Consacré aux roses

Dans l’espace

Consacré aux roses

Tous les parfums

Partageables

Se mettent en résonance


Malgré les épines

Aucune plainte

Ne s’élève

Vers les cieux


Une hospitalité

De terre et de ciel

Se met en jeu


Un soleil inattendu

En pleine nuit

Inonde les lieux

Maria Zaki (Inédit, 2015).

Parlons de l’autre

Parlons de l’autre

Qui reprend pied

En soi

De quel côté de la vague

Se tient-il ?


Nul n’a bu la tasse

Comme lui et pourtant

Il nage tous les matins

S’entraîne sans témoin

Et sans déranger

Les yeux du monde


Encore des kilomètres

À parcourir

Au grès des vents

Avant d’atteindre

La rive impunément

Maria Zaki (Inédit, 2015).

Le long des murs

Le long des murs

De la surdité humaine

Des pas résonnent

Sans jamais se rejoindre


Dans une espèce

De nulle part

Où règne une maladie

À la fois connue

Et inconnue

Mi-ignorance

Mi-indifférence


Puis sans voir

Ni percevoir

On repart comme

On est venu

Mais les pieds devant


Maria Zaki (Inédit, 2015).

Tu quittes

Tu quittes ta terre

Tu quittes tes fleuves

Tes montagnes

Tu quittes tout

Tu ne crois plus à rien


Pas plus que la fleur

Fanée avant l’heure

Tu ne connais ton destin


Un vent violent et fou

T’a mortellement blessé

Tes plaintes montent aux cieux

Où se sont condensées

Des parcelles de ténèbres


Maria Zaki (Inédit, 2015).

Sous les crocs acérés

Sous les crocs acérés

De ton histoire

Tu es victime

Haine contre force

Force contre crime


Te chassent vers le large

Le marchand d’armes

Et le fauve insurgé

Jamais l’un sans l’autre

Pour t’ensanglanter


Pour exécuter en ton nom

Et t’exécuter

Toi le déjà sacrifié

Dans l’échiquier

De la corruption mondiale

Aux jeux de guerre

Et de pouvoir


Maria Zaki (Inédit, 2015).

Sous les étoiles

Sous les étoiles

Au commencement

Le chemin de l’aimance

Efface

Tous les boulevards


Les pas accordés

Se faufilent

Au milieu de la nuit

Et confient

Leurs secrets au destin

Qui le cache

Dans un bel écrin


Les vers flottent

Au rythme des vagues

Donnent chair au poème

Et tentent de libérer

Le cœur de ses peines


Mais de l’intérieur

Des plis de l’amour

Tombent les uns

Après les autres

De nombreux désirs


Si ce qui se perd

N’est que matière

Ils se relèveront

En douceur


Maria Zaki (Inédit, 2015).

Risquerai-je

Risquerai-je

Ma pensée intime

Dans cette assemblée

De faux humains

Comme on met

Au feu la main ?

Je ne crois pas !

Des silences lourds

M’environnent

Des voix vides

Claironnent

Elles se disent

Des vérités dont

Je suis sûrement

Indigne

Je tiens mes rêves

Intrépides et insensés

Tout contre moi serrés

De peur qu’on

Me les piétine !

Maria Zaki (Sur les dunes de l’aimance, 2011).

Une note ou deux

L’oiseau

Qui bat de l’aile

Chante bas


Faute de mélodie

S’élevant vers le ciel

Une note ou deux

Montent vers le toit


Là-haut

Il y a peut-être

L’oreille d’un chat !

Maria Zaki (Inédit, 2015).

Effacer les traces

Effacer les traces

Des grandes illusions

Acquises par héritage


Congédier

Les vierges faussées

Les sirènes bigleuses

Et les houris de bas étage


Défaire les liens

Entre les eaux

Agitées de son cœur

Difficile à consoler

Et les grands barrages


Il ne reste sous les cils

Ni mer ni terre

Le voile est retombé

Sur les visages

Et l’horizon s’est noyé

Dans l’actuel paysage

Maria Zaki (Inédit, 2015).

Les arbres de ma ville

Des hommes de loi

La loi de non-retour

Sévissent en ville

À abattre les arbres


Aucune voix

Ne se fait entendre

De crainte que pleuvent

Sur elle les coups

De l’ignorance

Et de la cupidité


La ville est peuplée

Mais à travers

Ses méandres désolants

D’obéissance

Le langage s’est dépeuplé


Des branches encore

Remplies de leurs fruits

Et des troncs de tous âges

Tombent par milliers


Des mains complices

Et des tronçonneuses

Les destinent sans pitié

Au feu des cheminées

Maria Zaki (Inédit, 2015).