Beauté

Après le vrai et le juste, le beau est l’irruption d’un ordre nouveau, certes mélange de vrai et de juste, mais tout à fait autre chose. La beauté ne se définit pas, elle se ressent. Elle est différente suivant les cultures, les civilisations. La beauté est subjective. Rien ne compte autant que la diversité de la vie. Cependant un accord général se produit devant beaucoup d’oeuvres d’art en dehors du snobisme, des conventions. Le sourire de la Joconde comme celui de l’ange de Reims ou celui, légèrement esquissé à force de profondeur, de certains sages bouddhistes, touche à l’universel. A part ça, pensez ce que vous voulez.
De fait c’est à toi de créer la beauté ne serait-ce que par ton regard.
Au fait, tu te trouves beau ( ou belle ) ?

Question

Foin de la philosophie dogmatique ! Vive la philosophie questionnante !
L’histoire impose une culture que peu d’historiens ont.
La question est une torture.
Pour moi la philosophie dogmatique commence avec Aristote. C’est dire qu’elle a ses lettres de noblesse. Un esprit distingué m’a même traité d’aristotélicien.
Tout va mal, mais ça pourrait être tellement pire.

De sable et d’or

De sable et d’or sur champ de mines
Aperçu de dragon
Menaçant la reine
Oriflamme artisanal
Qui broute le pré vert
Je suis confus
Rien ne va plus
Il faut remonter
L’horloge du chagrin
De sable et d’or sur champ de mines
Le sable est noir

N.B. : En héraldique sable signifie noir.

Hommage à Tristan L’Hermite

Tristan L’Hermite, début XVII° siècle :

Je fus
Je suis une plante en bateau transformée
J’ai grandi sur une montagne, je vogue sur les eaux
J’ai logé des oiseaux, j’abrite des matelots
J’ai converti en rames mes rameaux
Et mes feuillages en voiles
J’ai toujours le front proche des étoiles
Mais je suis un jouet pour les quatre éléments
L’air devenu vent me crève la voilure
L’eau devenue mer m’entraine dans son sein
Un feu devenu incendie me brule soudain
Le pire est que ces éléments conjugués
Me trainent vers la terre où je viens m’échouer
Je ne suis plus

Eclectisme

L’éclectisme n’a pas bonne presse. Victor Cousin, son thuriféraire officiel au XIX° siècle, est traité d’esprit superficiel par des jean-foutre. On peut certes le taxer d’idéalisme. En fait personne n’échappe à l’éclectisme, héritage d’une histoire compliquée et diverse. Il serait peut-être temps de refuser les dogmatismes divers dont l’affrontement est stérile quand il n’est pas nuisible. Il est grand temps de reconnaître que nous n’en savons pas assez pour nous imposer une pensée unique. Ceci est particulièrement vrai de la métaphysique et de l’ontologie qui tiennent pourtant notre destin si elles existent.
Pas d’éclectisme sans scepticisme. Mais le scepticisme ne doit pas se muer en nouveau dogmatisme. Douter de l’existence de quelque chose ne signifie pas que ce quelque chose n’existe pas.
Je suis pour ma part éclectique et fier de l’être.

Instances

Selon Dhoquois toute société humaine fonctionne selon cinq instances sociales. Voici leur présentation schématique :
_ La production, en termes modernes l’économie, à la base de tout. Si elle n’est pas dominante, elle est déterminante.
_ Le politique, en termes modernes la politique. Elle ne se réduit pas à la production même quand elle cherche à organiser celle-ci.
_ L’idéologie, en termes anciens la religion. Elle propose le corps de valeurs et d’idées dont le corps social a besoin.
_ La parenté, en termes modernes la famille. Elle organise les rapports Homme- Femme en vue de la procréation.
_ La communication, en termes anciens le langage, nécessaire pour le fonctionnement de chaque instance.
Toutes ces instances jouent les unes sur les autres, s’interpénètrent dans des ensembles historiquement complexes.

Les morts

Pourquoi crois-tu que nous pratiquions des rites funéraires ? Pour expulser les morts de nos vies, qu’ils cessent de nous embêter. C’est aussi pour qu’ils reposent en paix. Nous avons peur de la mort, nous craignons les morts. L’ambivalence de nos sentiments par rapport aux vivants se retrouve dans notre attitude vis-à vis des morts. Ce serait terrible qu’ils reviennent, probablement pour nous tourmenter. De cette terreur nous tirons des films, des mythes modernes ( ou modernisés ) tels les morts-vivants, « the walking dead », les vampires tels Dracula, Nosferatu… Les esprits les moins religieux se délectent de ces histoires qui réveillent des pans entiers de leur imaginaire. En anglais Phantasm signifie aussi bien fantasme que fantôme. Les fantômes n’existent pas, nous les faisons exister.

Réalisme

Le rythme ternaire de la pensée est décidément important. Nous allons en donner un nouvel exemple avec le réalisme, le conceptualisme, le nominalisme. Qesaco ?, vous dîtes-vous dans le charabia qui vous est cher.
Le réalisme. Là par contre vous pensez savoir ce que c’est. Vous vous trompez de beaucoup. Le réalisme ici est celui de l’école platonicienne, il s’agit du réalisme des idées qui existent pour elles-mêmes et par elles-mêmes, transcendantes par rapport à notre expérience.
Ce réalisme particulier appartient à la « querelle des universaux », c’est à dire la querelle des concepts, du statut des concepts, qui agita la scolastique médiévale, scolastique chrétienne qui culmina dans l’oeuvre de Saint Thomas d’Aquin au XIII° siècle, fondamentale dans le catholicisme. Nous les athées, les sans-grade, nous aurions tort de sous-estimer la richesse de cette réflexion collective.
Thomas, lui, était conceptualiste, c’est à dire tenant de la pensée d’Aristote qui jugeait que nos concepts organisent notre expérience.
Plus tard, au XIV° siècle, Guillaume d’Occam proposa que les concepts ne soient que des mots dont nous affublons les choses, d’où le nominalisme.
J’attribue pour ma part ce statut de mot, de simple mot à la matière ou à l’inconscient. Je suis par ailleurs plutôt conceptualiste. Mais je suis attiré par la pensée du franciscain Saint-Bonaventure.
Nous ne sommes pas prisonniers du chiffre Trois. Par exemple la philosophie classique de l’Antiquité se divisait en cinq écoles, le Lycée de Platon, l’Académie d’Aristote, le Jardin d’Epicure, le Portique des stoïciens et enfin l’irréductible scepticisme.

Laïcité

Un quatrième terme s’ajoute officieusement à la fameuse devise républicaine. On devrait désormais dire : « Liberté, Egalité, Fraternité, Laïcité ». La laïcité à la française désigne la neutralité religieuse de l’Etat dans un esprit de tolérance. Nul ne peut être poursuivi pour ses opinions sauf si elles poussent au crime, en particulier par haine raciale. Nul ne doit souffrir de ses origines…
Ce statut de la laÏcité provient malheureusement de l’échec de la fraternité. Si celle-ci l’emportait largement, il n’y aurait nul besoin de mettre en exergue la laïcité, celle-ci restant indispensable au plan juridique. Dans l’étape actuelle de notre histoire, l’appel à la laÏcité est fondamental.
Il me revient que le Québec fait face actuellement à ce grand problème, pour sa « charte des libertés », alors que son histoire est très différente, influencée par le vieux droit français ( la coutume d’Ile-de -France ) et les pratiques anglo-saxonnes, par un fort pouvoir catholique jusqu’à la « révolution tranquille » des années 1960, par une réelle volonté d’indépendance depuis les années 70…