Être de ce chemin (الكون على هذا السبيل)

L’affection enracinée

Dans le cœur

Envahit le corps

Cellule par cellule


Nul ne peut l’empêcher

De prendre possession

De sa demeure


Être de ce chemin

C’est tendre les mains

Vers l’infini


C’est accepter l’autre

Le semblable

Et l’opposé

*******************

الكون على هذا السبيل

المودة المتجذرة في القلب

تغزو الجسم

خلية بعد خلية


لا أحد يمكن أن يمنعها

من امتلاك

مكان اقامتها


أن نكون على هذا السبيل

هو أن نمد يد العطاء

الى ما لا نهاية


هو قبول الآخر

مماثلا أو معارضا

على حد السواء

Maria Zaki (Le chemin vers l’autre, 2014).

Le chemin vers l’autre (الطريق الى الآخر )

Le chemin vers l’autre

Se poursuit

Les pas porteurs

D’amitié fraternelle

Avancent sincères


Le sourire aux lèvres

Et l’esprit confiant

Lieu d’une hospitalité

Séculaire


De la rose du temps

Qui nous est imparti

Exhale

Un instant à l’abri

De l’indifférence

Comme une lumière

À l’ombre du destin


Peu importent les paysages

Ici on ne voyage qu’entre

Un visage et un autre visage

Un visage vêtu de son sourire

L’autre ruisselant de larmes


Peu importe la destination

Seule compte

L’inaccessible quête

Qu’on accepte

Dans son inachèvement


Ici on fait le chemin

Vers l’autre

En complice volontaire

Ou on ferme à jamais

Les yeux et le cœur

********************

الطريق الى الآخر

الطريق الى الآخر

يتواصل

خطوات الصداقة الأخوية

تتقدم بكل وفاء


البسمة على الشفاه

والنفس موضع

حسن الظن والضيافة

دائما تتفتح


من وردة الزمن المعين لنا

نتنسم لحظة نور

بعيدا عن اللامبالاة

تحت ظلال المصير


أيا كانت المشاهد

هنا لا نسافر

إلا بين وجه وآخر

وجه تعلوه الابتسامة

والآخر يتدفق بالدموع


أياً كان المصير

يكفي

أن نرضى

بما يتعذر نيله

من باب السعي


هنا نسير نحو الآخر

لنساعده طوعيا

أو نغلق عيوننا وقلوبنا

الى الأبد

Maria Zaki (Extrait du nouveau recueil de poèmes bilingues  « Le chemin vers l’autre »

 » الطريق الى الآخر » éd. Le Scribe-L’Harmattan, 28  Avril 2014)

L’œil solaire

L’œil solaire

Tient peu compte

De la tempête

Brusque et passagère


Pour faire tomber

Craintes et peurs

Il secoue les cils

Pendant que la marée

Lave les paupières


En l’absence du phare

Qui signale les récifs

Il entretient

Une légère méfiance

Des nuits dépourvues

De lune sincère

Maria Zaki (Inédit, 2013).

Comme Diane

Si elle croise ton chemin

Comme Diane

Traversant les bois

Avec arc

Flèches et chiens

Ne t’arrête pas


Ne la regarde pas

Ni elle

Ni le cortège

Des belles nymphes

Qui la suivent au pas


Mais ne t’alarme pas

Celui qui s’enfuit

Effarouché

Sera touché à mort

Si ce n’est à l’âme

C’est au corps

Maria Zaki (Inédit, 2014).

Les amants du Doubs

Si doux se fait le Doubs

Qui ondule et serpente

Emplissant le Jura

De sa rumeur


Ses eaux devisent

Avec les herbes folles

Des amants du Doubs

À qui les roses ont accordé

Leur parfum et leur douceur


Sur le pont

Un mystérieux cadenas

Veille sur leur amour

Et les clés jetées à l’eau

Dérivent avec la lune

Sans limite ni frontière


Les esprits ainsi unis

Ont pris leur envol

Au-delà des nuages

Vers l’étendue

Du ciel bleu


Et les corps blottis

L’un contre l’autre

Semblent provenir

D’un autre monde

Où tout est fragile

Mais merveilleux

Maria Zaki (Inédit, 2014).

Le vent

Lorsque souffle

Très fort le vent

Elle pense qu’il a

Un rôle à lui apprendre


Rompre ses raideurs

Mettre en désordre

Ses désirs

Et perdre le plaisir

Pour le retrouver

En elle


Puis s’amuser

À pousser des ailes

Les amas de nuages

Pour retrouver

Le sens de l’orientation

Qu’ont les hirondelles

Maria Zaki (Inédit, 2014).

Pousse la porte bleue

Pousse la porte bleue

Et écarte les voiles

De ton rêve

Le patio plein de ciel

Te montrera la plante

Pour qui tu es à la fois

L’invité et l’hôte


Tends la main vers

Ce que toi seul vois

Et caresse la crinière

De la nuit

Sans faire de bruit


Prends une plume

Ou un pinceau

Entre tes doigts

Tremblant d’émoi

Et rectifie les lignes

Où tu apposeras ton signe


Remonte un peu

D’eau du puits

Humecte les feuilles

Qui se sont asséchées

À t’attendre

Et ajoute dessus

L’or de ton poème

Et ses cendres

Maria Zaki (Inédit, 2014).

Dans le creux de ta main

Laisse la petite lueur

Poindre

Quand elle vient choir

Dans le creux de ta main


Protège-la

Par temps froid

Les mains jointes

Au plus secret

De tes prières


Et lâche-la

Dans les cieux

Par temps plus

Chaleureux


Quand bien même

Tu la voudrais

Dans ton cœur

Et seulement là !

Maria Zaki (Inédit, 2014).

L’année près de finir

Se reposer du labeur

Récitant l’alphabet

Du quotidien


Sans trop ânonner

Et sans que jamais rien

Ne ressemble à ces heures

Vides qu’on égrène


Oublier le temps

Qui ruisselle

Sur le chemin


Ne retenir du ciel

Que le souffle des anges

Que nous recueillons

Dans le creux de nos mains


Se dire

Que le bruit de la foule

N’est plus

Qu’un battement lointain


Que l’angoisse s’éteint

Et n’a plus d’importance


Marcher sans hâte

Dans un jardin

Flamboyant de silence


Puis lever le voile

Sur l’inconsistance

De rêves incertains


Contempler

Ecouter

Humer

Toucher

Goûter

Se laisser totalement

Porter par ses sens

Dans de tous petits plaisirs

 

S’accrocher aux lumières

Qui jamais ne scintillent

Que dans l’intimité


Et cueillir les derniers

Désirs de l’année

Près de finir

Maria Zaki et Jacques Herman (Inédit, 2013).


Ah !

Ah ! On n’arrose pas

Les fleurs et les fruits

De la même manière

Nous dit la rivière

Nourrie de nos rires

Et de nos pleurs


Chaque espèce a ses goûts

C’est un peu comme nous

Qui ne réagissons pas

De la même manière

Selon le jour et l’heure


Puis un vent de désir

Un vent fou

Commence à souffler


Mais il faut veiller

Que brûlant ou glacial

Sur son passage

Il n’emporte tout


J’aimerais pouvoir

Mentir au ciel novice

Nous dit-il

Mais vos yeux agrandis

Annoncent déjà

L’averse prochaine


La pluie toujours dissout

Les rancœurs et les peines

Et fait que dans les cœurs

C’est l’amour qui survit

Maria Zaki et Jacques Herman (Inédit, 2013).