A.B.I. XVII

Dans le mode de production capitaliste le travailleur vend sa force de travail sur le marché à un propriétaire à titre privé des moyens de production. Sa force de travail est une marchandise dont le prix est fixé par la quantité de travail incorporée dans cette marchandise, c’est à dire les biens divers, nourriture, logement, habillement, etc… nécessaires à la survie du travailleur, à la reproduction de sa force de travail…
Le capitaliste achète la « force de travail » à sa valeur marchande, mais ce qu’il utilise, c’est le « travail », le travail effectué par le travailleur, dont la valeur ( marchande ) est en principe supérieure, d’où la plus-value qui se traduit en profit.
Nous devons ce résumé à Karl Marx. Quelles que soient nos opinions « idéologiques », Marx a probablement raison.
Poussé à sa logique extrême la marchandise généralisée est un comble d' »aliénation ».
Imaginons un entrepreneur qui propose avec succès un nouveau produit sur le marché. Il se fait un joli bénéfice. Mais d’autres entrepreneurs proposent le même produit. Le profit fond à vue d’oeil.
Je simplifiais tout à l’extrême, ce qui paradoxalement montrait déjà la complexité des problèmes. Je montrais même que les exceptions apparentes à la valeur-travail confirment celle-ci. Par exemple les insuffisances structurelles de l’offre par rapport à la demande, phénomène qui brise la logique universelle de la marchandise, de l’économie marchande. Par exemple un talent exceptionnel qu’on ne peut ramener à aucune moyenne.
Pour connaitre la valeur ( marchande ) et ainsi rendre peut-être possible le socialisme, je prévoyais la nécessité d’un « immense réseau d’ordinateurs ».
J’étudiais l’impérialisme premier qui se développe aux dépens des anciens modes de production, puis l’impérialisme contemporain du capitalisme monopoliste sous lequel nous vivons toujours, l’archéo-impérialisme et le néo-impérialisme.
je parlais même de « sur-exploitation du travail complexe », c’est-à-dire du travail hautement qualifié qui peut être bien payé, mais beaucoup moins que la valeur qu’il ajoute.
Je jugeais que le capitalisme d’Etat guettait les sociétés contemporaines. Heureusement cette prédiction ne s’est pas vérifiée. L’Union Soviétique, capitale du capitalisme d’Etat, a disparu vingt ans après la publication de mon livre. Je ne suis pas doué pour prévoir l’avenir.
Je me livrais à bien d’autres considérations, les unes toujours d’actualité, les autres datées. Je vous épargne les tableaux et les équations.
J’ai souvent été félicité pour l’érudition que je montrais dans « Pour l’Histoire », jamais pour les batailles conceptuelles que j’y livrais.
J’analysais le capitalisme d’Etat, mais j’en faisais surtout un mythe répulsif.