Allons soleil

Allons soleil

Debout

Réveille-toi

Secoue-toi

Prends ton courage à deux mains


Ce n’est pas le moment

De faire la grève

Nombreux sont ceux

Qui comptent sur toi


La nuit voudrait mourir

Dans la paix de l’aube

Elle aspire au repos

Comme la garde qui veille

Au pied du château


Allons soleil

Allons

Fais un dernier effort

Lève-toi

Et titille encore

Une fois

Le ciel qui dort


Dissipe les ténèbres

Inonde de rayons

Les collines à l’horizon

Puis descends sur les villes

Et les champs alentour


Ranime les demeures

Du plancher au toit

Et fais frémir de joie

Lucarnes et fenêtres


Allons soleil

Allons

Debout

Réveille-toi

Secoue-toi

Prends ton courage à deux mains

Fais éclater le jour

Extrait de « Risées de sable » recueil de poèmes coécrit avec Jacques Herman (L’Harmattan, 2015).

Descendre lentement

Descendre lentement

L’un après l’autre et prudemment

Les barreaux de l’échelle

Du temps révolu

Retrouver le sourire

De ceux que nous aimions

Et qui nous ont aimés

Alors que

Nous n’y croyions plus


Fredonner une chanson

Le long du chemin

Qui mène à la maison

Où nous sommes nés


Regarder passer le train

Comme un point

Mouvant

Dans la lumière

Du soleil couchant


Reprendre la main

Géante du grand-père

Et marcher avec lui

Dans la forêt voisine

En longeant la rivière


Retrouver des pensées

Des émois

Des voix familières

Des sons et des couleurs


Se laisser envahir

Par les bonnes odeurs

De la vieille cuisine

Par l’image apaisante

De la grand-mère

Riant avec la voisine


Réapprendre à nager

La peur au ventre

Dans la mer en été


Et remonter à vélo

Les genoux égratignés

De nos chutes répétées

Extrait de  « Risées de sable » recueil de poèmes coécrit avec Jacques Herman (L’Harmattan, 2015).


Langage des feuilles

Deux grands bassins

Pleins à ras-bord

D’une eau limpide

Que le ciel bleuit

Et que le vent ride


S’offrent aux yeux

Sans se confondre

Dans l’ineffable lumière

Comme les ailes

D’un oiseau bleu


Dans l’allée centrale

Comme chaque jour

Les pavés

S’échangent des mots d’amour

Ou des propos acides

Quelques-uns reprennent

Des disputes banales


À l’étroit dans les bordures

Des chuchotements

Des petits bégaiements

Des murmures

Tentent de retenir

L’attention

Sans y parvenir


Et dans les branches des tilleuls

Comme un vrombissement

Léger

À peine audible

Intraduisible

Si l’on ne comprend pas

Le langage des feuilles

Extrait du nouveau recueil de poèmes « Risées de sable » coécrit avec Jacques Herman, qui vient de paraître chez L’Harmattan, Collection Accent Tonique. Chaque poème se compose à la fois de mes vers et de ceux de Jacques Herman, les premiers en caractères romains, les seconds, en italiques.

Dans Risées de sable, les poètes Maria Zaki et Jacques Herman nous offrent leurs voix tissées, jouant tour à tour des vagues et de la grève, pour nous offrir par le dialogue poétique, leur présence et leur parole. Ce dialogue tout en jeu d’ombre et de lumière permet d’aller plus loin, jusqu’au cristal de l’âme.

Nicole Barrière.


Points de suspension

Prenez tous mes mots

Présents et passés

Directement livrés

Ou entre parenthèses


Et ramassez

Aussi ceux

Qui se cachent

Entre les lignes


Mais ne touchez pas

A mes points

De suspension…

Maria Zaki (Inédit, 2014).

Les plantes du sous-bois

Les plantes

Du sous-bois

N’ont guère le choix


Pour survivre

A la pénombre

Elles s’adaptent


Si par malheur

Elles baissaient le front

Elles mourraient

De désolation


Elles regardent

Infatigables

Le toit de la forêt


Et au moindre rayon

De lumière

Elles tremblent de joie

Maria Zaki (Inédit, 2014).


Imagine

Imagine

Que la petite rose

Emergeant à ta surprise

Du parterre défraîchi

Se mette à te sourire


Imagine

Que d’autres êtres

En affinité

Avec le monde végétal

La fassent sous ta main

Resplendir


Tu ne saurais alors

Quelle plante discrète

Illumine ta nuit

Ni quel précieux minéral


La forme imaginale

N’est qu’un leurre

Là où le parfum

De l’amour exhale

Maria Zaki (Inédit, 2014).

Sous l’érable

Parle-moi encore

Sous l’érable

Pour réveiller

Mon esprit amnésique


Comme lui

Protège mon corps

Au bord de l’insolation

De ton ombre qui guérit

Des lumières narcissiques


Tu peux regarder

Au loin

Ou hausser les épaules

Mais ne me cache

Jamais ton opinion


Ramasse une poignée

De terre mouillée

Sous nos pieds

Et montre-moi

Comment s’enterrent

L’arrogance d’une vie

Et ses prétentions

Maria Zaki (Inédit, 2014).

Ton sourire

Voici du papier

Et une plume verte

Dessine-moi

Ton sourire


Fais frémir l’ange

Caché

Dans la chair du papier

Mais sans me le dire


Ne crains pas

Le désordre heureux

Courant en minces

Lignes rouges


Ni le vent hasardeux

Grisonnant

De soie et de sagesse

Les tempes et les cheveux


Le destin les a noyés

Dans le miel des lèvres

Et ajouté dessus

Une poignée de vers

Maria Zaki (Et un ciel dans un pétale de rose, Poèmes entrecroisés, 2013).

Le port ou l’esquif

L’esprit jette son ancre

Dans des pépites de vie

Et des jeux furtifs


Le temps emprunté à la mort

Se perd dans

Des trajets hâtifs


Parfois on ne sait

Qui oscille

Le port ou l’esquif

Maria Zaki (Inédit, 2014).

Ô mon autre (يا أنا الآخر)

J’aime te retrouver

Ô mon autre

Sur la voie


Quelque peu sauvage

Etonné

Ému

Confondu


Poème extrême

Sur le bout des lèvres


La voix intérieure

D’une fidélité

Parfois infidèle

À l’extérieur


Succombant au charme

D’une symbiose

Ombre intense

Et lumière fondues

****************

يا أنا الآخر

أحب لقاءك

يا أنا الآخر

على الطريق

متوحش الى حد ما

مندهش

عاطفي

مرتبك


بيت القصيد

على طرف الشفاه


صوت وفي لحديث الداخل

أحيانا

أقل وفاء

لنداء الخارج


مستسلم لسحر التوافق

بين الظل الكثيف والنور

Maria Zaki (Le chemin vers l’autre, 2014).