J’ai mon style

Moi, j’avais mon style, toi t’ avais ton style, existe-t-il un autre style ? (Saule et Charlie Winston )
Je suis blanc comme un linge, je descends du singe ( Marc Lavoine )
J’ai pas choisi / de vivre ici ( Goldman-« Envole moi »)
Je suis un chanteur abandonné qui vis sans se retourner ( Johnny Halliday-Michel Berger )
Besoin de rien, envie de toi ( Sloane )
Quand je pense à Fernande/ Je bande, je bande ( Georges Brassens )
Quand on est con / on est con ( idem )
Va, tout s’en va ( Léo Ferré )
Un petit dernier pour la route : « Fatouh Mata, ell’ m’a maté ( Keen’V )
Prodiges de la poésie, la plus contemporaine, réfugiée dans la chanson.

La poésie écrite, réduite à elle seule, à sa propre musique, est le plus exigeant des genres.
En même temps nous sommes tous un peu poètes.

Ma chère paresse

Je suis né paresseux. Tout se passe comme si j’étais né paresseux. Mon père disait que je suis né avec un poil dans la main.

Actuellement la personne qui souffre de cette paresse est ma femme Régine. Certes je fais le café,  j’achète et je prépare les surgelés… Il reste que Régine est la maîtresse du linge.

Cette paresse s’étend à tous les domaines. Mon père avait cette formule heureuse : « Il comprend vite, mais il faut lui expliquer longtemps ».

Cette caractéristique fondamentale de ma petite personnalité explique que j’aie choisi la rapidité de l’abstraction conceptuelle plutôt que l’admirable travail concret sur la diversité du réel. Par exemple 90% de nos connaissances historiques dépendent du travail des historiens que j’appelle historisants.

Il reste qu’à un moment apparait la nécessité de la théorie, tout aussi scientifique, qui rassemble et unifie, donne sens.

Je voudrais donner un exemple historique. Pendant plus de deux mille ans, les Chinois ont collecté avec patience les données astronomiques. Rien de tel en Occident. Par contre les Occidentaux ont proposé des  hypothèses de plus en plus audacieuses sur la mécanique céleste. Avaient-ils tort ?

Pourquoi la science historique échapperait-elle à la règle générale des sciences : constituer un vaste éventail du concret parfois le plus infime à l’abstrait le plus général ? Pour nuancer, rappelons-nous la formule de Lénine : « remontons vers le concret ».

Je hais les pauvres

Je ne déteste pas les riches. Je hais les pauvres à un point tel que je souhaite que d’ici la fin de ce siècle, ils aient disparu.  Non pas de mort violente, pauvre d’esprit, mais par extinction de la pauvreté.  Est-ce une vue de l’esprit ?, pas du tout;  l’humanité dispose de tous les moyens techniques nécessaires pour cette vaste tâche.

Les riches s’y opposeront-ils ? Certains d’entre eux, certainement. Il faudra alors les abattre, sans les faire souffrir si possible. Le problème est plus vaste. C’est le capitalisme qui suscite par essence l’opposition entre riches et pauvres, détenteurs du capital et prolétaires. Comment se débarrasser du capitalisme ? Vaste programme !!!

J’emprunterai à Lénine l’idée que, par rapport à l’état arriéré dans lequel s’attarde une bonne partie de l’humanité, le capitalisme développé est un progrès.

Je hais les pauvres, je ne les méprise pas. Beaucoup d’entre eux sont plus utiles que bien des riches. Du reste, il y a pauvre et pauvre. Les derniers indiens indépendants d’Amazonie sont-ils pauvres ?

Tout est plus facile pour moi parce que je suis un ancien pauvre et que je ne suis pas bien riche !

Une provoc’ de temps en temps, ça ne mange pas de pain.

Logiques et légitimités

Comme des gamins, vous êtres perdus dans une forêt de légitimités. Quelques exemples :

L’être humain est un animal drogué. Depuis des millénaires, il a pratiqué avec talent la culture de la drogue. A chaque culture, sa drogue ou ses drogues. La Chine ancienne a eu l’opium, l’Occident européen a inventé au Moyen-Age l’alcool. Les Incas appréciaient le Koka. Si l’on veut étudier scientifiquement une société humaine, il faut aussi étudier ses drogues. Parmi lesquelles il convient de ne pas oublier ni Dieu et ses copains, les dieux, ni notre pharmacopée.

Ce n’est pas la sagesse des nations qui aide tellement. Elle propose aussi bien « Tel père, tel fils » que: « A père avare, fils prodigue », « Un bon tiens vaut mieux que deux tu l’auras » que « Tout vient à point à qui sait attendre », sans compter l’ambigu  » Pierre qui roule n’amasse pas mousse ». Elle ordonne : « Sois belle et tais-toi ». Elle ne dit pas : « Sois beau et parle ». Une variante issue de l’humour juif : « Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? ». Toi, tu sais bien que souvent tu préfères la simplicité, surtout quand on te presse.

