Végétarien ?

Si j’obéissais à une bonne partie de moi-même, je serais végétarien. Je supporte mal, devant l’un de nos excellents documentaires animaliers, voir une superbe tigresse tuer et dévorer une biche non moins magnifique. La tigresse est pourtant dans l’ordre de la nature.
La vie commence comme un parasite. Elle nait et se développe aux dépens des éléments primordiaux que sont la terre, l’eau et l’air. Elle devient très vite cannibale. La vie dévore la vie. Le plus innocent des herbivores tue des végétaux. La mort est co-substantielle à la vie.
De façon générale l’être humain est omnivore. Il est donc aussi carnivore. Il est même de loin le plus important des prédateurs au point qu’il est essentiel de protéger la nature contre ses excès. L’un des combats les plus importants de notre époque est la protection des espèces menacées d’extinction.
La protection de la nature est fondamentale. Si nous suivons aveuglément les leçons de la nature, nous restons omnivores. Mais l’humain est artificiel. Sa liberté de choix est grande. Il peut s’il le désire être végétarien ou même végétalien.

Les abeilles

Selon Hugo les abeilles volaient sur les lèvres de Platon.

Bientôt voleront-elles encore sur les fleurs ?

Certains paysages français sont déjà dévastés de l’intérieur par l’abus des pesticides.

Paris, qui a fait fuir les moineaux, sera-t-il le dernier refuge des abeilles, nos amies de miel, nos soeurs piquantes ?

Téléphobes

Notre société est en partie régie par le mépris. Chez nos intellos il est de bon ton de mépriser la télévision, sans argument, sans raison. Ils jugent sans voir et donc sans savoir. C’est bel et bien du mépris et pas seulement du dédain. Ils croient disposer ainsi d’un passeport pour la haute caste à laquelle ils rêvent d’appartenir et qui n’est, dans une large mesure, que le fruit de leur imagination.
Ces intellos sont majoritairement de gauche. Ils méprisent le peuple qu’ils prétendent défendre. Ils ne le connaissent pas, le transforment en idée. Lénine serait tombé dans ce piège. il lui doit ses succès, mais aussi son échec final.
Mépriser, c’est ne pas connaître. Dédaigner, c’est méconnaître. Avec toute leur prétention nos intellos ne connaissent pas grand chose. Ils se réduisent à leurs modes de snobs et à leurs préjugés. Beaucoup ne savent même pas vraiment lire.
De plus, ils se disputent continuellement en fonction surtout de la rivalité de leurs égoïsmes. La veuve du grand poète russe Pasternak a laissé le témoignage du mauvais climat qui régnait dans l’intelligentsia russe avant la révolution et qui est en partie à l’origine de l’échec de celle-ci. Mais il y a de vrais intellectuels qui font ce qu’ils veulent et ce qu’ils peuvent.

Zapping

Je suis un zappeur né, pas un zappeur fou. Je suis né pour l’image, beaucoup plus que pour le son. La télévision est pour moi un rêve, pas un cauchemar. Mon premier grand souvenir de télé est la victoire de Fausto Coppi, le « campionissimo », à l’Alpe d’Huez, pendant le tour de France 1952. Je l’ai regardé debout dans la rue devant la vitrine d’un magasin de télévision. Je ne savais pas alors que ce reportage était le premier du genre, marquant ainsi l’histoire de la télévision.
J’ai offert à ma mère son premier poste en 1958 alors que je débutais dans l’enseignement. En 1961, jeune marié, j’ai abandonné la télé. En 1969 j’ai donné notre premier appareil, de plus en couleurs, à ma femme enceinte. Notre première image commune a été un tigre filmé de près, de face, sur le museau duquel se promenait une mouche. Depuis je n’ai plus abandonné les « étranges lucarnes ».

