TT 180

Elle a lié d’un cheveu arraché à ses boucles dorées
Mes mains qui sont devenues des prisonnières de guerre
Je riais pensant que cela serait un jeu
De secouer ces chaînes trop aimables
Mais la force est venue à me manquer
J’ai gémi comme un homme ferré
Ma vie ne tient qu’à un cheveu
Je m’en vais o combien malheureux
Comme un petit esclave que sa maîtresse entraîne

Ton automne resplendit mieux qu’un automne
Ton hiver est plus chaud que les étés des autres
Belle vieille

Epars dans la poussière la couronne mystérieusement effeuillée
La coupe brisée par l’ivresse et la folie
Les mèches mouillées de cheveux trop parfumés
Gisent en souvenir d’un amant trop épris
Il resta debout contre ta porte
Sans un mot sans promesse
Sans un propos menteur pour que l’espoir renaisse !
Mais sa patience est morte
Restent ces témoins de son reproche envers un coeur trop fier
Ces symboles brisés sérénades d’hier

En nous cachant sans cesse mon bel amour
En ôtant de nos yeux leurs flammes vives
Nous nous lançons des tendresses furtives
Qui dureront jusqu’à quel jour ?
Il nous faut annoncer nos tourments
Si l’on veut interdire à nos peines
De se guérir par la douceur des chaînes
Nous guérirons d’un coup d’épée
Car il vaut mieux connaître à deux la même volupté
Ensemble à deux pour notre éternité
Sinon de la vie du moins de la mort