Sous les crocs acérés

Sous les crocs acérés

De ton histoire

Tu es victime

Haine contre force

Force contre crime


Te chassent vers le large

Le marchand d’armes

Et le fauve insurgé

Jamais l’un sans l’autre

Pour t’ensanglanter


Pour exécuter en ton nom

Et t’exécuter

Toi le déjà sacrifié

Dans l’échiquier

De la corruption mondiale

Aux jeux de guerre

Et de pouvoir


Maria Zaki (Inédit, 2015).

Sous les étoiles

Sous les étoiles

Au commencement

Le chemin de l’aimance

Efface

Tous les boulevards


Les pas accordés

Se faufilent

Au milieu de la nuit

Et confient

Leurs secrets au destin

Qui le cache

Dans un bel écrin


Les vers flottent

Au rythme des vagues

Donnent chair au poème

Et tentent de libérer

Le cœur de ses peines


Mais de l’intérieur

Des plis de l’amour

Tombent les uns

Après les autres

De nombreux désirs


Si ce qui se perd

N’est que matière

Ils se relèveront

En douceur


Maria Zaki (Inédit, 2015).

Risquerai-je

Risquerai-je

Ma pensée intime

Dans cette assemblée

De faux humains

Comme on met

Au feu la main ?

Je ne crois pas !

Des silences lourds

M’environnent

Des voix vides

Claironnent

Elles se disent

Des vérités dont

Je suis sûrement

Indigne

Je tiens mes rêves

Intrépides et insensés

Tout contre moi serrés

De peur qu’on

Me les piétine !

Maria Zaki (Sur les dunes de l’aimance, 2011).

Une note ou deux

L’oiseau

Qui bat de l’aile

Chante bas


Faute de mélodie

S’élevant vers le ciel

Une note ou deux

Montent vers le toit


Là-haut

Il y a peut-être

L’oreille d’un chat !

Maria Zaki (Inédit, 2015).

Effacer les traces

Effacer les traces

Des grandes illusions

Acquises par héritage


Congédier

Les vierges faussées

Les sirènes bigleuses

Et les houris de bas étage


Défaire les liens

Entre les eaux

Agitées de son cœur

Difficile à consoler

Et les grands barrages


Il ne reste sous les cils

Ni mer ni terre

Le voile est retombé

Sur les visages

Et l’horizon s’est noyé

Dans l’actuel paysage

Maria Zaki (Inédit, 2015).

Les arbres de ma ville

Des hommes de loi

La loi de non-retour

Sévissent en ville

À abattre les arbres


Aucune voix

Ne se fait entendre

De crainte que pleuvent

Sur elle les coups

De l’ignorance

Et de la cupidité


La ville est peuplée

Mais à travers

Ses méandres désolants

D’obéissance

Le langage s’est dépeuplé


Des branches encore

Remplies de leurs fruits

Et des troncs de tous âges

Tombent par milliers


Des mains complices

Et des tronçonneuses

Les destinent sans pitié

Au feu des cheminées

Maria Zaki (Inédit, 2015).

Seule la lune

Il semait des cailloux

Sur le chemin

Mais ne le faisait pas

Au hasard


Le soir

Des cailloux luisants

Le jour

Des cailloux éteints


C’est qu’il avait

Dit-on

Des connaissances

D’homme de terrain


Le cerveau carré

L’œil vertical

Il ne doutait de rien


Rien ne perlait

À son front

Où la fierté

Séchait la sueur


Seule la lune

Voyait venir

Un vent soulevant

Des vagues de poussière

Maria Zaki (Inédit, 2015).

Dans le dessin du sensible

Des mots libres

De la pensée ouverte

S’incurvent

Dans le dessin du sensible


Une plume les a relâchés

Pour tourner

Et retourner le destin

De la page docile


Plus perceptibles

Que la caresse

Plus éclairants

Que la pupille


Ils passent le pont du rêve

Montent en hâte

Les marches de l’âme

Pour y laisser

Une trace indélébile


Sept chevaux les portent

A travers les cieux

Vers leur seconde origine

Maria Zaki (Inédit, 2015).

Le ruisseau coule

Aux confins du silence

Le ruisseau coule

Il barbouille son visage

D’un morceau de ciel

De deux ou trois nuages

Au gré de son humeur


Inutile de préciser

Qu’il ne s’inonde pas

De questions

Sur sa longueur

Sur sa largeur

Ni sur sa profondeur

Maria Zaki (Inédit, 2015).

On ne compte pas

Dans un moment

De grâce inouï

Où les champs

Se détachent de la terre

Où le ciel est vert

Et la prairie bleue


Les lèvres proclament

La grandeur de Dieu

Et le corps s’entortille

Dans les champs fertiles

De l’imaginaire


On ne compte pas

Les nuages blancs

Qui se perdent

Et se retrouvent

Dans les yeux


Ni les gouttes de pluie

Qui s’évaporent

A peine tombées

Dans la beauté du lieu

Extrait de « Risées de sable » recueil de poèmes coécrit avec Jacques Herman (L’Harmattan, 2015).