Ma porte de chaume s’ouvre bien
Je la laisse fermée
Je n’aime pas que la mousse verte soit piétinée
Le printemps est enfin arrivé
La brise tiède apporte des bruits étouffés de la rue
Ma femme penchée sur un livre ancien
Me questionne sur de vieux caractères
Mon fiston souhaite une goutte de vin
Il fait déborder la coupe
Si j’avais un verger je planterais
Des prunes bleues et des prunes vertes
Je bois pour m’amuser
Je n’ai pas le temps pour être triste
Je sais que les livres anciens ne savent à rien
Je me suis enivré devant un sapin
Je lui ai demandé ce qu’il pensait de mon ivresse
Il s’est noblement penché pour me soutenir
Je l’ai repoussé : « Fiche-moi la paix ! »
Quand j’étais jeune j’ignorais le chagrin
J’aimais monter au sommet de la tour
J’y compose des vers pleins de tristesse
Déclinant au fil des années j’ai connu le chagrin
Je n’ose plus en parler
Alors je dis : « Quelle belle journée ! »