cravache
Il parade fier de son talent d’archer
Air de morgue et de vaillance
Depuis l’enfance il connait la cour
Soldats et vieux généraux se font tuer dans les terres lointaines
*
Sur les flancs d’un mont une route en sept lacets
j’ai le coeur noyé de rêves
J’entends des eaux qui pleurent
Elles murmureraient des adieux
Flots de sang aux yeux des voyageurs
Chargés de leurs sanglots
Lourds et sans fin
Le pipeau barbare frissonne à minuit
Le vent des frontières se lève
Nulle tristesse n’est plus triste
*
Un homme faisait paître un cheval appuyé sur son épée
Titre d’une peinture célèbre
Epée et cheval ont coûté cher
Dix ans il aiguisa l’épée dont il ne se servait pas
Chez lui il fait paître le cheval sous un roc
Il rêve au brocart aux blanches fourrures de renard
Il se montrait ceint de ses deux épées-dragons
Avec plein de morgue
Tout humain a son destin
Il serait vain d’en discourir
Il portait sa barbe noire cornue comme un dragon
Il arbore des cheveux blancs
Il ne peut attendre que sa tête ait des cornes
Il semble regretter d’avoir en vain tiré le sabre
Ne voyez-vous pas par tous les temps les revers et les succès s’engendrer dans la bourrasque ?
Ici on trouve encore un chasseur de tigre
On ne sait pas qu’il est un grand général