Dha 17 L’attachement

Le vaniteux et le licencieux finissent par envier l’essentiel
Il ne nous faut ni plaisant ni déplaisant

Ne t’attache pas
Sans attachement tu ne souffres de rien

L’attachement est chagrin et peur
Surtout l’attachement à la jouissance

Prédilection, affection, plaisir partagé,
Avidité sont provocants

Quelles belles qualités que d’être vertueux et intelligent !
Le désir pour l’ineffable, le nirvana, va à contre-courant

Dha 16 Le bonheur

Nous vivons sans haine parmi les haineux
Pourtant le haineux est haïssable

Avidité, haine, torpeur, vanité, erreur, doute, paresse, distraction,
Absence de vergogne, absence de peur de faire le mal ou les maux de l’âme

Nous vivons sans envie parmi les envieux
Nous vivons sans possession parmi les possédants

La victoire nourrit la haine méprisante
Seul celui qui renonce est heureux

Rien n’est plus brûlant que la passion
La haine est une passion

La sensation et la perception peuvent être douloureuses
Pas de bonheur plus grand que le repos

La faim est la pire des maladies
Celui qui sait tout cela est proche du bonheur suprême, le nirvana

C’est bon de boire à la source du dharma
La simple vue des vénérables est salutaire

Il est bon de s’épargner la vue des insensés
La compagnie des insensés est maléfique

La compagnie des sages est plus bénéfique encore que celle des parents
La lune suit le chemin des étoiles

Dha 15 L’éveillé

On n’égare pas celui qui est éveillé
L’éveillé ne connaît plus pièges et poisons

Vivement le repos qui tient éloigné du monde !
Il est difficile de naître, de vivre

L’endurance est une ascèse
Le colérique ne peut être dit un adepte

Les éveillés dorment seuls s’ils le souhaitent
Les plaisirs sensuels ne donnent finalement aucune satisfaction

Le sage sait que le plaisir est éphémère et conduit à la souffrance
Seule la destruction des appétits donne satisfaction

Les peureux se réfugient dans les forêts montagnardes
Les forêts n’apaisent pas les souffrances

Souffrances, origines des souffrances, cessation des souffrances, plus les sentiers qui mènent à ces essentiels
Mais où est le refuge ?

Un humain dévoué n’est pas seul
Heureuse est la vigilance de ceux qui sont en paix

Il est bien difficile de transcender les maux et les souffrances
Le mérite est immense de celui qui adore les libérés

Dha 14 Le monde

Ne suis pas le mal dans le monde et ailleurs
Ne suis pas de fausse doctrine

Ne te laisse engloutir par le monde
Ne sois pas négligent

Celui qui suit le dharma connaît la béatitude
Le monde est une bulle un mirage

La mort ignore celui qui dédaigne le monde ?
Ne plongeons-pas dans le monde rutilant

La lune est vigilante quand les nuages s’éloignent
Peu d’oiseaux s’échappent des nuages

Les cygnes suivent leur chemin dans le ciel
Celui qui transgresse le dharma se moque du monde divin et humain

Le sage aime la joie de donner, la générosité
Le sage ne joue pas les souverains

Dha 13 Le moi

Veille, sommeil plein de rêves, sommeil profond
Sois vigilant au moins dans l’un de ces états

L’humain qui se tourne de lui-même vers le juste
Epargne au sage une peine inutile

Si un humain paraît conforme à ce qu’il enseigne
Il se peut qu’il enseigne aux autres la maîtrise de soi

Le soi est maître du soi
Le maître de soi est un maître

Le soi n’est pas un en-soi
Il est pour-soi

Le mal écrase le moi
Ma méchanceté se développe comme le lierre sur l’arbre

Je m’abaisse comme l’ennemi le souhaite
Se faire mal à soi-même est facile

L’ignorant porte en lui sa propre destruction
Il ignore le vénérable l’élu le vertueux

Celui qui commet le mal se souille lui-même
Nul ne peut purifier quelqu’un d’autre que lui-même

Le pur et l’impur s’élèvent et retombent en eux-mêmes
Que nul ne dédaigne son devoir pour celui d’un autre !

