Points de suspension

Prenez tous mes mots

Présents et passés

Directement livrés

Ou entre parenthèses


Et ramassez

Aussi ceux

Qui se cachent

Entre les lignes


Mais ne touchez pas

A mes points

De suspension…

Maria Zaki (Inédit, 2014).

Les plantes du sous-bois

Les plantes

Du sous-bois

N’ont guère le choix


Pour survivre

A la pénombre

Elles s’adaptent


Si par malheur

Elles baissaient le front

Elles mourraient

De désolation


Elles regardent

Infatigables

Le toit de la forêt


Et au moindre rayon

De lumière

Elles tremblent de joie

Maria Zaki (Inédit, 2014).


Imagine

Imagine

Que la petite rose

Emergeant à ta surprise

Du parterre défraîchi

Se mette à te sourire


Imagine

Que d’autres êtres

En affinité

Avec le monde végétal

La fassent sous ta main

Resplendir


Tu ne saurais alors

Quelle plante discrète

Illumine ta nuit

Ni quel précieux minéral


La forme imaginale

N’est qu’un leurre

Là où le parfum

De l’amour exhale

Maria Zaki (Inédit, 2014).

Sous l’érable

Parle-moi encore

Sous l’érable

Pour réveiller

Mon esprit amnésique


Comme lui

Protège mon corps

Au bord de l’insolation

De ton ombre qui guérit

Des lumières narcissiques


Tu peux regarder

Au loin

Ou hausser les épaules

Mais ne me cache

Jamais ton opinion


Ramasse une poignée

De terre mouillée

Sous nos pieds

Et montre-moi

Comment s’enterrent

L’arrogance d’une vie

Et ses prétentions

Maria Zaki (Inédit, 2014).

Ton sourire

Voici du papier

Et une plume verte

Dessine-moi

Ton sourire


Fais frémir l’ange

Caché

Dans la chair du papier

Mais sans me le dire


Ne crains pas

Le désordre heureux

Courant en minces

Lignes rouges


Ni le vent hasardeux

Grisonnant

De soie et de sagesse

Les tempes et les cheveux


Le destin les a noyés

Dans le miel des lèvres

Et ajouté dessus

Une poignée de vers

Maria Zaki (Et un ciel dans un pétale de rose, Poèmes entrecroisés, 2013).

Le port ou l’esquif

L’esprit jette son ancre

Dans des pépites de vie

Et des jeux furtifs


Le temps emprunté à la mort

Se perd dans

Des trajets hâtifs


Parfois on ne sait

Qui oscille

Le port ou l’esquif

Maria Zaki (Inédit, 2014).

Ô mon autre (يا أنا الآخر)

J’aime te retrouver

Ô mon autre

Sur la voie


Quelque peu sauvage

Etonné

Ému

Confondu


Poème extrême

Sur le bout des lèvres


La voix intérieure

D’une fidélité

Parfois infidèle

À l’extérieur


Succombant au charme

D’une symbiose

Ombre intense

Et lumière fondues

****************

يا أنا الآخر

أحب لقاءك

يا أنا الآخر

على الطريق

متوحش الى حد ما

مندهش

عاطفي

مرتبك


بيت القصيد

على طرف الشفاه


صوت وفي لحديث الداخل

أحيانا

أقل وفاء

لنداء الخارج


مستسلم لسحر التوافق

بين الظل الكثيف والنور

Maria Zaki (Le chemin vers l’autre, 2014).

Être de ce chemin (الكون على هذا السبيل)

L’affection enracinée

Dans le cœur

Envahit le corps

Cellule par cellule


Nul ne peut l’empêcher

De prendre possession

De sa demeure


Être de ce chemin

C’est tendre les mains

Vers l’infini


C’est accepter l’autre

Le semblable

Et l’opposé

*******************

الكون على هذا السبيل

المودة المتجذرة في القلب

تغزو الجسم

خلية بعد خلية


لا أحد يمكن أن يمنعها

من امتلاك

مكان اقامتها


أن نكون على هذا السبيل

هو أن نمد يد العطاء

الى ما لا نهاية


هو قبول الآخر

مماثلا أو معارضا

على حد السواء

Maria Zaki (Le chemin vers l’autre, 2014).

Le chemin vers l’autre (الطريق الى الآخر )

Le chemin vers l’autre

Se poursuit

Les pas porteurs

D’amitié fraternelle

Avancent sincères


Le sourire aux lèvres

Et l’esprit confiant

Lieu d’une hospitalité

Séculaire


De la rose du temps

Qui nous est imparti

Exhale

Un instant à l’abri

De l’indifférence

Comme une lumière

À l’ombre du destin


Peu importent les paysages

Ici on ne voyage qu’entre

Un visage et un autre visage

Un visage vêtu de son sourire

L’autre ruisselant de larmes


Peu importe la destination

Seule compte

L’inaccessible quête

Qu’on accepte

Dans son inachèvement


Ici on fait le chemin

Vers l’autre

En complice volontaire

Ou on ferme à jamais

Les yeux et le cœur

********************

الطريق الى الآخر

الطريق الى الآخر

يتواصل

خطوات الصداقة الأخوية

تتقدم بكل وفاء


البسمة على الشفاه

والنفس موضع

حسن الظن والضيافة

دائما تتفتح


من وردة الزمن المعين لنا

نتنسم لحظة نور

بعيدا عن اللامبالاة

تحت ظلال المصير


أيا كانت المشاهد

هنا لا نسافر

إلا بين وجه وآخر

وجه تعلوه الابتسامة

والآخر يتدفق بالدموع


أياً كان المصير

يكفي

أن نرضى

بما يتعذر نيله

من باب السعي


هنا نسير نحو الآخر

لنساعده طوعيا

أو نغلق عيوننا وقلوبنا

الى الأبد

Maria Zaki (Extrait du nouveau recueil de poèmes bilingues  « Le chemin vers l’autre »

 » الطريق الى الآخر » éd. Le Scribe-L’Harmattan, 28  Avril 2014)

L’œil solaire

L’œil solaire

Tient peu compte

De la tempête

Brusque et passagère


Pour faire tomber

Craintes et peurs

Il secoue les cils

Pendant que la marée

Lave les paupières


En l’absence du phare

Qui signale les récifs

Il entretient

Une légère méfiance

Des nuits dépourvues

De lune sincère

Maria Zaki (Inédit, 2013).