« Translation » ici ne signifie pas transport, transfert d’un endroit à l’autre suivant des règles précises. Il se rapproche grandement du terme anglais qui signifie traduction, mais chez moi celle-ci n’est pas un mot à mot, certes base nécessaire, éventuellement inspirée, elle est transcription, adaptation peut-être créative, parfois un peu lointaine. Translater n’est pas sans rapports avec relater.
Il s’agit de privilégier le sens, tel que je l’analyse, au delà des significations.
Le résultat est que je suis seul responsable à bord. On ne peut incriminer ni les auteurs, ni leurs traducteurs.
Hétéro-Clite et Héraclite
Mon ami, mon frère, Hétéro-clite, a repris du poil de la bête. Son mot d’ordre actuel est : « ça ira », qu’il doit à la délicieuse chanteuse Joyce Jonathan et non à la chanson révolutionnaire. Il me donne des ordres ; c’est ainsi qu’il a exigé que je reprenne un court poème qui selon lui résume presque parfaitement la pensée d’Héraclite. Dans ce cas je me suis exécuté avec plaisir sans être tout à fait d’accord :
L’homme dans la nuit
Allume une lampe
Quand ses yeux sont éteints
Toujours vivant
Il touche la mort
Réveillé il croit dormir
La lumière n’est pas tout
Du besoin il passe au désir
Son ciel tourne autour de la terre
Héraclite en pleurait dieu mortel
Ses dieux n’étant que des hommes
Sans doute immortels
N.B. : Une variante de ce poème a donc été publiée le 1/06/2013
Anciens débuts
Parmi mes premières formules, je citerais :
Rien ne se réduit à l’unité
Je me suis construit ma grotte de Platon
La vie comprend la mort
Blog Montaigne
En ce jeudi ensoleillé je reprends ce blog qui me plait tant, mais qui n’attire pas assez d’amis inconnus si j’en crois l’absence de leurs commentaires.
Ayant lu cet été le beau livre d’Antoine Compagnon, « Un été avec Montaigne », éditions des équateurs, 2013, je pense désormais que l’auteur classique le plus proche du blog tel que je conçois est bien l’humaniste aquitain dans son ouverture, son mouvement, sa présence à la vie, sa modération, sa tolérance, son scepticisme positif…
J’essaie modestement de suivre ce modèle magistral.
Au revoir
J’ai ouvert ce blog le 27 février 2013. J’apprécie ce genre très libre. J’ai aimé publier 140 articles divers. Je suis l’auteur des textes et des dessins. Mon blog a attiré quelques centaines de visiteurs, quelques commentateurs, uniquement des parents et des amis que je remercie, plus des publicités déguisées et un obsédé raciste que je pourrais éventuellement poursuivre en justice.
En ce 20 juin je ferme provisoirement ce blog. Je compte ouvrir une nouvelle saison dans le courant du mois de septembre. En attendant, amitiés à tous ( sauf les racistes ). Signé : Guy Dhoquois 🙂
Amour
Matière noire, énergie noire formeraient plus de 90% de l’univers. Le moins qu’on puisse dire est que nous n’en connaissons pas grand chose et uniquement de l’extérieur. Cette ignorance contribue à ce que nous fassions référence à des cosmogonies anciennes, pour moi Héraclite et Empédocle. L’amour et la haine sont bien les deux principes de l’univers. Le moins qu’on puisse dire est que je ne maîtrise pas le problème, ni de façon immense, ni de manière personnelle. Le plus essentiel est encore plus hypothétique que notre vie privée. Si je ne connais pas l’univers, comment me connaitrais-je moi-même ?
Faire l’amour. Expression merveilleuse en vérité. Aimer d’amour. Expression mystérieuse. Comment pourrait-on aimer sans amour ? C’est sans doute plus fréquent qu’on ne le croit. Le grand La Rochefoucauld nous a prévenus : Pour aimer il faut avoir une idée pré-conçue de l’amour qui nous est inculquée socialement. Le risque est l’illusion, la prétention, le faux-semblant, voire le mensonge.
La question est plus vaste encore. Pour aimer, il faut aimer l’amour.
Léopards
Maman Léopard a des bébés. Deux mâles l’enlèvent, la séquestrent en pleine jungle jusqu’à ce qu’elle ait ses chaleurs. Les bébés ont disparu, sont morts. Maman Léopard les a oubliés. Elle a de nouveaux bébés. Elle est seule à s’en occuper. Elle les lèche affectueusement.
Cette histoire vraie est plus terrifiante qu’un conte de fée et de sorcière. Nous n’avons pas à adorer la Nature comme si elle était une déesse. J’avoue cependant avoir un faible pour les déesses-mères. Celle que je préfère, c’est Ishtar de Mésopotamie. J’en veux aux monothéismes de les avoir fait disparaître. Elles étaient trop proches de la nature, trop ambigües par rapport à elle si ambigüe.
La Nature nous a donné naissance, elle est en nous, autour de nous. L’ordre humain n’est possible, n’est concevable que dans le respect de la nature. Dans le même temps l’ordre humain invente du nouveau, fait reculer les violences primitives. Elles subsistent en profondeur, elles reviennent. Elles deviennent humaines, liées à l’envie, la jalousie, au culte de la hiérarchie, au refus de l’autre. Nous n’avons pas intérêt à nous y soumettre, à abdiquer.
