( Ir ) Responsabilité

Tu n’as pas choisi de vivre. Tu n’as pas choisi tes parents, ni le lieu, ni le moment de ta naissance. Tu es arrivé dans un monde qui te surplombe de toutes parts, de l’intérieur, de l’extérieur. Tu es radicalement dépassé. Tu es prisonnier d’une malédiction. Tu n’es pas responsable de ce qui devient un destin.
Mais cette malédiction est la tienne. Depuis la rencontre hasardeuse d’un ovule et d’un spermatozoïde, seul toi es essentiellement atteint par les événements qui te concernent. Plus tu avances en âge, plus tu prends des décisions qui modèlent ce qui devient ta destinée. Tu es aussi coupable des coups du sort qui t’accablent parce qu’ils ne concernent véritablement que toi. Tu ne peux qu’assumer ce que tu es, ce que tu es devenu.
Tu es pris entre destin, fruit d’une fatalité à bien des égards évidente, et destinée, fruit d’une liberté dans une certaine mesure paradoxale.
D’un côté tu es irresponsable, de l’autre tu es responsable. D’un côté tu n’es pas du tout responsable, de l’autre tu l’es totalement.
Il va de ta dignité d’assumer tes responsabilités. Tu as droit à d’éventuelles circonstances atténuantes.

Babord tribord

Tu es obligé de tirer des bordées.

Hétéro-Clite souhaite que ses formules évoquent les mystérieux messages envoyés de Londres par la
Résistance pendant la deuxième guerre mondiale :

Les fantômes du doute suscitent le scepticisme.

Le misanthrope n’échappe pas à l’histoire porteuse de différences.

L’ontologie même pragmatique se défausse sur les symboles.

La vertu est contradictoire.

La vertu est la responsabilité essentielle, il convient qu’elle reste imaginative.

La vertu ne se décrète pas.

L’ontologie vertueuse est dubitative.

Le doute, s’il reste théorique, risque la misanthropie.

L’humanité sait tout ce qu’elle doit savoir.

Il est terrifiant le mal que l’être humain peut faire à l’être humain.

Au lecteur de décider si Hétéro-Clite a remporté son pari ! Je crains que, contrairement à Platon, il ne soit trop transcendantal pour être transcendant.

Tableau de bord

Faute d’agir sur les faits, on peut le faire sur les mots :

Les fantômes surgissent aussi au nom de la philosophie.

Le doute est toujours relatif même s’il transperce le langage.

Le scepticisme véridique ressemble à un chat amoureux de la poésie.

La théorie est une provocation sous l’égide trop lointaine de Platon.

666 correspond actuellement, entre autres, au mariage de la démocratie avec son contraire, la démagogie.

Qu’aurait fait Alceste en 1792 sinon prononcer un discours ?

Notre condition historique oblige même les snobs à pratiquer la polysémie.

Nos principes ne donnent pas assez le droit à la différence et trop au présent.

Au milieu de tout l’ontologie ouverte au pragmatisme.

Mine de rien, Socrate propose un dépassement dans l’évolution.

L’hypothèse doit être symbolique de ta détermination.

Notre existence n’a d’avenir véritable que dans la vertu.

Les humains vont souvent deux par deux sans craindre la contradiction.

Exister est la preuve par neuf de la responsabilité.

L’imagination ne se réduit pas au sommeil.

La comparaison est raison.

N.B. : A travers les classes le livre tel un enfant passe

Parenté imaginaire

Toute parenté un peu lointaine est imaginaire.
J’ai rencontré un Sahraoui qui pensait descendre du prophète. Et pourquoi pas ?
Au Québec les filiations sont bien établies depuis le XVII° siècle grâce aux archives paroissiales. Ainsi notre ami, André Levasseur, descendait-il d’un lointain ancêtre qui appartenait au régiment de Cavelier de la Salle. Mais qui était cet inconnu ?
Je me suis inventé une manière de légende : homme du Nord certes, mais pré-celte et descendant par mon père de l’homme de Tautavel et par ma mère de la femme de Néerdanthal. Ajoutons un zeste de sang gitan et vous avez votre serviteur. Tout ceci est pure fabulation.
Nos ancêtres sont des fantômes dont presque tous ont définitivement disparu. Respecte les, ne leur accorde pas trop d’importance. Ce n’est pas aux morts de dicter leur loi aux vivants, loi du reste méconnue et mal connue.
Dans l’espèce humaine l’acquis l’emporte sur l’inné. Nous sommes les fils de nos oeuvres.