Hier soir, samedi 27 avril 2013, nous avons regardé un excellent téléfilm français, ce qui est trop rare, « Isabelle disparue », de Bernard Stora, avec la grande Line Renaud et le sous-estimé Bernard Lecoq. Ce matin du dimanche 28 avril, j’ai préféré ne pas revoir « Le Prénom », film que j’aime beaucoup, j’ai revécu la bataille d’Austerlitz. Bien entendu nous n’avons pas raté notre rendez-vous dominical avec « Trente millions d’amis », l’émission protectrice des animaux.
Pendant que je vous écris, vers quinze heures, j’aperçois un film documentaire de Raymond Depardon, « Profils paysans ». A partir de seize heures, je regarderai la demi-finale de la coupe d’Europe de rugby, sport que je ne connais que grâce au petit écran. Nous n’avons pas encore choisi notre spectacle de ce soir.

Ce que j’aime particulièrement, c’est le zapping à l’aveugle. Ma meilleure surprise dans cet exercice, chef d’oeuvre d’éclectisme, a été de découvrir soudain, presque en direct, le créateur de Tintin, Hergé, souriant, bavardant avec son ami Chang. Jusqu’alors pour moi Chang n’était qu’un personnage de bande dessinée.

Je ne pense pas perdre mon temps quand je regarde la télévision. Un bon film reste un bon film même quand il passe à la télé. Et encore je ne vous ai pas tout dit, par exemple mon amour des clips, nouvelle discipline artistique que je suis depuis sa création au début des années 80, ou celui des informations. Honni soit qui mal y pense !

L’Egypte

En 1956 nous étions de ceux qui, sans se connaître, soutenaient Nasser, les officiers libres, la nationalisation du canal de Suez. Nous avons applaudi à l’échec de l’intervention franco-britannique, colonialiste à l’ancienne. Des années plus tard, visitant Alexandrie, je me suis dit que cette ville avait perdu son statut de capitale cosmopolite de la Méditerranée. Disparues les minorités grecque, juive, italienne, …. Il ne subsistait que le nom de certaines rues en français. Dans le même temps les Egyptiens, pour la première fois depuis plus de deux mille ans, étaient maîtres chez eux.

En 2011 nous étions favorables au printemps arabe. Il a donné le pouvoir à des islamiste bornés. Le rêve de Maxime Rodinson, dès les années soixante, d’un islamisme de gauche ne s’est pas concrétisé.

L’Egypte ou l’ambiguïté de l’Histoire.

Médiocrité

Personne dans ma famille n’avait le bac. Mon grand-père était extraordinairement fier d’avoir été reçu premier au certificat d’études primaires dans son canton de Touraine. J’ai donc radicalement changé de milieu. J’étais idéaliste. Je me suis heurté à la médiocrité normale des milieux professionnels, fussent-ils universitaires. Si j’étais né dans un milieu privilégié, j’aurais connu d’instinct l’importance des apparences, la communication nécessaire d’un savoir-faire et non pas d’un savoir. J’ai tenu à garder ma différence sans chercher le conflit. J’ai tenu bon. A vrai dire cette attitude ne m’a pas coûté tant ma vocation était forte. Ceci dit, elle n’a pas forcément abouti à grand-chose.
Le grand logicien américain Pierce a vu ses collègues dissoudre le département d’études universitaires auquel ils appartenaient pour le refonder sans lui. Il n’a jamais été question que je subisse, de près ou de loin, un tel sort. Au contraire je remercie mes anciens collègues de m’avoir dans l’ensemble supporté.

Féminisme

Aucun homme ne peut se dire féministe car il se perd dans les détails hyperconcrets de la distinction homme-femme. Concubin-concubine, ça signifie con, cul, pine.
Tout hétérosexuel a peur qu’on le prenne pour une femme. Il a l’impression de perdre sa virilité. C’est bête, tout ça !
A défaut d’être féministe jusqu’au bout, tout homme bien né se doit d’être philogyne, le contraire d’un misogyne stupide. Malheureusement trop de femmes encore aujourd’hui n’ont pas d’amis hommes. Ces pauvres types pensent sexe de façon éhontée. Même les homos, parfois les seuls confidents des femmes, surtout quand ils sont ce qu’on appelait autrefois efféminés, sont insuffisants.
Il n’y a pas de telle chose comme la féminitude qui rime trop avec finitude. Non, au delà des étoiles, la féminité brille.
N.B.1 : « Un véritable ami est une chose rare » ( La Fontaine ). Je ne vise que cette amitié et pas les copains.
N.B.2 : Il m’est arrivé d’ avoir envie de baiser. Heureusement j’ai toujours privilégié ce que j’appelle l’amitié sexuelle, beau concept en vérité. Malheureusement cette magnifique amitié n’est pas éternelle. Doit-on penser que rien ne vaut l’amitié platonique ou le côté platonique de l’amitié ?
N.B.3 : Le point de vue sur ces choses varie avec l’âge.

