CGU 27

Il est des nuits de doutes et de ténèbres
Mon nom ne survivra pas parmi les noms célèbres
Jeté sur l’aire l’épi éclate frappé des fléaux
Les humains m’ignorent

L’ange de l’inquiétude
M’interdit l’étude
La sueur est amère de l’esprit
Additionné de vin noir

Le jour est blême où jaunit ma lampe
L’aube est lente à l’éveil
Les échos sont discrets
Je dédaigne une plainte aussi lâche

Je reprends avec force ma tâche
Je me demande si je ne sens pas
Sur ma tête une couronne non
Mais un casque d’une autre planète

CGU 26

Nombreuses sont celles qui se tordent
Sur le lit des maternités douloureuses
La mémoire des humains est souvent dure
Il s’y brisent derechef

L’art est vain La vie est brève
La nature médite
Et son génie associant ce qui existe
Crée les ogives et les oedipe

Dans quantité de lettres l’amour ment
Les roses sont sèches
La poésie est périssable
Des torches courent dans les miroirs

Les ombres sont pourchassées
Par le vol rouge
Mais le brasier s’obscurcit
Des esprits qui s’enflamment pour s’éteindre

CGU 25

Mon coeur à l’amour revient obstinément
La pensée est une maîtresse amère
Tu te vendrais pour ajouter un grain d’or
A ta vaniteuse beauté

Les lits se sont fermés
Les bagues de cette femme sont démodées
Elles sont identiques à mes plus chères idées
Sous le fard s’accuse le squelette

Ma maîtresse est impassible et muette
Mon oeuvre vieillit d’heure en heure
Un apprenti poète crie sa douleur
Les orgueils sont vaincus

L’aveu est hautain
La voie est rude
Le labeur est sans joie
Mon esprit est un un désert

CGU 24

J’ai tenté la gloire Elle n’a pas voulu de moi
Elle soupire aux vers qu’elle murmure
Ecarlate elle sourit faiblement
Sa robe est comme ailée

Ma forme s’est évanouie
Comme une ombre du passé
Les formes organisent l’univers
Elles sont l’univers sensible et intelligible

Une fille au son pur
Je ne sais où soupire
Je vois Les pensers pensifs
Au ciel se sont enfuis

Mon coeur plaint sa solitude
Sous les berceaux ombreux
Les murs sont sombres et rudes
Je n’ai pas l’habitude

CGU 23

Je gis sur le passage
Des lois et des oisons
Suis-je toujours un brouillon ?
Les feuilles sont racornies

La nuit nous couvre de cendres
Les premiers feux rient dans la chambre d’amour
Les ombrages s’élargissent à loisir
Nous avons deux tilleuls dans la cour

La volupté se tait
L’orpheline pensive en qui mûrit l’essence
A un moment ou un autre
Nous sommes des orphelins

Ton pâle visage n’est pas celui d’une morte
Je salue ici la cohorte des amours mortes
Ton âme est tendre Ta sagesse est précoce
Je parle comme un rongeur songeur
Sans eux qui nous lirait ?

CGU 22

La maison découpe son toit noir
J’ai le casque venu d’ailleurs
Je suis revenu de tout
Je me traine encor c’est tout

L’ardeur estivale est morose ce matin
Un oiseau chante quelques notes solitaires puis s’en va
Tout est lourd
Dans la stupeur de l’air un oiseau revient

Le grand jardin est paisible en agonie
Une rose rouge est un soleil couchant
Le temps est un robuste faucheur
L’esprit altéré se goûte entre les mots

L’esprit assoiffé se boit entre les pages
Les fruits sont substantiels
Les meilleurs jeux sont sonores
Les parfums s’évaporent

CGU 21

Tout chante tout est pur
Tout chante tout est impur
L’un et l’autre sont vrais
Ou faux

Le jour est bon le soir est bleu
L’encens flotte à terre tel un voile
Tout simple reflet d’astres allumés
On revient chargé d’une expérience de vieillard

L’azur est pur
il se charge aisément d’ombres multiples
Il oppose un front ferme aux effluves salés
Il est horrible de ne pas aimer

Être vieux c’est ne plus avoir grand-chose à perdre
C’est avoir beaucoup à raconter
L’essentiel est de garder la vie
La mémoire précise et claire a disparu
Plus rien n’est su par-coeur

CGU 20

Notre terre est un dragon
Notre loi doit être d’éviter les conflits
Autant qu’il est possible
Apaise-toi et joue de la harpe

Chaque humain est un moment éternel
Sa marche est inlassable
L’humanité est-elle éternelle ?
Je ne le pense pas J’en doute

Dans la vallée il est des enfants rieurs
Chaque maison brille de ses balcons en fleurs
Le rêve intérieur me ramène
Aux souvenirs des mondes révolus

L’AUBE AUX DOIGTS DE ROSE
Eveille le monde aux choses bariolées
Ses baisers sont mouillés
Les papillons sont pris pour des fleurs

CGU 19

Une mouche s’attaque aux seins de marbre
Des noms entrelacés sont gravés sur les arbres
Les chemins n’offrent pas d’écho au bâton qui tatonne
Personne n’ose déchirer une rose

Le feu est vivant dans l’âtre
Je crois y voir un instant
Un papillon écarlate
Je suis mûr pour ce moment

Vous aussi vous atteindrez l’âge
D’être volage en idées
Et en esprit
La fleur au sein nacré
S’embrase au parfum d’une rose

L’âge se pose et se repose
Est fini le temps des jeux nouveaux
Le corps se déglingue gentiment
Je me refuse à de nouveaux sentiments

Je me promène sur le bord murmurant
D’une page sans désespoir
La page est une plage lue
Dans l’océan des mots

CGU 18

Les groupes sombres
Donnent leur image confuse du repos
Beaucoup plus loin s’écroulent dans l’ombre
Les formes vagues des troupeaux

Il est certain que ça peut être drôle de vieillir
Il y a plein de menus accidents
Dont certains qui agacent les dents
Le vieillissement demande beaucoup d’attention
Moi je dors énormément

Ce brave jour !
Il renverse son flambeau dans l’océan
Ses sanglots sont salés
Ils sont faits pour s’entendre ces deux-là

Les brouillards sont nocturnes
L’humanité sans loi vieillit dans l’amertume
LE SOLEIL EST À SON ZÉNITH
Les peuples déchus se crurent immortels