FGV 32

Diésel souriait
Il y eut de nombreuses haltes
On s’en allait vers le soleil occidental
Comme en déroute

L’heure était grave l’ombre déjà m’étreignait
Les parfums se modifiaient
Ce n’était pas l’éveil du lendemain
Je ne me souvenais plus des chemins

La route a ses tournants et ses heures
Je naissais d’elle comme un fils
Pour quelques jours sans fin
De la mort sourd l’éternité

La certitude triomphe
La fleur est pure
Le vent rythme ses phrases
Sans emphase

FGV 31

Nous foulions des feuilles sans nombre
Diésel parlait
Dans la nuit sans souffle et sans étoiles
Seule sa voix vivait

Il n’était pas vraiment beau
il était gentiment charmant
Les oreilles collées sur le front
Sa voix en paraissait plus belle

Ne ferme-t-on pas les yeux oyant un air ?
Pour y voir clair
Qui l’oyait croyait rêver
De songe certes mais d’ailes

On n’osait tout croire mais on croyait
Le passé s’estompait au lointain d’hier
Sans écho comme un voile sur la vie
La ténébreuse s’éclaircissait

FGV 30

Sa haine était sereine et sans retour
Comme le fut son seul amour
Il était pâle avec un sourire
Sa gaité était étrange

Sa voix si douce dans le rire
Démentait la raillerie
Son effronterie
Faisait rêver de ses paroles

Il n’usait pas de ses pouvoirs
Sauf de son chant odieux malheureux
Joyeux jusqu’à l’âme dit-on
Il chantait très bas

Il était des nôtres ce soir
Affaissé et mélodieux
Revenant d’une chevauchée
Las et joyeux

FGV 29

Il connaissait le secret du hasard
Il avait lu quelques livres savants
Il aimait parler des déserts
Où il n’avait pas mis les pieds

Il aimait boire
Il était vif et vain
Avide de plaire
Triste et gai dans la même heure

Il jouait de l’éventail
A l’épouvantail
il marchait seul parmi les humains
Il était doux et sans amour

La tristesse le suivait comme son ombre
En compagnie de vieilles pensées
Grises comme une brume
Il chantait

FGV 28

Le ténor avec sa traîne triste
Avec sa voix de sucre et d’ambre
Révoltait le monde
Et l’enchantait
Son nom : Yago Diésel

Le voyage est lointain
Du côté de l’aurore
La fille riait pour nous railler
Il en fut ainsi Chacun dit moi

Pas à pas
Par fausse route et route vraie
Jusqu’au trépas
La procession fait son effet

Le soleil sonne comme une rime
Volontaire et trébuchante
L’exode des vivants
Se poursuit sur la terre entière

FGV 27

Mon négoce porte sur l’ambre et les épices
Un vieillard échange des ors étranges
Au gré des vents propices
Comme lors de sa jeunesse

Il marche calme dans le tumulte de la foule
J’ai le sentiment de me tromper encore
Nous errons comme des pèlerins
Pourquoi éclatons-nous de rire ?

Les heures étaient douloureuses et douces
Nous avons ri de notre rire le plus clair
Meilleur ou pire
Le vieux mourut au point du jour

Il a béni sa vie dans la mort même
Elle était souriante encore que désolée
Elle était le symbole de la joie humaine
Les funérailles mènent à la folle journée

FGV 26 La chevauchée de Diésel

Nos montagnes sont des orgues
Rutilantes et malicieuses
Les soirées de juin sont sans nombre
Elles chantent à qui mieux mieux

Rares sont ceux qui chantent comme le printemps
Ce sont des oiseaux
Diésel était encore vivant
Vieillard chevelu

Hors du cercueil
Il gambade encore
Dans ce pays plantureux
Au sein d’une foule bigarrée

Des vaisseaux partent vers tous les cieux
Les voiles claires fièrement sont hissées
Carthage est encore un port
Comme en riant

FGV 25

Le vin saigne
La route poudroie
Les saisons en habits de fête
Tournent et tournoient

La vie et la mort se renvoient la balle
Depuis combien de temps déjà ?
La neige prend des libertés
Ta mère travaille-t-elle encore ?

Fasse que ton âme soit forte !
Pour autant qu’elle ne soit pas faible
Mais fiable
Comme un dirigeable !

Tu auras des rêves vastes !
Il n’y a pas de nuit pour les astres
L’ombre est en toi
Oublie la défaite qui est toi

FGV 24 Chansons de route

Tu es la fiancée du mauvais sort
Amour tu n’es pas vierge
Tu ne mérites pas un cierge
De la part des faux croyants

Notre chanson est brève
Toute promesse est vaine
As-tu pensé que tes lèvres sont douces ?
Pour peu de temps

Tu me parles d’une voix lointaine
Il n’y a plus rien à dire
Ta vision m’étreint d’un rêve d’éternité
La mort de mes vanités

Que se passe-t-il demain ?
Je n’en sais jamais rien
Ta voix signifie-t-elle quelque chose ?
Je me sens tout chose

FGV 23

Toutes les batailles de la vie ne sont pas sonores
Tu te bats sans bruit
Tu voulais mourir sans bruit
Être au sein de la mort la vie

La vie est mystère
Hors la pluie et le vent
Il faudrait aimer le rêve de la terre
C’est une belle histoire

Tu repousses la vie offerte
La haine d’or de la horde
Est bordée de désespoir
La foule se refoule

Hurle la mer des pleurs
Il y a bien longtemps que je voulais mourir
Pâle ton regard vague
Vogue vainement vers la vanité