Il s’agit d’un autre monde
La nuit noie ce qu’elle veut
Il n’y a pas de mariages délicieux
Mais il y a des moments délicieux
La mémoire ne devient pas vendetta
Si tout va bien
La mémoire devient histoire
De qualité si cela se peut faire
Les héros sont modestes
Leur postérité est infinie
Elle monte jusqu’au ciel
Je ne suis pas héroïque
Les ventriloques parlent de science du tendre
Le diable a un jardin charmant
Les forces sont libres
Si elles ne s’enferment pas
Le travailleur remplaçable
Finit par être esclave
Nous avons tous des tunnels clandestins
Loin du logis pour le réduire en cendres
Il est difficile de marcher les deux pieds devant
Ma maison est l’antichambre de ma mort
Les efflanqués se ressemblent
Ils ignorent le grand requin blanc
Dans les cimetières les ossements
Se rassemblent et se ressemblent
L’histoire se voue aux ossements
Surtout ceux qu’on ne mit pas en terre
L’histoire se voue aux archives
Les archives sont bien présentes
Nos présences sont archivées
Par je ne sais qui
La puce et le pou ont une belle attitude
Tout n’est-il pas brouillard, froid, larme ?
Les corbeaux sont pathétiques
Rien n’est monstrueux sauf l’humain
Il n’y a ce jour que des têtes d’enterrement
J’ai hérité d’un rhume permanent
La maladie est-elle perpétuelle ?
Elle est immortelle
L’amour n’est pas un mal
L’amour n’est pas une maladie
L’amour est une revanche de la vie
Qui se termine mal en général
Tapons du pied La danse est joyeuse
La grandeur historique n’est pas souveraine
Elle est du côté des petites choses
Et des petites gens
Il ne reste de l’histoire que de petits papiers
Certains crimes sont hypnotiques
Beaucoup d’astuces servent de marque-page
Je préfère les vers courts
Le bagne est un guêpier
Tu te contentes de peu
L’université n’échappe pas à la règle
Je marche à mon pas
Le génie n’est pas remplaçable
Le génie n’est pas remplacé
J’aime le milieu
Je préfère le milieu
Ma falaise est en plâtre
Elle dure pourtant depuis des siècles
Les circonstances n’apprennent pas grand-chose
Ne te contente pas de rester auprès de ton âtre
Le granit est plus fort que le plâtre
Sauf si ne subsiste que ce calcaire blanc
Dans ta tête il y a du plomb
Et bien d’autres choses en somme
Le coeur ne doit pas être une copie conforme
Ce qui est permis au corps
A tout prendre le coeur n’est qu’un bas morceau
Sauf qu’il est aussi émotion et sentiment
De la pente des piteuses cabanes
Dévalent des chiens fous
Qui viennent nous saluer
Ils nous prennent pour des amis
Nos paysages sont pauvres
Après le passage de la tempête
S’appauvrir non
Ne pas s’enrichir c’est possible
Le vent étouffe le mémorial
Il transporte des fumées humaines
Je change homme en humain
Les hommes sont à peine la moitié des humains
On n’est jamais que les valets des peuples
Mais les peuples ne savent pas ce qu’ils veulent
Ils croient toujours que c’est à eux qu’on en veut
Rien n’est plus narcissique qu’une masse populaire
On n’est bien que dans ses murs
Quatre murs c’est peut-être une prison
Claquemuré je ne saurais
Libre prisonnier peut-être
Je ne joue pas de rôle particulier
Je voulais être un sage retiré
Prendre le soleil à condition qu’il y en ait
La retraite n’est pas oisiveté
Je n’aime pas trop avoir le choix
Entre moi toi et les autres
Penser ce n’est pas choisir
C’est multiplier les opportunités
La carte se met en quatre
Tout se réduit à deux
Il n’a pas de vérité unique
La dualité est prémonitoire
Ma jambe droite est en bois
Le phénomène est naturel
Je souhaite parfois l’anonymat de la tombe
Sans rien qui tombe
La gratitude est trop rare à mes yeux
La gratitude ouvre les yeux
Sans gratitude on ne voit que les mauvais côtés
Pas de souverain sans serviteurs
Je réponds de ma vie et de mon existence
J’ai la bouche pleine de mots populaires
L’humain nouveau est plein d’existence
Lui il ne se plaint pas trop
Nous avons affaire à des personnages
Quand rencontrons-nous des personnes ?
Nous avons des avenirs uniques
Et des futurs multiples ?
Que signifie tout ça ?
La mort c’est zéro
La force est une bonne raison pour l’emporter
Nous sommes tous des irresponsables
La poésie est nécessairement concrète
Je le dis et le redis
Je me suis mis dans une sale situation
Le plan primordial est géométrique
Qu’en est-il des animaux dans notre civilisation ?
Tout est contradictoire
Nous sommes des contradictions en acte
Personne avec qui passer un pacte
On largue de la nourriture et des médicaments
Qui ramassera tout ça ?
Je suis nu je n’ai rien à donner
Même pas ma bonne volonté
La vie est parfois une belle vacherie
La vie n’est pas un musée
Elle ne se met pas au musée
Les musées sont bons pour des vies qui sont mortes
Ils sont bons pour la mémoire
Il y a des souvenirs qu’on n’évoque pas
Aucun souvenir n’a compté les morts
Sans mémoire nous ne vivons pas
Un souvenir est une bataille
Les batailles se terminent, pas les guerres
Qui lira ces poèmes ?
Il ne faut pas être fou on ne peut pas être sage
Il est dommage qu’il n’y ait pas de mage
Je ne voyage pas pour de vrai
Croyez que je le regrette
Je porte mon fardeau
Il s’agit de quelques seaux d’eau
L’humain est mémoire
Mémoire maladroite mais souveraine
Nous sommes obligés d’anticiper
Sans pouvoir prévoir
Je suis militaire dans l’âme
Je ne suis pas militariste
J’aime l’ordre et l’autorité
J’en connais quelques lacunes
Il faut bien connaître la nature pour la détruire
Nous pouvons tous parler
Sans savoir quoi dire
Sans savoir ce que nous disons
La guerre ne se regarde pas dans les yeux
Tout est reconstructible
Qu’avons-nous construit ?
Certaines fins sont heureuses
Tout début s’évanouit
Il n’y a pas de cause absolue
On fusille des humains
Donc des poètes
Les animaux sont des cobayes
Que nous le voulions ou non
Nous aussi sommes des cobayes
Sans savoir pour quoi faire
Un projet scientifique peut être odieux
Nos villes sont expérimentales
S’informer d’abord, réfléchir ensuite
Il y a des solutions sans qu’elles soient bonnes
Questionnons, il en reste toujours quelque-chose
La forme scientifique est rarement poétique
On désintègre ? Ou on carbonise ?
J’aime chanter et danser avec vous
Nous devons sortir de la nation
Tout en la respectant par ailleurs
On peut être conservateur le matin
Libéral le soir
Le tigre est violent sans le vouloir
La vache ne veut de mal à personne
Agir est dangereux
L’absence d’action est dangereuse
Généralement il n’est pas nécessaire de tuer
On tue trop tard ou trop tôt
La révolte elle-même doit prendre son temps
La rébellion peut être critiquable
Les bonnes histoires ne font pas rire le mal
Elles résument trop pour être honnêtes
J’aimerais tant que la vie soit vivable
Mon existence est existentielle
Je suis bon Du moins je le crois
Je suis honnête C’est vrai
Je suis intelligent ça dépend pour quoi
On se revoit quand tu veux
Je marche seul avec toi
Je refuse l’isolement
La solitude est une amie
Mais jamais avec n’importe qui