A.B.I. I

Avec cet A.B.I. en chiffres romains je commence une série visant à retracer mon itinéraire intellectuel consacré à la théorie de l’histoire, en passant par mes principales publications :

En 1965, jeune agrégé, coopérant militaire en Algérie, détaché à l’institut d’Etudes politiques d’Alger, je découvrais la polémique marxiste autour du concept de « mode de production asiatique », publiée en particulier dans la revue théorique du parti communiste, « La Pensée ».
Je constatais aussi que les concepts traditionnels de l’historiographie française ne m’aidaient pas pour la compréhension de l’histoire de l’Algérie.
Dans la foulée j’ai écrit mon premier article scientifique,  » le mode de production asiatique », publié en 1966 dans la revue dirigée par Georges Gurvitch, les « Cahiers internationaux de sociologie ».
Cet article est pour moi tellement fondateur que je vais longuement le résumer alors qu’il ne fait que dix pages.
Je distinguais la voie d’évolution européenne marquée par l’esclavagisme, le féodalisme, le capitalisme et la voie dite « asiatique » marquée par une stagnation finale qu’on peut aussi appeler stabilité.
La voie « asiatique » serait caractérisée par le rôle dominant de l’Etat avec lequel se confond la classe dominante qui vit de l’impôt.
J’insistais sur la Chine qui me paraissait un modèle particulièrement réussi, complexe et même splendide de mode de production asiatique ( M.P.A. ), sur sa bureaucratie confucéenne.
Je mettais en valeur la palingénésie, la renaissance périodique qui, à coup de dynasties successives, a marqué la Chine.
Les activités marchandes, très importantes en Chine, sont restées marginales par rapport au modèle dominant.
Face à la Chine le Japon a choisi l’aristocratie militaire de type féodaliste qui a facilité son passage au capitalisme.
En Occident aussi il y a eu des tentations « asiatiques » que l’appelais « pseudo-asiatiques » pendant le Bas-Empire romain et l’empire byzantin. J’attribuais à la Russie un type « semi-asiatique » à la suite de Marx et Lénine.
Dans toutes les sociétés de classes je mettais en valeur la tendance de la classe dominante à prélever une part trop importante du sur-produit.
J’insistais sur les facteurs internes d’évolution sans oublier les facteurs exogènes particulièrement importants au Japon.
Je mettais en valeur la diversité et la complexité des sociétés musulmanes, du désert à la ville, l’Egypte étant un modèle accusé de M.P.A. , un modèle hydraulique, c’est à dire fondé sur l’irrigation !
Le cas classique de M.P.A. s’accompagnerait donc de grands travaux sous la direction de l’Etat.
Je finissais en insistant sur le fait qu’aucune société historique ne correspond parfaitement à un modèle idéal, mais qu’il était bien possible que le M.P.A. soit l’ancêtre du capitalisme d’Etat qu’à l’époque je voyais triompher en Union Soviétique.
Il ne vous reste plus qu’à lire ce petit article disponible sur Google …