Dha 12 La vieillesse

Tu ris encore alors que ton monde se consume
Tu es le ténébreux qui cherche la lumière

Ta forme déguisée, couverte de plaies, hétérogène, manque de tenue
Cet assemblage de souillures part en lambeaux

Je regarde sans joie les ossements blanchâtres jetés au loin
A l’intérieur de la forteresse des os sont installées la vieillesse et la mort

L’orgueil et le mensonge accompagnent le vieillissement
Transmets à temps ce que tu as de bien

Le corps de l’humain de peu est un boeuf
Je multiplie les naissances douloureuses sans trouver l’architecture de mon corps

Pour toi il n’y aura pas de nouvelle architecture
De toutes façons je ne la désire pas

Je suis comme un vieil héron dans un lac sans poissons
Je suis comme un vieil arc inutilisable et je me lamente sur le passé

Dha 11 Le châtiment

Tout humain craint la mort Ne cause jamais la mort
Tout humain redoute le châtiment

Celui qui pour son bonheur nuit aux autres ne trouve pas le bonheur
Méfie-toi de ceux qui rendent coup pour coup

Comme un gong cassé tu ne dis rien
La vieillesse dirige la vie comme un vacher ses bêtes

Un ignorant ne se voit pas commettre le mal
Un humain mauvais brûle dans le feu allumé par lui

Un humain qui inflige la souffrance souffrira à son tour
Pertes blessures détresse folie

Malheurs de personnes chères
La foudre s’abat sur les maisons

Rien ne purifie le désir
Un sage est maître de lui

Rare est le sage qui n’encourt jamais de blâme
Sois énergique et énergétique

Le claquement du fouet suscite ta volonté comme chez le cheval de course
Foi vertu force méditation Discernes-tu le dharma ?

Dha 10 Le mal et le péché

L’humain s’empresse au bien et se désintéresse du péché
Le bien ne supporte pas la négligence

Si un humain agit mal, qu’il ne récidive pas !
L’accumulation du mal est synonyme de fruits douloureux

Complais-toi dans le bien !
Tant que le mal n’arrive pas à maturité, il n’est pas perçu

Le bien n’est jamais grand-chose
Avec une goutte d’eau de temps en temps, on remplit une cruche

Un humain peut être rempli peu à peu par le bien
L’humain amoureux de la vie évite le poison

Le mal n’atteint pas celui qui ne pèches pas
Si un humain fait le mal, son péché lui revient en pleine face comme la poussière jetée contre le vent

Les humains vont dans les mondes infernaux, dans les mondes célestes, apprécient de n’arriver à rien
Il n’existe pas dans l’univers de lieu où l’on puisse échapper aux conséquences de ses péchés

La mort commence par être plus visible que le péché
On n’échappe pas à la mort, la camarde

Dha 9 Les mille

Un seul mot sensé vaut mieux qu’un long discours
Le seul verset signifiant vaut mieux que tous les versets dérisoires

Un seul mot du dharma apaise
Se vaincre soi-même est plus difficile que vaincre mille fois mille humains

Se conquérir soi-même vaut mieux que conquérir les autres
Rien ne peut changer la défaite en victoire

Mieux vaut reconnaître une fois la sagesse du sage que de sacrifier mille et mille fois
il ne sert pas à grand chose d’adorer le feu dans la forêt

La dévotion et les sacrifices s’accumulent en vain
Vie beauté bonheur puissance sont dus à la constance dans la vigilance

Une journée de vertu et de réflexion vaut mieux que cent années de vice
Tout vaut mieux qu’être un ignorant irréfléchi

Tout vaut mieux que la paresse et la faiblesse
Soyons conscients de l’impermanence des choses

L’impermanence est permanente
Elle dévoile le chemin de l’immortalité

Une journée sur ce chemin vaut mieux que cent années d’imprévoyance
Il en va de même pour qui connaît le dharma

Dha 8 Le vénérable

Les sages sont libres en ce monde même
Pour arriver libre au terme de la route, il faut se libérer de tous les liens

Certains cygnes quittent leur lac
La liberté des oiseaux dans le ciel est impossible à décrire

Nous les sages nous sommes des oiseaux
Les chevaux bien dressés envient ceux qui n’ont pas été domptés

Celui qui fait son devoir est patient comme la terre
Il ressemble à un lac limpide

Sa pensée est apaisée ainsi que sa parole et son action
Grâce à la connaissance véritable, c’est tout l’humain qui est en paix

L’humain libéré de la crédulité mais qui connaît l’incréé est bien en lui même
Il convient de trancher les liens, de se débarrasser des tentations

L’humain libre ne désire, ne veut plus rien
Les lieux où sont les sages sont plus que merveilleux, ils sont vénérables

Les forêts sont aisément inhospitalières
Les vénérables; libres de toute passion, y trouvent le ravissement