Dha 27 : Le « brahmane » et la fin *

Connais la destruction pour atteindre ce qui n’est pas créé
Maîtrise de soi et contemplation annoncent l’autre rive

J’appelle « brahmane » celui pour qui il n’existe plus de rive
Celui qui médite

Celui qui marche tranquille
Qui ne réplique pas à son agresseur

Plus le désir de blesser autrui disparait, plus la souffrance s’estompe
J’appelle « brahmane » celui qui n’offense personne par ses actes, ses paroles ou ses pensées

Il te faut soigner autre chose que les apparences
Celui qui médite seul dans la forêt, je l’appelle « brahmane »

Le « brahmane » est pauvre et pur
J’appelle « brahmane » celui qui s’est débarrassé de toutes les chaines

J’appelle « brahmane » celui qui est tolérant envers les intolérants
J’appelle « brahmane » celui qui est libre du déplaisir comme du plaisir

J’appelle « brahmane » celui qui n’a plus rien et ne se soucie de rien
J’appelle « brahmane » un sage accompli *

* Dhammapada, « La parole du Bouddha », traduction de T.K.Jayaratne, Nataraj éditeur, Pondichéry, 2011
** « Dhamma » remplace le « Dharma » du sanscrit

Dha 26 Le »moine »

Il est bon d’avoir la maîtrise de ses sens
Qui est maître de lui, sage et solitaire ?

Douce est la parole de celui qui se maîtrise
Il ne faut pas s’identifier au nom ni à la forme

Le moine, celui qu’on appelle tel, est heureux en fonction de l’arrêt des tendances naturelles
il déleste sa barque

Tranche avec les liens comme la croyance au moi, le doute, l’hostilité…
L’avidité pour les formes ou leur absence, l’agitation …

Le jasmin laisse bien tomber ses fleurs
Refrène-toi toi-même

Le jeune « moine » éclaire le monde
Comme la lune un ciel sans nuages

Dha 25 La soif et l’avidité

Dans la négligence l’avidité s’étend comme un lierre
L’avidité dans notre monde est comme une mauvaise herbe

Les gouttes d’eau tombent de la feuille de lotus comme les souffrances tombent du torrent du libéré de la soif
La tentation vous brise comme le fort courant d’un torrent

Tout repousse y compris la soif si la racine reste intacte
Comme chez les arbres

Les racines de l’avidité sont d’abord dans le je suis, je suis ceci ou cela,
Je serai, je serai éternel ….

J’aimerais être, j’aimerais être ceci ou cela, j’aimerais être autre….
Ces courants fluent dans tous les sens

Le lierre de la soif ne cesse de s’étendre
Les humains sont prisonniers du cycle de la naissance et de la mort

Assaillis par la soif, les humains courent dans tous les sens
L’humain libéré redevient esclave de lui-même

Les liens les plus solides ne sont pas matériels
Les liens les plus puissants semblent se défaire et n’en font rien

L’araignée est prise dans la toile qu’elle a tissée
Tu rejoindras l’autre rive de l’existence

Chez l’humain tourmenté par le doute, la soif grandit
Il est correct d’écarter ce qui n’est pas bénéfique

J’ai brisé les flèches de l’existence, sauf une
Je peux écrire à l’aide des maîtres

J’ai peu réalisé par moi-même, pourtant je n’ai pas de maître vivant
L’insensé se détruit lui-même

Les mauvaises herbes, la torpeur, la haine sont des plaies
Le désir est la plaie de l’humanité

Dha 24 L’éléphant

Je suis comme l’éléphant qui encaisse les flèches dans la bataille
C’est l’éléphant dompté qui est mené au combat

Celui qui se dompte lui-même et supporte les insultes est le meilleur
L’éléphant aspire à se retrouver parmi les siens dans la forêt

Il ne veut pas renaître somnolent et agité dans son sommeil
Désormais je tiens mon esprit comme un éléphant

L’éléphant se sort du bourbier
Je chemine à côté de ce compagnon sobre et prudent

L’éléphant chemine souvent seul dans la forêt
Le bonheur est la suppression des souffrances

C’est un bonheur d’être vital
C’est un bonheur d’être vertueux avant le vieil âge

Dha 23 L’enfer

Le menteur s’ouvre le chemin de l’absence de bonheur, l’enfer
Mieux vaut avaler une boule de métal chauffée à blanc que recevoir la charité quand on est sans droiture

Ne convoitons la femme d’autrui qu’avec l’accord de son époux
Le démérite, comme le plaisir inquiet dans des bras inquiets, vaut souvent un châtiment

Un brin d’herbe peut être coupant
Un acte irréfléchi ne porte pas de bons fruits

Ce qui est à faire l’est complètement
On ne se repent jamais des bonnes actions

L’ascète négligent disperse la poussière de ses passions
Le vigilant est une forteresse bien gardée, à l’intérieur comme à l’extérieur

