Représentation

Nous sommes en représentation. Nous jouons des rôles, nous portons des masques. Mais qu’est-ce qui nous représente ? Les acteurs ? Les chanteurs ? Les journalistes, les enseignants, les prothésistes dentaires, chaque spécialité à des titres divers ? Les juges professionnels ? …
La division du travail s’est extraordinairement développée et ramifiée. Chaque partie continue à représenter le tout, mais partiellement, à sa manière, dépendant de la technologie, de la culture, de la mode, de façon sociologique … Le tout est émietté, la vision du tout l’est encore plus.
Peut-on imaginer que nous soyons tous au pouvoir à égalité, que le tout soit le tout et le représente ? Ce serait la démocratie, gouvernement du peuple par le peuple. Mais ce régime est trop parfait selon le démocrate Rousseau lui-même.
Le tirage au sort peut se faire à partir d’échantillons représentatifs de la population. Il permettrait la sélection d’un collectif politique chargé d’administrer la société. Cette solution a été oubliée depuis l’Athènes antique où elle est restée imparfaite.
Selon Montesquieu les peuples sont doués pour élire leurs dirigeants. Quand on voit la sale gueule de certains députés U.M.P. pendant le débat sur le mariage pour tous, on peut en douter. On en doute mille fois plus quand on se souvient que Mussolini et Hitler sont arrivés au pouvoir à la suite d’élections légales. La montée actuelle des populismes en Europe inquiète à juste titre.
Il reste que le système électif, représentatif, s’est imposé dans les sociétés les plus démocratiques. La raison en a été donnée avec humour par Churchill : « C’est le pire des systèmes, mis à part tous les autres ». Précisons qu’il n’est possible et bienfaisant que fondé sur la liberté d’opinion, d’expression, la tolérance. La Grande-Bretagne a été pionnière dans ces domaines sur son mode empirique.
L’un de ceux qui ont le mieux compris ce que nous essayons de dire est l’anglo-irlandais Burke. Il jugeait que la bêtises des lords est le lest du navire, il jugeait indispensables les préjugés répandus dans la population. Il était conservateur. Mais Engels jugeait bien qu’il y a « un côté conservateur du processus ».