Ermite

Au début des années soixante-dix j’étais plein d’énergie, je débordais de projets. A la fin de l’année 1980 je vieillissais, je grossissais, l’université, que j’avais contribué modestement à fonder, en dix ans avait vieilli d’un siècle. C’est alors que je me suis découvert une vocation errémitique que j’ai clamée devant quelques proches en expliquant qu’il s’agissait désormais pour moi d’être plus ou moins un ermite.
Ce blog est le résultat de cet engagement et de cette solitude. N’ayez crainte, ma solitude est peuplée comme le montre aussi ce blog. Certains, pour s’épanouir, ont besoin d’être plus ou moins seuls, seuls mais pas trop.

N.B.: « Rien de trop », deuxième adage delphique. J’ai déjà cité le célèbre : « Connais-toi toi-même ».

Paradis

Le paradis est là où je suis. L’univers est là où je suis. L’enfer aussi.
La femme aime sortir, l’homme aime rentrer. Notre enfer est pavé de lieux communs.
Nous méritons notre sort. Vivre, c’est accepter ses échecs.
Rien ne t’est dû. Tout est acquis.
Ne sois pas bêtement indépendant.
L’espoir n’est pas le contraire du désespoir.
Tout ce qui est grand est rare.
Le combat est vital. Tout combat est vital. Encore faut-il qu’il soit vécu.
Tous les fleuves vont à la mer.
Vive la tautologie !
Porte la contradiction.
La bipédie est une monstruosité.
Il n’est pas terminé le temps de la bêtise.
Comme le suggérait Wittgenstein, dis ce qui peut être dit.

La grenouille et le boeuf

La grenouille en caleçon mauve
Et béret rouge
Chante et danse
Sur un air de banjo
Les grenouillettes
Lèvent la cuisse
Pour sauter
De ci de là
Le boeuf émerveillé
Revêt son blouson
De cuir noir clouté
Il chante et danse
Sur sa guitare électrique
Les génisses
Au tendre regard humide
Se joignent à la gigue
Les grenouilles guillerettes
Eclatent de rire
Elles s’éclatent
C’est le boeuf mironton
Ton ton tontaine
C’est le boeuf mironton
Ton ton tonton

La môme

Edith Piaf a enchanté mon enfance. Elle m’a fait deviner quelque chose de la passion de l’amour. Cette grande chanteuse était une grande amante. Elle était aussi une fille des rues. Dans les ruisseaux des villes chantent les faux bleuets et fleurissent les vraies bluettes. Le soleil dans le caniveau, c’est aussi la farouche volonté d’amour chez les déshérités, ce qui reste quand tout a disparu dans la misère et dans la haine. Il me plait que cinquante ans après sa mort la môme Piaf soit toujours aussi vivante.

Impérialismes

En dehors de l’esclavagisme antique, l’impérialisme, depuis Lénine, désigne la forme suprême du capitalisme qui est la nôtre. Il faut cependant noter que le capitalisme est impérialiste par essence comme l’était l’esclavagisme antique, c’est à dire qu’il se développe aux dépens des anciens modes de production. Ceux-ci ayant quasiment disparu, le capitalisme a besoin de nouvelles « frontières », de fronts pionniers, de défis technologiques pour son expansion. Actuellement l’informatique, dont l’usage se généralise, offre cette opportunité.
Le « M.P.A. » ( mode de production asiatique ) tend à la stabilité, interrompue par des crises politiques, reconstituée ensuite, en Chine d’une dynastie l’autre. Quand il le peut, il pratique un expansionnisme auquel il n’y a pas de nécessité structurelle. Le capitalisme est déséquilibré par sa course éperdue au profit.
Les revenus prélevés normalement par la plus-value, transformés en profit, sont fondamentaux, mais leurs taux ne sont pas très élevés, menacés par une baisse tendancielle du fait de la concurrence. Depuis une vingtaine d’années les fonds de pension américains sont leaders dans l’exigence de dividendes importants qui déséquilibre les marchés. Seuls les secteurs de pointe où les prix n’ont pas encore atteint leur moyenne, leur étiage, supportent cette charge.

Brève histoire raisonnée des sociétés humaines

Au début était le communisme, en quelque sorte négation primitive des sociétés ultérieures, composée de petits groupes errants de chasseurs-cueilleurs
Puis le développement technique, par exemple l’invention du feu, suscita des groupes plus importants avec des débuts de chefferie fixe et de religion. Les hommes se spécialisèrent davantage dans la chasse et les femmes dans la cueillette. Ce fut le mode de production communautaire.
Celui-ci fut mis en cause par l’invention de l’agriculture et de l’élevage qui entraina une sédentarisation progressive. Dans certaines régions, l’Etat apparut accompagné du clergé. Le primat de la propriété collective, de l’impôt, de la « servitude généralisée » caractérise cette ère que nous appelons des « formes asiatiques ». La plus visible est le « mode de production asiatique » appelé à la stabilité en partie grâce aux grands travaux, par exemple d’irrigation. Moins évident est le mode de production sub-asiatique qui conserve l’Etat et les communautés de base.
Moins évident encore est le mode de production para-asiatique où l’Etat entre en contradiction avec ces communautés, ce qui le rend peu durable. Sa dislocation en Grèce antique amena le primat de l’esclavagisme à titre privé.
Système impérialiste*, l’esclavage s’effaça au profit du féodalisme, fondé sur la propriété privée et le servage qui fixe les paysans au sol. Le développement de l’économie marchande suscita l’apparition du capitalisme fondé sur le salariat. Sur les marges et entre les mailles des grands modes de production à exploitation de classe subsiste et se recrée le mode de production des petits producteurs à base d’exploitations familiales.
Aujourd’hui le capitalisme est mondial.
* Incapable de forcer ses esclaves à se reproduire suffisamment, l’esclavagisme devait se les procurer à l’extérieur.

