Détestations

Je déteste le Culte de la PERSonnalité
Je déteste le Culte
Je déteste la PERSonnalité
Je déteste le Cul
Je déteste la PERSonne
Je déteste le C
Je déteste la PERSe

J’adore les yeux PERS
De la déesse Cultivée

Hommage à Desnos

Tu prends la première rue à droite.
Tu suis le quai.
Tu passes le pont.
Comment font les arbres
Pour être propres dans l’eau ?
Tu frappes à la porte.
Le géranium est rouge.
Le 24 passe le pont.
Le soleil est là
Malgré l’eau qui s’écoule.

Chemin de fer

Des poissons rêvent
Dans les compartiments verdasses.
Le contrôleur, les cheveux émaillés
Comme une crête de dragon,
Contrôle les titres
Des poissons qui attendent
Les transports en commun
Tandis que le calmar
se balance en chantant,
De ses longs doigts recourbés
Agitant un baromètre.
Ô la douleur des baromètres,
Qui attendent en vain que les calmars se calment !
Les poissons espèrent en paix
Que les bancs soient des banquets.
On fera longtemps banquette,
Dit un rouget sournois.
Les murs ne sont pas des bicyclettes et vice-versa.
Les chaussettes des poissons sont belles,
Ce sont tulipes sur la mer cueillies.

Enigme

Le nénuphar
des lisses étangs
d’or au soleil
Se marie ravi
Au ciel de narcisses ivre

Le nénuphar
des vertes inquiétudes
s’est donné faux marié
à la fleur des tempêtes
Enigme morte grave à l’ombre grêle

Nez nu phare

Kukuk

Le kukuk
Fait des trucs
Avec son machin

Le kukuk
Fait des trucs
avec le voisin

Le kukuk
Est un cuduc
Pour les crétins

Le kukuk
N’aime pas les bucques
Dessus ton sein

Le kukuk
Est un trouduc
Qui ne sert à rien

Le kukuk
Aime le kikik
Qui ne l’aime pas
Soi disant

Le kukuk
Et le kikik
Sont du sexe féminin
Ou du sexe masculin
Comme on veut

Leçons de l’Histoire

Il n’y a a pas à proprement parler de leçons de l’Histoire. Notre liberté peut toutefois en trouver une ou deux.
La première sera probablement la reconnaissance de la nécessité. Transportons nous en rêve sous le règne d’Akhénaton, en Egypte au XIV° siècle avant le Christ. Que ferions-nous, enserrés dans un réseau illimité de moeurs et de manières ? Le meilleur serait peut-être d’abord le respect. Le mieux serait ensuite, probablement, de travailler à l’amélioration, socialement acceptable, des forces productives, déterminantes en dernière instance de l’Histoire. Pourquoi pas creuser quelques puits ? Améliorer les voiles des felouques ?
Ne SUR-estimons pas l’effet papillon. Le fait que je vous écrive bouleverse certes le monde par une série infinie d’effets en chaine. Mais le système dans lequel nous vivons reste intact. Les péripéties ne sont pas la structure.
Grousset condamnait Périclès pour l’impérialisme athénien. Mais celui-ci était la conséquence de la démocratie afin qu’elle rémunère les citoyens pour services rendus. Cependant l’impérialisme nuisait aux alliés d’Athènes et renforçait l’hostilité des cités continentales, avec à leur tête Sparte. D’où la guerre du Péloponnèse et la défaite d’Athènes. Périclès avait raison au prix d’une catastrophe. Pour grand qu’il ait été, Périclès ne prévoyait pas l’avenir réel.
Mettons nous à la place de John Locke, à la fin du siècle des révolutions anglaises, le XVII° siècle. Allons nous proposer le socialisme ? L’histoire est une science du possible qui craint l’anachronisme. Le Royaume Uni reste un modèle. Les dernières révolutions utiles sont bourgeoises.
Chaque époque a son programme. A nous de le réaliser pour le meilleur et malheureusement pour le pire ! L’Histoire est peut-être bien une suite progressive de systèmes historiques aboutissant à l’avenir au socialisme. Le présent n’est pas le futur, mais peut essayer de le préparer, grâce principalement à une certaine lucidité intellectuelle. Il nous faut donc tirer avec prudence des leçons de l’histoire, savoir humain sur l’Histoire.
N.B. : Ce texte est dédié à Régine.

Chant

J’aime ce chant funèbre
Il évoque ma vie d’homme
Une pauvre vie d’homme
Des tracas des faiblesses
Des lâchetés des haines
Un bel et tenace amour
Une pauvre vie d’homme
J’aime ce chant funèbre
Ceux qui leur vie entière
Sont comme des paysans sans terre
Me ressemblent mieux que des frères
C’est toujours un peu la mienne
Une pauvre vie d’homme

