Hommage à Mörike

Eduard Mörike est né en 1804 :

Dans quelle forêt grandit mon sapin ?
Dans quel jardin pousse mon rosier ?
Je compte les planter sur ta tombe
O mon doux cheval noir
Deux petits chevaux
Noirs comme toi
Gambadent dans la prairie
Ils conduiront ton corbillard
O mon doux cheval noir

N.B. : Le « doux cheval noir » est apparu le 17/10/2013.

Hommage à Platen

August Wilhelm von Platen est né en 1796 :

Tu contemples la beauté tu meurs
Seul un dingue peut espérer vivre avec la beauté
La douleur de l’amour est sans fin
Tu aimerais te tarir comme l’eau d »une source
Tu respires la mort dans le parfum des fleurs
Mais l’amour est plus fort
Tu aimes la beauté

Hommage à Keats

John Keats, né en 1795, est un immense poète auquel j’ai la témérité de m’attaquer :

Les roseaux desséchés empèchaient les oiseaux de chanter
J’ai rencontré une fille aux cheveux longs
Elle me regardait comme si elle m’aimait
A un moment elle poussa même un gémissement
En me berçant elle m’endormit
Je rêvai d’un vampire un ami
Il criait : Méfie toi
Cette fille est un vampire
Je me réveillai en sursaut
La fille était partie
Je n’avais rien au cou
Mais depuis j’erre
Pâle et solitaire
Bien que les roseaux et les oiseaux
Chantent après la pluie

Hommage à Eichendorff

Joseph Freiherr von Eichendorff est né en 1788 :

Le ciel avait embrasé la terre
Je ne pouvais rêver que de toi
Les blés ondulaient sous le vent
La forêt était silencieuse
Sous la nuit d’étoiles
Je déployais mes ailes
Au dessus des calmes campagnes
Je rentrais chez toi et moi

La guerre

« Si vis pacem, para bellum », si tu veux la paix, prépare la guerre. La politique des Etats est fondée sur ce principe depuis l’époque romaine. C’est sur lui que le général de Gaulle a fondé sa dissuasion nucléaire à laquelle je me suis rallié en 1965. Nous sommes pacifiques, pas pacifistes.
A notre époque l’impérialisme est économique, mais des dangers subsistent. La Chine privilégie son développement interne et il y a de quoi faire. Mais elle est déjà présente en Asie centrale et en Afrique. Pour l’instant il n’y a pas de quoi s’inquiéter. De plus personne ne conteste sérieusement la domination chinoise sur le Tibet.
L’islamisme radical est terroriste, mais il est insignifiant sur un plan strictement militaire. Les combats sont dits assymétriques parce qu’une force immense se heurte à des attentats perpétrés par des petits groupes.
L’impérialisme économique n’est pas tendre. La guerre économique fait rage. Les pays émergents, surtout le Brésil, la Chine et l’Inde, sont de plus en plus concurrentiels. Saluons ici les succès de la Corée du Sud.
Je me souviens de mon inquiétude quand De Gaulle a lancé son « plan-calcul ». Tout ne peut pas dépendre de l’Etat. La révolution informatique a été pour l’essentiel le fait d’individus. Maintenant la guerre informatique fait rage.
La guerre habituelle est de « races », ethnique, tribale, de « classes », de nations … La guerre est le sale de l’homme. Il n’y a pas de guerre propre. Pour que la guerre endémique dans l’espèce humaine disparaisse, il faudrait la plus importante des révolutions jamais connues, la révolution libérale et libertaire, lib-lib, la révolution socialiste et mondiale fondée sur un formidable réseau informatique.

Hypocrisie

L’hypocrisie est une vertu. Impossible de sortir sans porter un masque. Même entre nous on doit faire attention pour ne pas blesser, ne pas être ridicule… On ne ment pas nécessairement, sinon par omission… Toutes ces attitudes relèvent de la politesse. La politesse est une vertu, pas une petite vertu, une grande. Elle sert tous les jours, elle rend possibles les rapports sociaux. L’hypocrisie n’est pas simplement un hommage du vice à la vertu, comme l’analysait La Rochefoucauld. Elle est hommage des vertus fondamentales à l’apparence, l’apparence nécessaire qui caractérise les êtres humains. Il ne suffit pas d’être, il faut encore paraître. L’hypocrite était dans la Grèce antique un acteur de théâtre. Les artistes n’ont pas épuisé, loin de là, la question du paraître de l’Etre. Terminons sur le fait que l’hypocrisie est l’un des visages de la tolérance.