N’ayons pas honte de ce qui n’est pas répréhensible
Vois le mal là où il est

Dha 22 Mélanges

Un humain perspicace délaisse petits bonheurs et grands plaisirs en vue du bonheur
Les gens sans discipline et irréfléchis voient leurs désirs se multiplier

On n’obtient pas son bonheur en faisant souffrir les autres
La haine s’oppose au bonheur

Les désirs s’estompent chez les vigilants
N’oublie pas ta communauté, n’en sois pas l’esclave

L’errance sans but est à éviter à tout prix
Le désir c’est la mère l’ignorance c’est le père

Les vrais disciples se réjouissent dans la méditation
Il est douloureux de faire, d’agir

Pas de désir sans ignorance
Pas de vie saine sans reconnaissance par autrui

Les bons humains sont visibles de loin comme les cimes de l’Himalaya
Les mauvais sont aussi peu visibles que les simples flèches la nuit

Celui qui fait tout seul se réfugie dans la forêt
Les vigilants se concentrent sur la non-violence

Dha 21 Le sentier

Le meilleur des chemins est justice et justesse
Il commande d’être juste en pensée, en paroles, en action

Le meilleur des humains est celui qui peut voir
La meilleure des vertus est dans la réflexion et la méditation

La pointe acérée de la souffrance est ébréchée
Nous devons faire des efforts

L’impermanence rend possible la cessation de la douleur
C’est le sentier de la purification, l’indifférence

Les choses sont dépourvues de réalité
On ne doit pas être paresseux, indolent, inactif

Contrôlons notre pensée et notre parole
Abstenons-nous de toute mauvaise action

C’est par la pratique que l’on acquiert lentement la sagesse
On se doit de couper l’entière forêt des désirs, pas un seul arbre

Quand on désire la femme, on est comme un veau qui tête le lait de sa mère
On cueille la fleur de lotus à la main, on coupe ainsi son attachement à l’ego

Je séjournerai où je veux, dit l’insensé
La mort comme un torrent emporte l’humain

Contre la mort urgente, il n’y a aucun secours réel des proches
L’humain, sage et droit, continue sur sa voie

Dha 20 Le juste

Être partial empêche d’être juste
Un juste est fidèle à la loi

Un bavard n’est pas savant
Le bon sens est le fait du juste

Certains ont vieilli en vain, pour rien
Certains restés sans souillure sont des anciens

Se débarrasser de ses défauts, de ses travers est respectable
Qui est désir et avidité n’est pas un sage

Qui apaise les maux apaise le mal
L’ascète ne se contente pas de mendier

Qui ne parle pas par stupidité et ignorance n’est pas respectable
Le sage tient les plateaux de la balance

Eviter le mal ou le début de la sagesse
La violence n’est pas noble

On ne veut plus rien et on atteint la paix
La sérénité est au delà des disciplines

Dha 19 L’impureté

Tu ressembles fort à une feuille morte
Les messagers de la mort s’approchent

Droit sur le seuil tu es démuni pour la traversée
Fais de toi un îlot, puis une île

Purifié, tes impuretés balayées, tu es proche de la mort
Tu n’es plus soumis au cycle immémorial de la naissance et de la mort

On se débarrasse des scories lentement, une à une
Evite la rouille qui dévore le fer

Faillite et ruine proviennent du manque d’attention
A cause de ta paresse tu perds ta beauté

La mauvaise conduite perd les humains
Elle est une souillure

L’ignorance est la plus grande des souillures
Il est trop facile d’être un mendiant misérable

Misérable, éhonté, effronté, malfaisant, insultant, impudent,
Tels sont tes moindres défauts

Difficile est le chemin du modeste, du désintéressé
Il en est qui détruisent la vie à petites doses

Les menteurs, les voleurs, les alcooliques, les adultères
Arrachent leurs propres racines

Contrôle-toi !
Ne te tourmente pas pour les dons que tu fais

Le véritable réel est au delà des apparences
Contemple la contemplation !

La passion, la voracité, l’illusion sont des torrents
Ses fautes sont plus difficiles à déceler que celles d’autrui

On cache ses propres fautes
Celui qui se complaît aux fautes d’autrui aggrave les siennes

Il n’y a pas de traces dans l’espace
Rien n’est éternel

Dha 18 La colère

Aucune souffrance n’accable celui qui ne s’attache ni au nom, ni à la forme
Celui qui pense bien ne rien posséder

Celui qui arrête le char emballé de la colère est digne de louanges
L’humain triomphe de la colère par l’amour, le bien, la générosité, la vérité

Ne blesse personne
Ta vigilance cherche le nirvana

Nul n’échappe au blâme
Il n’y a pas de il y a

il est bon d’être loué par les sages
Si les dieux existaient, te loueraient-ils ?

Contrôle ton corps, siège de la colère
Contrôle ta langue

La maîtrise véritable est celle du corps
De la langue et de l’esprit