Et Platon dans tout ça ? Le plus beau des philosophes ?! Peut-on être à la fois matérialiste et platonicien? N’oublions jamais que le matérialisme n’est qu’une idée qui ne nous dit rien de ce qu’est la matière. Paradoxalement le matérialisme est idéaliste.

Qu’y-a-t-il de commun entre le concept de cafetière et celui d’âme? Le premier concerne une réalité très concrète, le second une hypothèse éthérée, mais parfois nécessaire au détour d’un raisonnement complexe. Le premier est plutôt de type aristotélicien, le second de type platonicien.

Je me prends parfois pour un esprit volant au dessus des flots. Je suis alors platonicien.

N’hésite même pas à être platonique, ne fonce pas tête baissée dans la matière, dans la chair, garde un minimum de place à l’idée et à l’idéal. N’oublie jamais que tout passe par le cerveau, tout, y compris ta sexualité.

Ne nie aucune de tes appartenances. Tu es toi. Du moins tu le crois. Tu as une famille, probablement. Tu appartiens peut-être à un clan, voire à une tribu. Tu as une nationalité. Fais en sorte d’harmoniser toutes les instances qui constituent ton intéressante personnalité, y compris l’Humanité.

Pour dire les choses autrement, nous sommes pris, à l’instar de Pascal, entre trois niveaux de réalité. Le premier est celui des grandeurs d’établissement, de la vie sociale normale, de la concurrence et de la hiérarchie. Tu  y participes nécessairement.  Souvent, tu t’y laisses absorber. Le deuxième, rare, est celui de la Raison. Le troisième est celui du Coeur  qui commence là où s’arrête apparemment le rationnel. Dans ton for intérieur, tu y as peut-être accès.

L’Humanité  te donne accès à quelques principes universels du genre : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu’il te fasse », mais aussi : « Fais à autrui ce que tu veux qu’il te fasse ».

Notre liberté est un sac de noeuds. Les uns sont dénouables, d’autres tranchables comme le noeud gordien, les derniers sont inextricables.

333

Derrière les mythes, les contes, les rêves, il y a des vérités. Lesquelles ?

666 est le chiffre de la Bête, celle de l’Apocalypse.

333 est sa moitié.

Si on additionne les trois chiffres de 666, on obtient 18, soit 9. Si on fait de même pour 333, on obtient encore 9, le chiffre fatidique du summum de multiplicité.

Tous les jours, mon réveil électronique marque 3 heures 33 qui peut être considéré comme le milieu de la nuit. Par contre le calcul sexagésimal avec sa base 60 rend impossible que mon horloge affiche 6 heures 66.

La moitié du monstre n’est pas le monstre. Cette pauvre moitié indique notre part d’ombre et de cauchemar. Elle est humaine.

Vive l’imagination qui ne débouche sur rien d’autre qu’elle-même !

A noter cependant que sans numérologie à la fois mathématique et sacrée, pas de pyramides, ni de cathédrales !

Le subconscient

Tu n’es pas maître de ton subconscient. N’en sois pas l’esclave.

Tu ne sais pas ce qui nourrit ton subconscient, mélange d’atavismes animaux, de souvenirs pourrissants, principalement dus à la petite enfance, de refoulements sordides, d’angoisses indicibles…, sans compter les tics et les tocs. Il y a du mécanique dans notre vivant.

N’aie pas honte de ton subconscient. Mais qu’il ne te déborde pas !

Ma présentation du subconscient est volontairement pessimiste, mais je n’oublie pas qu’il contient aussi les forces de l’amour.

Ne confond pas ta conscience avec de l’eau claire. Elle aussi a ses strates et ses sédiments. Elle est faite de réflexions, mais aussi de réflexes. Elle s’abreuve à l’expérience, mais aussi sempiternellement au fameux subconscient, salace, voire libidineux, scatologique, pathologique, éventuellement criminel. Ne triche pas, tu as des envies de meurtre

Ne me fais le coup de la pulsion. Tu es responsable. Développe ton sens de la responsabilité.

Tu as droit à tes émotions, à tes passions, à tes sentiments. Tu as du caractère et du tempérament. Ta liberté est un fleuve limoneux, ses eaux sont mêlées.

Je ne parle que par hypothèses.

Il demeure que, lorsque tu épouses une personne, tu te maries à son subconscient.

Les lois

Tu es soumis aux lois, aux lois de la nature et aux lois humaines.

Ne t’oppose pas aux lois naturelles. Bien au contraire, aime les, secours les. Retiens le précepte de Francis Bacon : c’est en obéissant à la nature qu’on lui commande.

Les lois humaines ont quelque chose d’arbitraire. Leur validité n’est parfois qu’historique. Obéis leur pourtant pour mieux les critiquer et les faire évoluer vers plus d’égalité et de liberté.

Ne nous faisons pas d’illusions, les situations authentiquement révolutionnaires sont rares. Le devoir de désobéissance n’est pas si fréquent.

