Passons vite
Comme les pèlerins
Sans attendre ce que la vie
Soi-disant nous doit
Mais ne passons pas
Comme la biche
Traquée dans le bois
Ni comme l’insecte
Qu’on écrase du doigt
Et que notre passage
Soit du genre éphémère
Comme le flocon de neige
Sous le soleil d’hiver
Ou la vie de la fleur
Que l’on vient de cueillir
Et qui ne sait pas
Que sa vie va finir
Passons vite
Sans altérer l’étonnement
Qui nous relie au monde
Hors du temps
Passons vite
Sans perdre le chemin
Périssable et étroit
Qui nous unit
À tous les mondes à la fois
Extrait du nouveau recueil de poèmes “Un tout autre versant” , coécrit avec Jacques Herman qui vient de paraître chez L’Harmattan, Collection Accent Tonique, selon le procédé de la POÉSIE ENTRECROISÉE. Chaque poème se compose à la fois de mes vers et de ceux de Jacques Herman, les premiers en caractères romains, les seconds, en italiques.
Maria Zaki et Jacques Herman ont déjà accompli un parcours substantiel dans l’art du dialogue en vers puisque Un tout autre versant est leur troisième champ d’écriture où leurs voix parallèles sèment le grain. Entreprise audacieuse et des plus originales dont nous ne connaissons pas d’équivalent contemporain.
L’un des deux donne le ton – le chant du départ en quelque sorte -, l’autre y répond dans le droit fil ou en creusant un certain écart, une distance de liberté, un nouveau sillon qui relancera le propos dans une direction inattendue…
Jacques Tornay.