Les gens

« Ils sont gentils, les gens », m’a dit un jour un bon copain un peu pédant. Plus tard il a refusé de lire nos livres. Nous ne l’avons pas revu. Certains collègues me doivent leur carrière. J’ai eu droit à l’ingratitude d’abord et, de la part de certains, au mépris ensuite. L’ingratitude est, semble-t-il, normale comme le prévoyait Louis XIV. Moi même je n’ai pas forcément remercié comme il le méritait le professeur Jacques Droz qui m’a fait entrer à la Sorbonne. Le mépris est à la mode. Les intellectuels aiment bien se mépriser les uns les autres. Il y a là des problèmes de fond qui sont de l’ordre des moeurs et non des lois. Ces mauvaises moeurs contribuent à la crise morale qui se développe en France à l’heure actuelle.

1914

La commémoration du centenaire de la première guerre mondiale a commencé en fanfare, mais en réduisant le conflit aux patries, aux peuples, aux nations. C’est oublier que ces phénomènes ont une base économique, comme il est normal, sans tomber dans un marxisme simpliste. Le concept fondamental est celui d’impérialisme, peaufiné par Lénine. Pendant trente années de croissance le capitalisme, devenu monopoliste aux Etats-Unis et en Allemagne, est devenu de plus mondial, terme qui aurait été inventé par le kaiser Guillaume II. Les « oligopoles » se partageaient et se repartageaient le monde. Les Etats ont augmenté cette tendance. Toute une idéologie belliqueuse, nationaliste, voire belliciste, l’a envenimée. Tard venue au colonialisme la jeune Allemagne impériale se sentait lésée par rapport aux nantis, la Grande-Bretagne et la France… En dépit des efforts d’un Jaurès, première victime de la guerre, la grande boucherie était difficilement évitable. Jules Guesde, marxiste convaincu, a fait partie du premier cabinet d' »Union sacrée » en 1914…

La langue française

La langue française a eu tout à fait normalement une histoire compliquée. Encore simple créole au IX° siècle comme nous l’avons vu avec la cantilène de sainte Eulalie, dès le XII° siècle elle était une langue littéraire comme nous l’avons aperçu avec la comtesse de Die. Riche et fluide, elle était peu fixée. Après la purification menée entre autres par Racine et Voltaire elle était peu poétique. Le romantisme et les romanciers du XIX° siècle ont remonté la pente.
Toute langue utilise des termes étrangers. L’important est que la syntaxe ne soit pas affectée. Le franglais actuel est moins menaçant que le français simplifié des S.M.S..
Plus grave est la disparition, depuis la mort de Sartre en 1980, d’une philosophie à la fois respectée par ses pairs et ouverte au grand public. Plus grave encore est depuis la mort de René Char en 1988 la disparition d’une poésie de renom.
En 1948 le français était sur le plan international quasiment à parité avec l’anglais. Aujourd’hui dans l’Union Européenne, en dépit des bouderies du Royaume Uni, l’anglais est la principale langue de travail. Les jeunes chanteurs français choisissent de plus en plus l’anglais pour s’exprimer.
Faut-il désespérer ? Pas le moins du monde. Encore faut-il lutter ! Avec du talent, pas par des oukases. Il est possible que la crise s’aggrave. Il n’y a aucune honte à apprendre l’anglais, si possible pas un pauvre langage basique, mais la langue de Shakespeare.

Zoo

Il y a très longtemps au Jardin des Plantes à Paris j’ai vu un gorille dans une petite cage. Il m’a regardé avec un air d’une tristesse infinie. Je suis content que l’art des zoos n’ait pas cessé de progresser depuis lors. Il peut arriver que les zoos soient le dernier refuge pour des espèces en voie de disparition. Particulièrement scandaleuse me parait être la quasi-disparition des rhinocéros parce que des jean-foutre en Chine accordent un pouvoir aphrodisiaque à la poudre extraite de sa corne. On tue un rhinocéros pour lui prendre sa corne.