Il ne faut surtout pas confondre démocratie et démagogie qui est son contraire. Ne prends pas tes désirs pour la réalité, tes préjugés pour la vérité.

Ce sont les peuples qui sont forts, mais ils ne le savent pas. Ils confondent trop souvent leur gigantesque puissance avec leurs préjugés, racistes, xénophobes, passéistes, paresseux, irréfléchis.

Travaille, travaille encore, d’abord pour t’améliorer toi même et, pourquoi pas ?, accéder au bonheur.

L’ensemble de ces lois, visibles ou implicites,  commandent ton comportement. Tu as bien besoin de règles, petit homme, ne serait-ce que celles de la politesse, petite vertu aux grandes conséquences, savoir-vivre, c’est-à-dire savoir-vivre ensemble.

En dehors des règlements, organise de façon féconde les règles et les lois  en un bel ensemble, cohérent- pour- toi, en leur ajoutant ta touche personnelle.

C’est ainsi que des lois naîtra ta Loi à laquelle il faudra parfois tout sacrifier de tes désirs et de tes vanités. La Loi est l’esprit des lois dans un sens qui évoque dans une certaine mesure Montesquieu, leur logique générale.

Au coeur des lois, la Loi ! Mets au dessus de tout ton désir de la Loi, que ce soit de façon épicurienne ou stoïcienne, que tu favorises tes désirs les plus naturels et les plus simples ou que tu te soumettes à la loi morale, à ton devoir éthique et social.

Je me suis cru longtemps plutôt stoïcien.  Je dois avouer que depuis quelque temps je glisse vers un épicurisme de sage retiré. Ce comportement que je suis tenté d’appeler sagesse, d’autres, dont notre amie Catherine, le nomment vieillesse.

Balint, plus le Yi King

Tu ferais bien de t’inspirer de Balint, l’un des meilleurs disciples de Freud, sur le caractère nécessaire, inéluctable de la diversité des comportements humains, y compris et surtout dans la même société, dans la même famille.

Respecte ta propre diversité, ne la soumets pas trop vite à une idée factice. Accepte tes évolutions, tes fluctuations sans te résigner à l’inconséquence.

Une magnifique illustration de cette multiplicité est donnée par le Yi King, le très ancien livre chinois des mutations, voire des métamorphoses.

Au calme, dans ton intériorité, dessine toi un hexagramme. Tu verras apparaître une part de toi-même. Rien là de divinatoire, mais un exercice de caractérologie.

Le Yi King montre à la fois la diversité et l’universalité des comportements humains. Il suppose une certaine capacité d!interprétation, fondée à la fois sur une très ancienne tradition rurale et des apports confucéens.

Pour ma part, je me suis dessiné l’hexagramme qui désigne le petit arbre isolé dans la montagne désertique.

Balint est sympa et le Yi King reste magique.

Marx n’est pas un monstre

Certains, jusque dans l’ultra-gauche, veulent interdire toute utilisation de Marx sous prétexte que le marxisme a suscité des monstruosités.

Ces salopards, dans un sens quasiment sartrien, bousillent les marxiens, marxistes dissidents, certes peu nombreux face aux marxistes-léninistes.

Ils oublient que Marx n’a pas créé une nouvelle économie politique, mais a critiqué celle qui existait. Marx est un classique.

En dehors des modes de production, qui structurent l’histoire humaine, et de la lutte des classes, le principal apport de Marx, dans sa critique du capitalisme, est la Plus-value qui rend compte de la nécessité pour les capitalistes de prélever un surproduit, au delà des nécessités de la simple reproduction humaine (biologique et sociale), afin de s’enrichir certes, mais aussi d’investir.

Le concept de plus-value explique que la concurrence n’aboutisse pas à la disparition pure et simple du profit comme le laissaient croire Adam Smith et Ricardo, les piliers de l’économie politique classique.

Ces salauds d’aujourd’hui ignorent tout de Tugan-Baranovsky, le penseur russe qui, avant 1914, avant la guerre et la révolution, a préconisé le « marxisme légal », c’est-à-dire la possibilité d’utiliser des concepts de Marx dans un but réformiste.

Propre aux sociétés primitives, une économie non-monétaire, pour se développer, prélève le sur-produit. Elle est fondée sur le troc. Dans l’avenir est peut-être imaginable une planification numérique parfaite, qui elle aussi comporterait épargne et investissement, soit ce que nous appelons surproduit, cette fois dans des conditions d’opulence

On n’a pas assez réfléchi au fait que, dans une économie monétaire, la seule possible actuellement, quand une entreprise, pour COLLECTIVE qu’elle soit, épargne et investit, elle prélève de la plus-value. Ce qui compte,  c’est à qui appartient le pouvoir.

Quant à la lutte des classes qui apparait évidente, surtout à l’échelle mondiale, elle ne signifie pas nécessairement la guerre. Elle est généralement pacifique.