Hommage à Ronsard ( 5 )

Maintenant que je me suis mis à Ronsard je n’en décolle plus :

Ce rire plus doux qu’ouvrage d’abeille
Ces perles à double rang plantées
Dans le corail de sa bouche vermeille
Ce doux parler qui réveille les morts
Ce chant qui enchante mes soucis
Et ces deux cieux entés sur deux astres
Annoncent la merveille de ma déesse
Du beau jardin de son riant printemps
Nait un parfum qui embaumerait l’orient
Et de tout sort le charme d’une voix
Qui tout ravis fait danser les bois
Planer les monts et montagner les plaines

Hommage à Ronsard ( 4 )

Avant que l’amour du chaos oisif
Ouvre le sein qui couvait la lumière
Avec la terre avec l’onde première
Sans art sans forme étaient brouillés les cieux
Ainsi mon Tout errait séditieux
Dans le giron de ma lourde matière
Sans art sans forme sans figure entière
C’est alors que l’amour le perça de ses yeux
Il arrondit de mes affects
Les petits corps à leur perfection
Il anima mes pensers de sa flamme
Il me donna la vie et le pouvoir
Il m’ébranla me fit en ordre mouvoir
Les pas suivis du globe de mon âme

Hommage à Du Bellay ( 8 )

Las où est maintenant ce mépris de Fortune ?
Où est ce coeur vainqueur de toute adversité
Cet honnête désir d’immortalité
Cette honnête flamme au peuple non commune ?
Où sont les doux plaisirs qu’au soir sous la nuit brune
Les muses me donnaient alors qu’en liberté
Sur le vert tapis d’un rivage écarté
Je les menais danser aux rayons de la lune ?
Maintenant la Fortune est maîtresse de moi
Et mon coeur qui était maître de soi
Est serf de mille maux et regrets qui m’ennuient
De la postérité je n’ai plus de souci
Cette divine ardeur je ne l’ai plus aussi
Et les muses de moi comme étranges s’enfuient

Hommage à Tahureau ( 2 )

Après avoir si longtemps pourchassé
Le moyen de me joindre à toi
Pour soulager mon mal
Et me voir aussi de tes bras enlacé
Voilà tu t’es offerte j’ai été embrassé
Nue contre nu tu n’as cessé d’étreindre
Mon corps chétif pesamment lassé
Toutefois plus ta grâce lascive
Se variait pour échauffer ma glace
Plus j’étais froidement languissant
L’amour hélas qui si fort me dompte
M’empêche Quelle honte !
De jouir doucement de toi

Hommage à Louise Labé ( 3 )

Hommage a été rendu à la poétesse le 8/2/2014 :

O beaux yeux bruns O regards détournés
O chauds soupirs O larmes répandues
O noires nuits vainement attendues
O jours luisants vainement revenus
O tristes plaintes O désirs obstinés
O temps perdus O peines dépensées
O mille morts en mil filets tendues
O pires maux à moi seule destinés
O front cheveux bras mains doigts
O luth plaintif viole archet voix
Tant de flambeaux pour brûler une femelle
De toi je me plains que portant tant de feux
En tant d’endroits mon coeur tâtant
N’en est sur toi volé quelque étincelle

Hommage à Maurice Scève ( 3 )

Scève était là le 6/12/2014 :

Comme un corps mort vaguant en haute mer
Ebat des vents passe-temps des ondes
J’errais flottant dessus le gouffre amer
Où mes soucis enflent en vagues profondes

Espoir tu te fondes
Sur la confusion de mes vaines merveilles
Soudain au nom d’Elle tu me réveilles
De cet abîme où je périssais

Ton son me corne aux oreilles
Tout étourdi je ne me connaissais pas

Rembrandt

Le néerlandais Rembrandt est dans mon palmarès personnel le plus important des peintres avec l’espagnol Vélazquez à la même époque, au XVII° siècle. L’un des aspects de ces oeuvres majeures, je l’appellerai « réalisme poétique ». Rembrandt s’est beaucoup peint. Non par narcissisme, mais pour témoigner du développement de l’individualisme en un temps où les Pays-Bas étaient en avance du point de vue du capitalisme, encore marchand, et de la démocratie représentative. Dans ses autoportraits Rembrandt ne s’est pas épargné. Il s’est peint sans complaisance comme il a peint aussi Bethsabée. L’indulgence est à chercher du côté de l’humanité profonde. Pour vieux qu’il soit Rembrandt est un être humain. Le portrait a une âme, quelles que soient les convictions philosophiques de chacun.

Hommage à Clément Marot ( 5 )

Difficile de quitter le charmant Marot. Voir le 7/2/2014 :

D’une dame à un importun :
Je désire tant ton repos
Que je t’avertis ( puisqu’il faut te le dire )
Que je ne suis pas disposée à t’aimer
Si tu veux donc semer pour cueillir
Trouve un autre champ et du mien te retire

Bref si ton coeur plus à ce chemin tient
Il ne fera qu’augmenter ton martyre
Car je ne veux aucunement te nommer
Mon serviteur

Tu peux donc une autre maîtresse élire
Plût à Dieu qu’en mon coeur tu puisses lire
Là où l’amour n’a pas su t’imprimer
Je m’ébahis sans te sous-estimer
D’avoir pris la peine de t’écrire

Piero

On a l’habitude d’admirer chez Piero della Francesca la beauté géométrique de ses grandes oeuvres au XV° siècle. Il était influencé par le platonisme fréquent dans cette première Renaissance. Platonisme présent de façon hallucinante dans la curieuse impassibilité des participants à une féroce bataille. Pour Platon l’instant est l’image mobile de l’éternité. Ce qu’illustre Piero. Mais Platon , c’est le culte de l’idée à condition qu’elle soit vraie, c’est à dire enracinée dans le réel. Pas seulement mathématique. Platon avait la tête dans le ciel et les pieds sur terre. Ce qu’illustre l’extrait que nous avons choisi, un peu par provocation.