L’aimance

Aimance. Ce mot, on le trouve rarement, très rarement, dans les dictionnaires, même spécialisés. On dirait qu’il se rend désireux… Peu à peu, au cours des années, ce mot a exercé sur moi un pouvoir extensif. Ses possibilités de notion active et de concept m’ont guidé vers une quête qui ne relève pas que de la littérature, mais se veut une éthique de l’immanence, dans les relations interpersonnelles, ou bien encore dans des lieux de passage et de résistance que vivent les hommes quand ils sont confrontés à la rencontre croisée entre les cultures, entre les pays, entre les sociétés, entre les spiritualités. Bref, la question de l’inter

J’appelle aimance cette autre langue d’amour qui affirme une affinité plus active entre les êtres, qui puisse donner forme à leur désir et à leur affection mutuelle, en son inachèvement même. Je pense qu’une telle affinité peut libérer entre les aimants un certain espace inhibé de leur jouissance. En cela, elle réclame le droit à l’art et à la pensée dans l’univers si complexe et si paradoxal des sentiments. C’est donc un art de vie, telle qu’elle est et telle qu’elle advient…

Encore faut-il pouvoir penser ce lieu où la jouissance nous fait le don d’un nouvel idiome. L’aimance ne se substitue pas à l’amour en tant que mot et fragment du réel, elle le prolonge, si bien qu’elle est à la pointe de ses apories, qui sont souvent incarnées dans la passion et sa mythologie.

Abdelkébir Khatibi (Poésie de l’Aimance).

J’ajouterais seulement que dans le mot aimance, il y a la notion de mouvance et de dynamique, qui permet de transformer l’attraction affective en un art de vivre la rencontre. Elle s’inscrit donc parfaitement dans la volonté de penser sa vie et de vivre sa pensée.

Maria Zaki

Commentaires :

Bolognini Stéphane dit :

06/12/2011 à 21:36

Bonsoir à vous
Quoique disent les autres sur ce mot qui les dépasse, je le vis à chaque instant depuis le mois d’octobre sans vouloir en décrocher.
J’ai plus que de certitudes concernant ce genre d’amour si rare et pourtant si présent en moi.
Pour un homme, cela peut paraître étrange au début. Ma quête de vérité m’a rendu si curieux et tenace, car, je suis parvenu à ressentir cela pour une personne que j’ai rencontrée il y a 8 ans.
Il y a eu presque 6 ans à vouloir l’oublier mais je n’ai pu en réalité.
En octobre, alors que j’étais en formation en dordogne, je ressentais au fond de moi une pensée agréable pour m’endormir. Elle est revenue par la force naturelle des choses.
Cela a enclenché ce si doux processus.
C’est vraiment sublime. Mais aucun mot ne saurait le définir.
Il faut vraiment le vivre pour le croire. j’en ai oublié la souffrance et ma maladie mentale.
La question demeure : peut-on aimer réellement quelqu’un dans l’aimance?

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Tom Bouman dit :

01/05/2011 à 20:56

Paul Diel, La peur et l’angoisse (Petite Bibiothèque Payot 78, 1985-1992-2004), p. 152:

‘L’aspect spiritualisant de l’intégration mémoriale est inséparable de son caractère sublimant
qui opère la métamorphose de l’angoisse en aimance.’