N.B. : Le féodalisme japonais est sorti directement du para-asiatisme.
2° N.B. : Chronologie approximative :
Vers 200 000 avt J.C. : Hégémonie de l’homo sapiens sapiens
Vers 10 000 avt J.C. : Invention de l’agriculture et de l’élevage dans le Croissant fertile entre Méditerranée et Euphrate
Vers 3 000 avt JC : Invention de l’Etat en Egypte, puis à Sumer et en Chine
Vers 1 500 avt JC : Tentative d’imitation para-asiatique à Mycènes ( Grèce )
Vers 450 avt JC : Hégémonie de l’esclavagisme athénien
VIII° siècle : Le Japon imite la Chine
XI° siècle : Le Japon et l’Europe occidentale sont soumis au féodalisme
XVIII° siècle : Débuts de la révolution industrielle en Angleterre

L’histoire la plus courte de l’univers

Il n’y avait rien. Il y eut quelque chose.
Ce quelque chose explosa donnant naissance à des milliards de galaxies qui comptent chacune des milliards d’étoiles.
Cet univers continue son expansion.
Dans la galaxie que nous nommons Voie Lactée une étoile de deuxième grandeur que nous appelons soleil est entourée d’un système planétaire.
La terre n’est ni trop près ni trop loin du soleil. Elle est principalement couverte d’eau.
La vie y est apparue sous la forme d’êtres unicellulaires.
Elle s’est développée, donnant naissance aux végétaux et aux animaux.
Un petit animal, proche du singe, a débuté une longue évolution vers l’humain tel que nous le connaissons.
N.B. : Comment se fait-il que de rien puisse naître quelque chose ?

Vanité ( s )

Les maximes qui suivent sont un premier hommage à La Rochefoucauld ( édition de 1678 ) :

Nos qualités et nos vertus ne sont qu’un assemblage.
La vanité est flatterie que nous nous adressons.
La vanité est si vaste et si répandue que nous n’en connaissons jamais qu’une petite contrée.
La vanité est comme une passion naturelle qui séduit plus que la vérité.
La vanité la plus raisonnable peut être la plus dangereuse.
La vanité est souvent indestructible.
La vanité produit par calcul son contraire, la modestie.
La vanité perce sous ses voiles.
Il nous arrive de souffrir davantage de la réprobation de nos goûts que de celle de nos idées.
Les humains oublient généralement les bienfaits dont ils ont bénéficié et même cherchent à se venger de leurs bienfaiteurs, surtout quand ils ne peuvent pas leur rendre leurs bienfaits.
L’indulgence est souvent politique par crainte, par paresse, par vanité, voire un mélange des trois.
La modestie chez une personne peut être désir de dissimuler l’importance de ses qualités.
« Nous avons tous assez de force pour supporter les maux d’autrui ». ( La Rochefoucauld )
La crainte d’envisager la mort donne une forme de courage.
La plus belle philosophie ne triomphe que des maux absents.
Peu de gens connaissent la mort.
Certains ne sont grands que de la force de leur ambition.
Le soleil et la mort peuvent se regarder en face, c’est la vie que nous ne regardons pas en face.
A part quelques âmes sincères, nul n’ose avouer qu’il est envieux.
C’est parce que nous avons des défauts que nous remarquons ceux des autres.
La vanité est la panacée qui nous empêche de souffrir de nos imperfections.

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Le troisième terme

Nous réduisons tout à l’unité. Elle se dérobe, se dissimule, est définitivement occultée. Par facilité, nous aimons un monde bidimensionnel, une image plate, éventuellement mouvante, sans doute facile à déchiffrer. Vive la profondeur, la troisième dimension ! Le mouvement prend toute son ampleur, mélange les lignes, ajoute le désordre, lié au sexe, à la naissance, à la beauté, mais aussi à la maladie, à la mort, à la laideur…
Nous tous, tels que nous sommes, nous mêlons savoir, morale, émotion.
Liberté, égalité, c’est beau et contradictoire. La liberté, individuelle et collective, trouble, menace l’égalité, elle-même complexe, affectée par l’inégalité des talents. La fraternité, couronnant le tout, devrait établir l’harmonie.
Dans un autre ordre de valeurs, la foi, la charité ( l’amour ), l’espérance mélangent leurs grandes capacités, en particulier dans le christianisme.
Pour parler autrement, sur un autre plan, Etre + Devoir-Etre + Beauté de l’Etre = ?, le secret, le mystère de nos existences.

Lueurs

Loin des brumes lugubres d’un passé détesté
Tu fleuris au bord d’une mer apaisée
Même si des bourrasques soudaines et violentes
Et surtout les longues tentes du brouillard triste
Interrompent sans danger ta démarche saccadée

Tu ignores les crabes qui marchent de côté
A l’image de nos petites histoires
Tu préfères le homard
Sa longue carapace ses yeux pédonculés
Ses antennes de soie
Et surtout sa chair blanche
Onctueuse délicieuse

Enfin tu ris quasiment délivrée
Même si nous savons que le noir souci
Relèvera la tête mais pour si peu de temps
Nous savons que tes grisailles
Annoncent le soleil