Les mâles humains s’occupent des enfants ou du moins les admettent. Maîtresses du langage, les femmes sont les pionnières de la civilisation qui les protège, leur donne une juste place, pas de celle qui favorise la domination masculine. Je n’ai rien contre les femmes qui affirment leur féminité de façon éclatante, parfois extravagante, elles n’ont pas pour autant à être soumises aux hommes.
La démocratie adoucit les moeurs selon Tocqueville. La violence est toujours là. La moindre discussion, le moindre match peut se terminer en baston. La violence a ses ridicules.
N.B. : Ce mince savoir sur les léopards vient d’un documentaire télévisé de la série : « L’Afrique sauvage ».
Banalité
J’aurais voulu parler de la banalité. Mais si l’on reste dans la banalité, on reste banal. Il n’est pas banal que l’on ne puisse parler de la banalité que de façon pas banale. Prenons un exemple et non des moindres : Flaubert, après avoir parlé d’une pauvre et médiocre histoire de façon baroque et flamboyante dans « Madame Bovary », voulut se rapprocher du réel dans « L’Education sentimentale », le résultat fut gris, un peu triste. Même un étalage de fruits et légumes, tour de force d’écriture, perd ses couleurs. Subsiste de plus du premier roman le bovarysme, volonté forcenée de vivre une vie qui n’est pas faite pour vous.
Je ne m’intéresse vraiment qu’à 90% de la vie, les plus quotidiens, les moins spectaculaires, mais comment en faire état sans être ennuyeux, ce qui est le pire sort pour quelqu’un qui essaye de s’exprimer ? En plus je ne sais pas faire rire, même pas sourire 🙂
Mon choix périlleux vient peut-être de ce que, petit encore, j’ai lu la fable de Florian, poète sous-estimé, dont la morale est : « Pour vivre heureux, vivons caché ». Aujourd’hui encore je partage ce point de vue. J’avais peu de chances d’échapper à la banalité tout en espérant que ce fût la banalité du bien.
Histoires
Quelle est l’unité de l’Histoire ? Elle ne peut se décréter a priori . Nous avons affaire à une multitude d’histoires. L’Histoire crée chaque jour du nouveau, souvent de l’inattendu. On peut s’attendre à des rigidités, elles font partie du mouvement. On peut nommer celui-ci à nos risques et périls. Nos meilleurs concepts sont insuffisants face à une telle richesse.
La connaissance historique donne ce que Marc Bloch appelait « le tact de l’historien ». Celui-ci provient d’une connaissance concrète, en aucun cas d’un savoir abstrait. Mais il concerne le passé. Il faut rester ouvert au présent comme l’a fait Marc Bloch face à la deuxième guerre mondiale. Dans le concret du présent, qui seul nous importe vitalement, un illettré peut être plus utile qu’un agrégé de grammaire.
Un de mes regrets est d’avoir gravement sous-estimé la post-modernité pendant trente ans , après son explosion dans les années soixante. J’en restais à la modernité née dans les années soixante du XIX° siècle. J’ai découvert récemment Keith Haring.
Je ne regrette pas d’avoir étudié l’histoire. Elle n’est pas la science universelle. Il est bon de la compléter. Elle est fondamentale même si elle n’est pas à la hauteur de l’Histoire. Il reste permis d’avoir un mauvais rapport à l’histoire parce qu’on a une mauvais rapport à l’Histoire, riche en massacres et en injustices.
Formes
Les formes sont tout, le début et la fin, et surtout le mouvement. Elles nous ont précédé et nous succéderont. Elles sont l’univers lui-même. Les panthéistes n’avaient pas tort. Les formes s’emboitent, s’enchainent les unes dans les autres de l’infiniment petit à l’infiniment grand. Inutile de dire qu’elles prennent toutes les formes, toutes les apparences, toutes les essences. Le monde des formes est circulaire car toute forme est née d’une autre forme. Les formes ne sont pas matière même si elles sont le fond de ce que nous appelons matière qui n’est à sa manière qu’énergie. L’énergie est peut-être l’apparence principale des formes. Les formes nous apparaissent comme idées, comme concepts, mais pas seulement. Elles sont mots, émotions, sentiments, sensations. Elles sont images et peut-être surtout musique. Nous n’avons accès que très superficiellement à ce monde magique et fascinant, sans Dieu ni dieux, mais mythique et hautement symbolique. Dieu et les dieux sont des formes qui dénoncent d’autres formes. Nous ne pouvons que contourner ce monde pour le regarder de loin. Nous ne créons pas les formes, c’est elles qui nous créent. Nous pouvons juste en recréer certaines. L’univers des formes n’a ni début, ni fin tout en se métamorphosant continuellement. Le monde des formes nous englobe, nous enserre de toutes parts alors que nous croyons lui donner naissance. Les formes n’ont ni début, ni fin. Il n’y a pas de césure, de frontière, de contradiction entre le début et la fin.