Représentation

Nous sommes en représentation. Nous jouons des rôles, nous portons des masques. Mais qu’est-ce qui nous représente ? Les acteurs ? Les chanteurs ? Les journalistes, les enseignants, les prothésistes dentaires, chaque spécialité à des titres divers ? Les juges professionnels ? …
La division du travail s’est extraordinairement développée et ramifiée. Chaque partie continue à représenter le tout, mais partiellement, à sa manière, dépendant de la technologie, de la culture, de la mode, de façon sociologique … Le tout est émietté, la vision du tout l’est encore plus.
Peut-on imaginer que nous soyons tous au pouvoir à égalité, que le tout soit le tout et le représente ? Ce serait la démocratie, gouvernement du peuple par le peuple. Mais ce régime est trop parfait selon le démocrate Rousseau lui-même.
Le tirage au sort peut se faire à partir d’échantillons représentatifs de la population. Il permettrait la sélection d’un collectif politique chargé d’administrer la société. Cette solution a été oubliée depuis l’Athènes antique où elle est restée imparfaite.
Selon Montesquieu les peuples sont doués pour élire leurs dirigeants. Quand on voit la sale gueule de certains députés U.M.P. pendant le débat sur le mariage pour tous, on peut en douter. On en doute mille fois plus quand on se souvient que Mussolini et Hitler sont arrivés au pouvoir à la suite d’élections légales. La montée actuelle des populismes en Europe inquiète à juste titre.
Il reste que le système électif, représentatif, s’est imposé dans les sociétés les plus démocratiques. La raison en a été donnée avec humour par Churchill : « C’est le pire des systèmes, mis à part tous les autres ». Précisons qu’il n’est possible et bienfaisant que fondé sur la liberté d’opinion, d’expression, la tolérance. La Grande-Bretagne a été pionnière dans ces domaines sur son mode empirique.
L’un de ceux qui ont le mieux compris ce que nous essayons de dire est l’anglo-irlandais Burke. Il jugeait que la bêtises des lords est le lest du navire, il jugeait indispensables les préjugés répandus dans la population. Il était conservateur. Mais Engels jugeait bien qu’il y a « un côté conservateur du processus ».

Eclectisme

J’aurais voulu dans le secret de moi-même être un esprit universel. Hélas ! Je ne le suis pas du tout. Mes faiblesses, mes lacunes en langues, en mathématiques, en sciences dites exactes sont criantes, béantes. De toutes manières je ne suis pas si fort que ça dans les sciences humaines. N’oublions pas que je suis un spécialiste des idées générales, le spécialiste d’une non-spécialité. J’aurais voulu être, comme on dit, un touche à tout de génie. J’ai touché à bien peu de choses.
Ce n’est pas par esprit de revanche que je considère qu’il est impossible d’être un esprit universel. Même Platon, dont on connait l’amour pour la géométrie, n’a pas laissé son nom à un théorème, contrairement à l’un de ses prédécesseurs, Pythagore, dont j’ai toujours sous-estimé l’école.
Dans le même ordre d’idées je voudrais rappeler que le soi-disant maître philosophe de l’histoire universelle, Hegel, a consciencieusement ignoré l’histoire de la Grande-Bretagne.
Faute de mieux je suis un esprit éclectique. Pas de façon dogmatique comme le maître ancien de la philosophie française, Victor Cousin, mais de manière, je l’espère, ouverte et non-figée.
Allez, il faut que je l’avoue, je suis un dilettante !