Parle-moi (حدثني)

Parle-moi d’océan

Quand je regarde

La ligne de l’horizon

Se noyer dans la brume


Parle-moi d’oasis

Et combien plus

En absence d’eau

Au seuil de nos dunes


Parle-moi de l’amour

Qui allume nos couleurs

Sans éteindre

L’éclat de la lune


Nous voici

Tous les deux

Disposition à l’écoute

Et besoin d’écouter


Ensemble sous

Un ciel silencieux

Nous apprenons

La patience du berger


حدثني عن المحيط

حينما أرى خط الأفق

يغرق في الضباب

 

حدثني عن الواحة

أكثر من أي وقت آخر

حينما تغيب المياه

عن عتبة كثباننا

 

حدثني عن الحب

الذي يبهج ألواننا

دون أن يوقف سطوع القمر

 

ها نحن معا

في تأهبٍ للإصغاء

بحاجة للاستماع

 

ها نحن معا

تحت صمت السماء

نتعلم صبر الرعاة

Maria Zaki , Le chemin vers l’autre (الطريق الى الآخر ), L’Harmattan, 2014.

Parcourir le labyrinthe des sourds

Parcourir le labyrinthe

Des sourds

Symphonie amoureuse

En bouche


Déployer sa toile

De transparence

Au bord de l’océan

Faisant mine de dormir

Dans l’orange du soleil

Qui se couche


Et apprendre

À son cœur éprouvé

Par l’insoutenable fracture

L’exercice du pardon


Que faut-il d’autre

Pour sortir du temps

Et de ses lamentations ?


Peut-être

Un grain de folie

Planté dans

Ses limitations !

Maria Zaki (Extrait de « Soudain les roses pourpres », 2012).

À la faveur de la lumière de l’esprit

À la faveur

De la lumière de l’esprit

Qui nous défend

De nous égarer

Dans ce qui se laisse

Obscurcir

Ou de creuser

La moindre blessure

Sous la robe transparente

De la science

Voici le signe


Tremblant par la grâce

D’une flamme

Sans aucun artifice

Qui nous conduirait

À un vide radieux

Nous effleurons l’indicible

Le temps d’un battement de cil


Puis naviguant

En haute mémoire

Sur la trace d’un pacte paradoxal

Nous respectons le nombre d’or

D’un respect distant

Qui admet le présent

Et tous les avenirs

Maria Zaki (Inédit, 2016).

À travers la lucarne

À travers la lucarne

Plus rien ne me parle

Que le chant assourdi

Des étoiles naissantes

Dans l’agonie du jour


L’instant semble pris

Entre l’inaccessible

Vérité

Et le mystère invariable

Que seule la foi

Adoucit


Un léger murmure

Un bruissement d’ailes

Que l’oreille tendue

Tente de percevoir

Vient meubler le silence

De la nuit qui descend

Dans l’indifférence


Alors ni le jour n’est jour

Ni la nuit n’est nuit

C’est juste un regard

Suggéré par l’ouïe

Extrait de “Un tout autre versant ” Poésie entrecroisée de Maria Zaki et Jacques Herman, L’Harmattan, 2016.

La grande vague

La grande vague

De la langue de bois

Déferle sur le langage

Des mots se noient

D’autres nagent


Le bon sens enrage

Contre les rhéteurs

Patentés

Académiques

Sinistres imposteurs

Suffisants

Narcissiques

De ces siècles tragiques

Que nous traversons


La maman des poissons

En profite pour montrer

À ses petits

À quoi ressemblent

Les mots filet et hameçon

Extrait de “Un tout autre versant ” Poésie entrecroisée de Maria Zaki et Jacques Herman, L’Harmattan, 2016.

Par docte ignorance

D’un côté les livres

Jugés impurs

Tombent sous le joug

De l’indifférence


Et de l’autre ceux

Qui furent obscurcis

Par docte ignorance


Par-ci le pouvoir

Des mots enjôleurs

Qui distordent le cours

Normal du silence


Et par-là des récits

Fallacieux et menteurs

Jalonnés d’erreurs

Et de partis-pris

De mauvaise foi

De torsions de sens

Et de faux compromis

Extrait de “Un tout autre versant ” Poésie entrecroisée de Maria Zaki et Jacques Herman, L’Harmattan, 2016.

Dans le même élan

Le jour commence

Par une seule parole

Jaillissement ardent

Qui déploie ses ailes

Dans le vent


Tout dans la bouche

Est espérance

Chantant l’alliance

Qui se renouvelle

À perte de ciel

À contre-courant


La grande vague

Du silence essentiel

Qui déferle

Sur les verbiages

L’attend au couchant


Et le cœur qui jette

Ses chaînes au soir

Tisse une digue

De prudence

Dans le même élan

Maria Zaki (Inédit, 2016).


L’aube qui se lève

L’aube qui se lève

Sur le champ de l’aimance

Colorée et calme

Coupe et rafistole

Dans le cœur

Rêve et réveil

Mythe et réel


Pour peu

Que l’amitié

Soit au plus haut

Et la passion

Au plus bas

L’une traversant l’autre

Sauvegarder

Ce versant du monde

Est le plus beau

Des flegmes

Maria Zaki (Inédit, 2016).

Tu refuses

Tu refuses d’être

Orphelin de tes rêves

Que la nuit étoilée

Commence ou achève


Bien que l’odeur

De l’espérance

Qui devrait durer

Soit toujours brève


Tu le sais

Très vite arrivera

L’odeur de la terre

En guise d’ultime

Réconfort


Seule parfois

Une intuition incomprise

Sans carte ni boussole

Te ramène au port

Maria Zaki (Inédit, 2016).

Au bord du Léman

La neige sur les Alpes

Fond doucement

En s’évaporant

Vers les cieux


Au bord du Léman

Les rayons de soleil

Recolorent

Les brumes d’avril

D’un bleu soyeux


Des voix douces

Emplies d’aimance

Se dispersent

Dans l’atmosphère


La gent ailée

À notre étonnement

Anime mille étincelles

Dans nos yeux

Puis quitte la terre

Et notre rêve la suit

Sans trébucher dans la matière

Maria Zaki (Inédit, 2016).