L’islam

Les gens qui n’aiment pas les musulmans ne les connaissent pas. Il est difficile de trouver autant de cordialité, d’humanité que chez eux. Leurs femmes elles-mêmes, en dehors de leur fréquente beauté, sont pleines de volonté et d’énergie.
Je dois avouer que les meilleurs étudiants de ma carrière sont ceux que j’ai eus à Alger après l’indépendance.
L’islam est une grande civilisation, complexe et multiple. Son apport à la Civilisation humaine est fondamental. De même que, sans renier mes convictions, j’étais attiré par le jansénisme dans le christianisme, je fus séduit par le mutazilisme dans les débuts de l’islam parce qu’il insiste sur la responsabilité humaine.
A partir du XIII° siècle de l’ère chrétienne, du VI° de l’Hégire, le monde musulman était relativement affaibli, en partie du fait des invasions mongoles, mais surtout à cause des premiers succès de l’Europe occidentale, en dépit des réussites ultérieures des Ottomans, des Persans, des Grands Moghols de l’Inde, de miracles de poésie dont Hafez est le plus connu, quoique l’Occident ait définitivement perdu Jérusalem, mais en 1492 il avait reconquis la totalité de la péninsule ibérique.
Aux XIV° et XV° siècles il valait beaucoup mieux être juif en territoire musulman qu’en Europe occidentale où cela devenait impossible. Mahomet n’a-t-il pas promis la tolérance à ceux qu’il appelait « les peuples du Livre » ?
A la fin du XVIII° siècle le monde musulman a commencé d’apparaître sous-développé par rapport au monde qu’on appelle occidental. Cette situation, contraire à celle qui prévalait mille ans auparavant, est provisoire. Mais elle persiste encore.
Les Occidentaux ont violenté le monde musulman par leurs armes et leurs techniques. Ces temps sont révolus. Mais il en reste quelque chose.
Le « Printemps arabe », à partir de 2011, a été un formidable espoir. Mais il a été confisqué par des islamistes bornés, soi-disant modérés, qui ont laissé faire les salafistes, islamistes extrémistes, et qui, en Egypte, inquiètent la plus vieille communauté du pays, pré-islamique, celle des chrétiens coptes.
La vieille opposition entre sunnites et chiites se radicalise en ce moment. Un danger de plus.
Le monde musulman a beaucoup de mal à sortir de son Moyen-Âge qu’il confond avec lui-même. L’islam est dangereux comme tout monothéisme car il se prétend aisément seul détenteur de la vérité.
« Allah akbar ». Dieu est grand. Certes. Mais il est scandaleux qu’on lui fasse dire n’importe quoi. Les pires ennemis d’Allah sont les islamistes fanatiques, terroristes. Il est inacceptable que l’on prête à Allah le refus de la démocratie.
Dans le monde musulman, comme partout, la libération de la femme est la condition de celle de l’homme. Le Prophète a demandé aux hommes comme aux femmes de s’habiller décemment. Rien à voir avec le port obligatoire d’un voile souvent très laid.

Foot féminin

Le plaisir particulier que me procure le football joué par de jeunes femmes est que je retrouve des copines, des camarades de jeu comme de vie. La différence sexuelle est toujours là, mais elle est en retrait, n’a pas d’intérêt immédiat.
Le costume sportif convient parfaitement aux filles comme aux garçons. De loin on ne reconnait la féminité que grâce aux queues de cheval.
Mon père m’emmenait au stade, j’ai un peu joué, avec un petit succès. Le foot reste le seul sport que j’ai un peu pratiqué, avant le vélo et le judo. Son souvenir m’aide certainement à me rapprocher des footeuses.

Poésie

Nous l’avons dit, la poésie est le plus difficile des genres parce qu’il combine la musique et le sens, la musique des mots et leur sens. Il est mille fois plus délicat que la prose. Verlaine a le mieux exprimé cette vérité dans son « art poétique » : « De la musique avant toute chose… « . « Prends l’éloquence et tords lui son cou ».
Dès le XV° siècle Charles d’Orléans montrait des qualités analogues :  » Le temps a laissé son manteau / De vent, de froidure et de pluie ».
Même Jean de la Fontaine s’éloigne apparemment de son éloquence pédagogique, non sans malice, par exemple dans « La jeune veuve » :  » La perte d’un époux ne va point sans soupirs, / On fait beaucoup de bruit ; et puis on se console ».
Pendant ce temps la chanson populaire développait ses trésors : « Oh, j’ai vu, j’ai vu ! Compèr’, qu’as-tu vu ? ».
La poésie romantique française du début du XIX° siècle parait inférieure à ses modèles allemand et anglais. Citons cependant Musset : « J’ai perdu ma force et ma vie, / Et mes amis et ma gaîté; / J’ai perdu jusqu’à la fierté / Qui faisait croire à mon génie ». Nous n’oublierons jamais le Hugo de la deuxième partie du siècle.
Un miracle s’est produit avec Baudelaire. La poésie française est devenue la meilleure du monde. Nous ne citerons pas Rimbaud 🙁 « mon paletot aussi devenait idéal » ), mais Mallarmé :  » Au seul souci de voyager / Outre une Inde splendide et trouble » et, pourquoi pas ?, Laforgue : « Un couchant des Cosmogonies ! / Ah ! que la vie est quotidienne… ».
Outre le délicat Toulet ( … Quand l’ombre est rouge sous les roses,…  » ) et bien d’autres, Apollinaire s’impose : « Les souvenirs sont cors de chasse / Dont meurt le bruit parmi le vent ».
Le mouvement a continué avec le surréalisme et d’autres, dont René Char ( « Le marteau sans maître » ), mais, depuis quelque temps, comme en philosophie et en musique dite sérieuse, il s’épuise.