Hommage à Charles d’Orléans

Charles fut prince et poète au XV° siècle :

J’apprends juste que Charles est mort
Ce n’est pas Charles de Gaulle ni Charlot
Ce n’est pas l’oncle Charles de mon enfance
Il serait mort en France il y a longtemps
Mais où sont les neiges d’antan ?
J’y suis : Charles d’Orléans !
Le prince poète qu’à tort on déclara mort et enterré
Beaucoup n’en firent pas une affaire
Quelques uns déclarèrent leur haine
D’autres un deuil de courtoisie
Ceux que je préfère eurent de la peine
Charles répondit : « Encore est vive la souris ».

Hommage à Elskamp

Max Elskamp fut passionnément lyrique vers 1900 :

Je suis le cheval noir de votre légende
Je ne suis pas un cheval en bois
Je ne suis pas de bois
Une centauresse a pour moi des appas
En elle j’aime autant la femme que la jument
Je suis un cheval sauvage
J’ai le coeur gros de nuages
Gros de cygnes de crapauds de rideaux aux fenêtres
Je ne suis pas un geai couvert de plumes
Ma famille n’a pas de portes
Elle est là où le galop l’emporte
La solitude est le sort furieux que j’assume

Hommage à Jean Richepin

Jean Richepin fut très authentique au XIX° siècle :

Le maroufle, le gueux
Couvert de sombre
Côtoie l’ ombre
D’une nuit maudite
Sur un chemin poudreux
Ses souliers éculés et ouverts
Ne le portent plus guère
Dans ce chemin creux
Il ne passe pas une âme
Le gueux poussiéreux
Est poursuivi par la nuit
Encor jeune le gueux
Est déjà vieux
La bête maudite le guette

Hommage à Saint-Paul Roux

Saint-Paul Roux fut un gamin avant :

Cette eau file vive, lisse
Elle est onde Elle devient ondine
Elle inclut l’azur son sourire glisse
Elle m’enjoint de la nommer
Onde vraie onde première
Onde lumière onde candide
Onde innocence qui traine
Onde des ombres diaphanes
Onde plume d’ange
Onde exil de l’idée
Onde pluie d’avril
Onde de tes pleurs
Onde comme une étoile qui cligne
Onde du soleil faisant le paon
Onde fraiche comme un poupon
Onde mélange de mésange et de fillette
Onde bohémienne et lavandière
Onde pierreuse et religieuse
Je salue tous tes yeux
La paume de ta main
L’éclair niché dans tes cheveux
La clarté de ta musique au petit matin
Oh ! Eau !

Les derniers hominiens

René Ghil, actif vers 1900, m’a inspiré quelques images :

Les hommes des forêts d’autrefois
Gardaient précieusement le feu
Puis ils surent l’allumer
Prudents ils cheminaient
Avec des silex pour tuer

Dans leurs yeux vides
Des astres restaient immobiles
Ils redoutaient les étoiles rompues
Qui tombaient parfois en éclats

Ils ne jugeaient pas que le vent
Cesse avant qu’ils ne meurent
Cette humanité débile
Avait du mal à imaginer
Autre chose que ses peurs

L’astre déclinant et rouge
Leur annonçait leur destin
Pris entre le roc et la boue
Ils craignaient la mer
Sans fin sans but

La nuit était selon eux la Forme suprême
Suprêmement inutile
Seuls comptaient le jour les silex le feu
Quelques bêtes et quelques plantes
Et eux bien sûr

Hommage à Bertran de Born

Bertran de Born était troubadour aux alentours de 1200 :

Je n’aime pas les riches
Je leur montre mes miches
Or je n’aime pas les marches sans marquis
Les duchés sans duc
Les royaumes sans roi
Les empires sans empereur
Où sont les héros de jadis ?
Lancelot ou Duguesclin
Le roi Arthur ou Charles V
Charlemagne ou l’empereur jaune de Chine
Où sont les riches galants et prodigues ?
Les riches sachant aimer ?
Rien n’est pire qu’un riche avaricieux
Sinon un riche vicieux
On a le droit de rêver
D’une société sans pauvres ni riches
En attendant, que les riches se rendent utiles !