En avant, doute !

Le doute dont je parle est uniquement le doute raisonnable et rationnel , loin de la maladie de l’indécision qui atteint ceux qu’on appelait les douteurs.
Commence par le doute pour examiner les différentes facettes d’une situation concrète.
Tu escalades une montagne dont le sommet est enneigé, nuageux. Ce sommet est le doute.
Tu commences et tu finis par le doute.
Marx mettait ce doute dont je parle à la première place des qualités humaines.
Dans le doute agis. Le pire serait de se résigner à l’inaction. Méfie toi du doute prolongé, trop fréquent. Le doute est le meilleur et le pire.
Le doute doit être ta suprême pensée, pas forcément ta pensée de tous les jours.
Dialogue d’abord avec toi même pour inaugurer ton dialogue avec les autres, toujours imparfait, toujours inachevé, à poursuivre inlassablement.
Dans la cale est le doute, au sommet des mats aussi. Le doute est protéiforme, comme toi dans le moment présent et dans ton histoire.
N’oublie pas le doute, n’oublie pas de douter.

Catastrophes en série

Aucune catastrophe ne se suffit à elle-même, aucune catastrophe n’est seule.
L’histoire humaine est si catastrophique qu’elle rend carrément philosophe.

L’histoire n’est pas que catastrophe, même si son rapport à la mort est bon, inéluctable. Elle est incroyablement positive même si le négatif lui est nécessaire.

N’oublie jamais que, lorsque tu fais un choix, tu ne fais pas les autres choix. A cet égard tu peux te référer à Spinoza.
Les dialectiques du positif et du négatif sont multiples et quotidiennes.

Toute catastrophe a du bon. Sois philosophe, frangin, non pas au sens snob du terme, mais au sens premier d’amoureux d’une sorte de sagesse.

Aucune vie n’est une catastrophe pour elle seule.

Planètes, galaxies, univers

Il est possible que quelques planètes, sur les milliards que comprend chacune de nos galaxies, qui sont elles- mêmes des milliards, connaissent des formes de vie pour nous surprenantes, des associations d’ondes électro-magnétiques, des aurores pseudo-boréales, des pierres qui parlent, des montagnes qui marchent…
Il est même possible qu’existent d’autres univers.

Rupture politique

A la fin des années 80 je me suis dit que je n’avais plus d’amis à gauche et que je ne pouvais pas en avoir à droite.
A la fin des années 60 j’étais un gauchiste modéré, contradiction dans les termes ?
Dans la modération, il faut savoir garder la passion, loin des neutres et des pleutres.
Il n’y a pas de bonnes solutions, surtout pas a priori.
Il n’y a pas de bonnes solutions, il en est de moins mauvaises.
Sauf dans les cas extrêmes, il est possible d’améliorer quelque chose.
Tu ne peux pas douter de tout tout le temps.
L’idéal serait de ne pas juger autrui, enfin pas trop et de façon, si possible, positive.

Héraclite, Hétéroclite, Dhoquois

Mon pied est aussi grand que le soleil, constatation d’Héraclite.
Tout est relatif, constatation absolue.
Selon le philosophe grec, pré-socratique, on ne se baigne jamais dans le même fleuve. De façon moins évidente, Dhoquois juge qu’on ne se baigne jamais dans la même mer.
N.B. : De mauvais plaisants jurent qu’Hétéroclite fut le contemporain d’Héraclite.
Il reste que tout l’univers est nécessaire pour que tu soit possible, pauvre ver de terre.
Tu contiens l’univers en toi-même, y compris la diversité de ses temporalités.
Pourtant tu n’es presque rien.
Tu ne peux rien nier ni de l’absolu, ni du relatif.
Tu ne peux qu’être sceptique par rapport à ton scepticisme.
Rien ne t’est dû a priori.