Comme Diane

Si elle croise ton chemin

Comme Diane

Traversant les bois

Avec arc

Flèches et chiens

Ne t’arrête pas


Ne la regarde pas

Ni elle

Ni le cortège

Des belles nymphes

Qui la suivent au pas


Mais ne t’alarme pas

Celui qui s’enfuit

Effarouché

Sera touché à mort

Si ce n’est à l’âme

C’est au corps

Maria Zaki (Inédit, 2014).

Les amants du Doubs

Si doux se fait le Doubs

Qui ondule et serpente

Emplissant le Jura

De sa rumeur


Ses eaux devisent

Avec les herbes folles

Des amants du Doubs

À qui les roses ont accordé

Leur parfum et leur douceur


Sur le pont

Un mystérieux cadenas

Veille sur leur amour

Et les clés jetées à l’eau

Dérivent avec la lune

Sans limite ni frontière


Les esprits ainsi unis

Ont pris leur envol

Au-delà des nuages

Vers l’étendue

Du ciel bleu


Et les corps blottis

L’un contre l’autre

Semblent provenir

D’un autre monde

Où tout est fragile

Mais merveilleux

Maria Zaki (Inédit, 2014).

Le vent

Lorsque souffle

Très fort le vent

Elle pense qu’il a

Un rôle à lui apprendre


Rompre ses raideurs

Mettre en désordre

Ses désirs

Et perdre le plaisir

Pour le retrouver

En elle


Puis s’amuser

À pousser des ailes

Les amas de nuages

Pour retrouver

Le sens de l’orientation

Qu’ont les hirondelles

Maria Zaki (Inédit, 2014).

Pousse la porte bleue

Pousse la porte bleue

Et écarte les voiles

De ton rêve

Le patio plein de ciel

Te montrera la plante

Pour qui tu es à la fois

L’invité et l’hôte


Tends la main vers

Ce que toi seul vois

Et caresse la crinière

De la nuit

Sans faire de bruit


Prends une plume

Ou un pinceau

Entre tes doigts

Tremblant d’émoi

Et rectifie les lignes

Où tu apposeras ton signe


Remonte un peu

D’eau du puits

Humecte les feuilles

Qui se sont asséchées

À t’attendre

Et ajoute dessus

L’or de ton poème

Et ses cendres

Maria Zaki (Inédit, 2014).

Dans le creux de ta main

Laisse la petite lueur

Poindre

Quand elle vient choir

Dans le creux de ta main


Protège-la

Par temps froid

Les mains jointes

Au plus secret

De tes prières


Et lâche-la

Dans les cieux

Par temps plus

Chaleureux


Quand bien même

Tu la voudrais

Dans ton cœur

Et seulement là !

Maria Zaki (Inédit, 2014).

L’année près de finir

Se reposer du labeur

Récitant l’alphabet

Du quotidien


Sans trop ânonner

Et sans que jamais rien

Ne ressemble à ces heures

Vides qu’on égrène


Oublier le temps

Qui ruisselle

Sur le chemin


Ne retenir du ciel

Que le souffle des anges

Que nous recueillons

Dans le creux de nos mains


Se dire

Que le bruit de la foule

N’est plus

Qu’un battement lointain


Que l’angoisse s’éteint

Et n’a plus d’importance


Marcher sans hâte

Dans un jardin

Flamboyant de silence


Puis lever le voile

Sur l’inconsistance

De rêves incertains


Contempler

Ecouter

Humer

Toucher

Goûter

Se laisser totalement

Porter par ses sens

Dans de tous petits plaisirs

 

S’accrocher aux lumières

Qui jamais ne scintillent

Que dans l’intimité


Et cueillir les derniers

Désirs de l’année

Près de finir

Maria Zaki et Jacques Herman (Inédit, 2013).


Ah !

Ah ! On n’arrose pas

Les fleurs et les fruits

De la même manière

Nous dit la rivière

Nourrie de nos rires

Et de nos pleurs


Chaque espèce a ses goûts

C’est un peu comme nous

Qui ne réagissons pas

De la même manière

Selon le jour et l’heure


Puis un vent de désir

Un vent fou

Commence à souffler


Mais il faut veiller

Que brûlant ou glacial

Sur son passage

Il n’emporte tout


J’aimerais pouvoir

Mentir au ciel novice

Nous dit-il

Mais vos yeux agrandis

Annoncent déjà

L’averse prochaine


La pluie toujours dissout

Les rancœurs et les peines

Et fait que dans les cœurs

C’est l’amour qui survit

Maria Zaki et Jacques Herman (Inédit, 2013).

Le ciel bleu en soi

Le soleil

Tente en vain

De réchauffer l’air

Qui s’enrhume une écharpe

Nouée autour du cou


La terre

A les lèvres

Gercées par le froid

Il n’est plus un mot

Qui n’est dit pour le coup


Tout est blancheur

Givre

Craquèlement

Seuls ici se faufilent

Des arpèges du vent


Loin est le goût

Velouté

De la chaleur d’été

Les mouettes du port

Viennent de nous quitter


Ne reste

Des champs dorés

Que le ciel bleu en soi

Au-dessus des cheminées

Et du sommet des toits

Maria Zaki et Jacques Herman (Inédit, 2013).

Dans la forêt

À la fin du jour

Les arbres aux bras

Tressés de lumière

Sont joueurs


Impertinents

Ils s’amusent avec les sens

Des promeneurs


Partout des empreintes claires

Et des traces sombres

Se suivent et se touchent


Quand un vol d’oiseaux

Se lève

Un bouquet d’ombres

Se couche


Des silhouettes

Suspendues au regard

S’enroulent autour

Des troncs et des branches


Elles s’approchent

Puis s’éloignent

À l’angle invisible

D’une rencontre imprévue


Un mouvement

Un bruit

Puis un écho fugitif

Guidant les esprits

Animés par l’inconnu

Maria Zaki (Inédit, 2013).

Comme un pèlerin

Il quitte

La ville surpeuplée

Ses grands boulevards

Et ses lumières éclatantes


Il quitte

La campagne dépeuplée

Et son néant

Obstruant le regard


Comme un pèlerin

Animé par la marche

Envouté par le chemin


Comme un habitant

D’une autre planète

En suspens


Si vous le croisez

De grâce

Ne le bousculez pas


Vous le voyez

Mais lui

Ne vous voit pas

Maria Zaki (Inédit, 2013).