À travers la lucarne

À travers la lucarne

Plus rien ne me parle

Que le chant assourdi

Des étoiles naissantes

Dans l’agonie du jour


L’instant semble pris

Entre l’inaccessible

Vérité

Et le mystère invariable

Que seule la foi

Adoucit


Un léger murmure

Un bruissement d’ailes

Que l’oreille tendue

Tente de percevoir

Vient meubler le silence

De la nuit qui descend

Dans l’indifférence


Alors ni le jour n’est jour

Ni la nuit n’est nuit

C’est juste un regard

Suggéré par l’ouïe

Extrait de “Un tout autre versant ” Poésie entrecroisée de Maria Zaki et Jacques Herman, L’Harmattan, 2016.

La grande vague

La grande vague

De la langue de bois

Déferle sur le langage

Des mots se noient

D’autres nagent


Le bon sens enrage

Contre les rhéteurs

Patentés

Académiques

Sinistres imposteurs

Suffisants

Narcissiques

De ces siècles tragiques

Que nous traversons


La maman des poissons

En profite pour montrer

À ses petits

À quoi ressemblent

Les mots filet et hameçon

Extrait de “Un tout autre versant ” Poésie entrecroisée de Maria Zaki et Jacques Herman, L’Harmattan, 2016.

Par docte ignorance

D’un côté les livres

Jugés impurs

Tombent sous le joug

De l’indifférence


Et de l’autre ceux

Qui furent obscurcis

Par docte ignorance


Par-ci le pouvoir

Des mots enjôleurs

Qui distordent le cours

Normal du silence


Et par-là des récits

Fallacieux et menteurs

Jalonnés d’erreurs

Et de partis-pris

De mauvaise foi

De torsions de sens

Et de faux compromis

Extrait de “Un tout autre versant ” Poésie entrecroisée de Maria Zaki et Jacques Herman, L’Harmattan, 2016.

Dans le même élan

Le jour commence

Par une seule parole

Jaillissement ardent

Qui déploie ses ailes

Dans le vent


Tout dans la bouche

Est espérance

Chantant l’alliance

Qui se renouvelle

À perte de ciel

À contre-courant


La grande vague

Du silence essentiel

Qui déferle

Sur les verbiages

L’attend au couchant


Et le cœur qui jette

Ses chaînes au soir

Tisse une digue

De prudence

Dans le même élan

Maria Zaki (Inédit, 2016).


L’aube qui se lève

L’aube qui se lève

Sur le champ de l’aimance

Colorée et calme

Coupe et rafistole

Dans le cœur

Rêve et réveil

Mythe et réel


Pour peu

Que l’amitié

Soit au plus haut

Et la passion

Au plus bas

L’une traversant l’autre

Sauvegarder

Ce versant du monde

Est le plus beau

Des flegmes

Maria Zaki (Inédit, 2016).

Tu refuses

Tu refuses d’être

Orphelin de tes rêves

Que la nuit étoilée

Commence ou achève


Bien que l’odeur

De l’espérance

Qui devrait durer

Soit toujours brève


Tu le sais

Très vite arrivera

L’odeur de la terre

En guise d’ultime

Réconfort


Seule parfois

Une intuition incomprise

Sans carte ni boussole

Te ramène au port

Maria Zaki (Inédit, 2016).

Au bord du Léman

La neige sur les Alpes

Fond doucement

En s’évaporant

Vers les cieux


Au bord du Léman

Les rayons de soleil

Recolorent

Les brumes d’avril

D’un bleu soyeux


Des voix douces

Emplies d’aimance

Se dispersent

Dans l’atmosphère


La gent ailée

À notre étonnement

Anime mille étincelles

Dans nos yeux

Puis quitte la terre

Et notre rêve la suit

Sans trébucher dans la matière

Maria Zaki (Inédit, 2016).

Tenter de démêler

Tenter de démêler

Ses fils régulièrement

Pris dans un tourbillon

Alors que l’âme

Est éperdue de l’océan


Braver ses déficiences

De transparence en transparence

Et soulever de nouvelles vagues

En brisant leur patience


Jusqu’à l’heure où le corps

Retournera à la terre

D’où il est venu

Et où l’âme émue

Retrouvera son Infini

Maria Zaki (Inédit, 2016).

Un tout autre versant

S’il arrive parfois

Que d’une ombre surgissent

Les contours incertains

D’un profil menaçant

Il arrive souvent

Que nous nous méprenions

Tant sur sa nature

Que sur ses intentions


Incapables de cerner

Les raisons intimes

D’une telle apparition

Nous perdons pied

Victimes

De nos propres illusions


Il est bien plus fréquent

Que nos appréhensions

Ne durent pas

Plus que l’espace

D’un court instant


Les pressentiments

Sont aux sentiments

Ce que sont au silence

Des bruits courts

Mais assourdissants


Si nous laissons

Notre corps se poser

Et notre esprit se reposer

Nous nous surprenons

À découvrir du monde

Un tout autre versant

Extrait de « Un tout versant » Poésie entrecroisée de Maria Zaki et Jacques Herman, L’Harmattan, 2016.

Derviches tourneurs

Je t’invite à la danse

Hors des bornes du temps

À interroger le vent

Sur le secret

De l’alliance


Les bruits assourdissants

Se muent en silence

Et les hautes voix

Ne nous atteignent pas


Dans le jour qui décline

Comme se fanent les fleurs

Nettoyons-nous

Des scories immondes

Et de tous nos naufrages


N’en déplaise au grand large

Le cristal de l’âme

Brille contre les humeurs

Et les ignominies


Pivotons sur nous-mêmes

Et dans l’axe du monde

Un peu à l’image

Des derviches tourneurs


Puis ivres sans vin

Buvons encore

Couverts de rosée

Les rayons de l’aurore

Extrait de « Un tout autre versant  » Poésie entrecroisée de Maria Zaki et Jacques Herman, L’Harmattan, 2016.