Uruguay

L’Uruguay, petit pays d’Amérique latine, de moins de quatre millions d’habitants, était naguère surnommé la Suisse de cette région du monde, avec une seule grande ville, Montévidéo, un peu comme la Hongrie avec son Budapest. Normalement on ne devait guère en parler. Puis il y a eu la guérilla urbaine des Tupamaros, la dictature militaire, le retour à la démocratie…
Ces derniers temps l’actualité de l’Uruguay est beaucoup plus souriante. Son président démocratiquement élu, José Mujica, ancien guérilléro, refuse les fastes de sa fonction, reverse la plus grande part de son indemnité aux pauvres, vit dans une ferme loin du palais présidentiel. Il y a plus, les autorités uruguayennes viennent de décider la légalisation du cannabis sous contrôle de l’Etat. Une officine de l’O.N.U. vient de s’en offusquer.
Le cannabis pose un problème comparable à celui de l’alcool aux Etats-Unis du temps de la prohibition qui a considérablement augmenté le gangstérisme, le crime organisé, symbolisé par le nom d’Al Capone. Le cannabis est disponible partout au service de réseaux maffieux. Il s’agit là d’une formidable hypocrisie sociale. Il vaudrait mieux légaliser le cannabis sous un contrôle strict et en confier la commercialisation en France aux buralistes, aux débits de tabac qui verraient là une manne inespérée.

Pause

Il est difficile de ne pas prendre la pose
De ne pas adopter une posture
S’épancher se répandre
Vive le mouvement qui dérange
Qui mélange les lignes
Vive le mouvement qui ajoute
La troisième dimension
Le sexe ou la beauté
Etre ou ne pas être
Etre ou devoir-être
Etre et devoir-être égalent beauté de l’être
Tout est dans le temps
Savoir morale émotion
Je mets tout dans mon blog
Mon blog c’est moi
Tu blogues ou tu blagues
Même le temps ne peut être poussé à bout
Mon blog s’appelle Montaigne
Je suis un joueur, donc je ne joue pas
Une journée de plus, un pas de plus vers la mort
Un pas de plus dans la vie
Un pas de plus vers la vie
Médiocrité, banalité, telle est ma devise
Je souhaite être médian
Je ne connais pas mon profil ontologique
Soyons logiques
La vie est un puzzle
Pour lequel nous ne disposons que de quelques pièces

Hommage à Victor Hugo ( 2 )

Maîtres du temps du soleil levant
Du mois d’avril du monde vivant
Je vous salue jeunesses éternelles
Soyez joyeux soyez beaux soyez belles
Soyez jeunes enfin soyez fous
Défiez vous de tout ce qui n’est pas vous
Des vieillards qui se prétendent sages
De la foule grisâtre au morne visage
Des richards qui sont fiers de leurs sous
Des pauvres qui ne pensent qu’aux sous
Défiez-vous méfiez-vous soyez vous mêmes
Chantez dansez Soyez l’emblème
De l’avenir qui sourit en entrainant vos rêves
Ne craignez rien soyez heureux sans trêve
Soyez fins généreux ne soyez pas envieux
Ne trainez pas avec vous les tares des vieux
Soyez amoureux aimez la vie sans vice
Travaillez Soyez laborieux Aimez la justice
Sur le socle de la jeunesse préparez l’âge mûr
Aimez vous les uns les autres soyez purs
Les femmes sont fréquemment victimes de leur beauté
Elles le sont aussi de leur bonté
Elles ont pudiques elles sont érotiques
Garçons soyez fiers de ces êtres mythiques
Soyez vous aussi les mythes de la jeunesse
Elle nous bâtira un bel avenir de liesse

Hommage à Théophile ( 3 )

Nous aimons bien Théophile de Viau :

Les vents épousent les vagues
Un corbeau croasse
Les flots séduisent la lune
Une ombre passe
Elle s’appelle Galimatias
Tout se tient tout correspond
L’un hulule et l’autre pond
L’un est vulgaire et l’autre rond
L’abeille se sert de la rosée
Pour nous donner le miel
Les rochers se fendent
Pour retourner au ciel
Les arbres sont fertiles
Même quand ils sont en bois