Tu me demandes

Tu me demandes

De débarrasser

Mon regard

De ses filtres conçus

Jour après jour

Année après année


Mais en dépit

Des efforts de l’esprit

L’accoutumance

Défend ses états

De peur de ne plus être

Qu’un fantôme chez soi


Si l’apprentissage

Semble ouvrir

D’innombrables portes

Au jeune-âge

Le désapprentissage

Est à tout âge

Un passage

Qui manque terriblement

D’attractivité

Maria Zaki (Inédit, 2021).

C’est une chose étrange

(À mon fils)


Tu es voué à un avenir

Rempli de surprises

Mais rien ne m’autorise

À être plus assaillie

De doutes que jadis


À tes eaux vives

Qui ignorent souvent

Le calme et le repos

À ton ciel

D’où de terribles éclairs

Parfois jaillissent


Que puis-je adresser ?


C’est une chose étrange

Que ton trépignement

Au sein de la patience


Tu prends de l’âge

Et je reviens

Inéluctablement

De mes anciennes

Évidences

Maria Zaki (Inédit, 2021).

Allons grands et petits

Ils sont si fragiles

Ces rayons de joie

Qui nous tendent

Gracieusement leurs bras

Au-dessus des troubles

Qui encombrent durement

Notre élan et notre souffle


Leur clarté vive

Au cœur de la nuit

Est peut-être éphémère

Et leur durée moins sûre

Mais rien n’est plus pur

Que leur faculté

De défier l’orage

Pour rendre à nos visages

Leurs beaux sourires


Allons grands et petits

Le vent d’hiver

Soulèvera assurément

Les dernières feuilles

Des arbres tristes

Qui longent le fleuve

De notre courte vie


Allons grands et petits

Célébrons le nouvel an

Et remettons à plus tard

Nos peurs et nos soucis


Maria Zaki (Inédit, Décembre 2021).

Les mêmes sillages

Il est des sentiers

Qu’on ne souhaite

À personne de fouler


Ces pistes possibles

À tout moment

Qui vous coupent

Dans votre élan

Vous déstabilisent

Et vous regardent

Mordre la poussière


Quand la lumière

Revient de nouveau

Sur votre passage

Évitez de reprendre

Les mêmes sillages !

Maria Zaki (Inédit, 2021).

Un nuage vaniteux / Una nuvola vanitosa

Un nuage vaniteux

Se sépare des autres

Dans le ciel noir

Il croit tout peupler


Depuis qu’il demanda

La lune en son plein

Et crut l’avoir obtenue

Il s’emplit de lui-même


Aucun discernement

Aucun signe d’humilité

Que le destin

Récompense en retour


Bientôt

Sa beauté suffisante

Sa beauté suprême

Tombera

En gouttes infimes


Il jettera un dernier cri

Mais le ciel fera le sourd

Et les étoiles joueront

Les endormies

***********************

Una nuvola vanitosa

Si separa dalle altre

Nel cielo scuro

Credendo di popolare tutto


Da quando chiese

La luna nella sua pienezza

E credette di averla ottenuta

Si montò la testa


Nessun discernimento

Nessun segno di umiltà

Che il destino

Ricompensa in cambio


Ben presto

La sua bellezza presuntuosa

La sua bellezza suprema

Cadrà

In piccolissime gocce


Getterà un ultimo grido

Ma il cielo rimarrà sordo

E le stelle giocheranno

Addormentate

Maria Zaki, Traduction de Mario Selvaggio, Extrait de “AU DÉDALE DE L’ÂME/ NEL LABIRINTO DELL’ANIMA“, Edizioni AGA-L’Harmattan, 2021.


Le temps finit toujours / Il tempo finisce sempre

L’Homme n’a de cesse

De se battre contre

Sa condition humaine

Contre son devoir

Inhérent d’exister

Au lieu de s’en acquitter


Il se perd et se retrouve

Dans les labyrinthes

De l’actualité

Mais à chaque fois

Y laisse un morceau

De sa vie intérieure

De son unité


Les promesses de jouvence

De santé ou de liberté

Ne sont que des offres

Plus aliénantes que celles

Qui les ont précédées


Le temps finit toujours

Par ramener l’Homme

À la réalité des choses

Et au prix à payer

**********************

L’Uomo non smette

Di battersi contro

La sua condizione umana

Contro il suo dovere

Inerente di esistere

Invece di realizzare


Si perde e si ritrova

Nei labirinti

Dell’attualità

Ma ogni volta

Ci lascia un pezzo

Della sua vita interiore

Della sua unità


Le promesse di piacere

Di salute o di libertà

Sono solo offerte

Più alienanti di quelle

Che le hanno precedute


Il tempo finisce sempre

Per riportare l’Uomo

Alla realtà delle cose

E al prezzo da pagare

Maria Zaki, Traduction de Mario Selvaggio, Extrait de “AU DÉDALE DE L’ÂME/ NEL LABIRINTO DELL’ANIMA“, Edizioni AGA-L’Harmattan, 2021.


Du large vers le bord

Si d’étranges algues

Vertes et pourpres

T’habillent

Laisse-toi porter

Sirène sans chaînes

Vers le grand bleu

Sans limites


Des signes de beauté

D’un étrange tissu

Naissent

Et des traces solaires

Que les vagues agitent


Des étoles valsent

Des bretelles se meuvent

En douceur

Pour dessiner ton corps


Et la mémoire de ta robe

Au-delà des formes

S’étend sans couture

Du large vers le bord

Maria Zaki (Inédit, 2021).

Dans l’effacement de soi / Nell’annullamento di sé

Dans l’effacement de soi

Le secret de l’initiation

Se garde de lui-même


Nul ne peut renseigner

Autrui

Sur l’épreuve du moi

Qui s’évanouit

Pour recevoir le Créateur


Est-ce la jouissance

De la rencontre

Et de l’impossible

Séparation

Qui est indicible ?


Ou s’agit-il

Du rêve d’être

Un ange de vérité

Errant à la trace

De l’éternité ?

*************************

Nell’annullamento di sé

Il segreto dell’iniziazione

Si guarda da se stesso


Nessuno può informare

Un altro

Sulla prova dell’io

Che svanisce

Per ricevere il Creatore


È il piacere assoluto

Dell’incontro

E dell’impossibile

Separazione

Che è indicibile?


O si tratta

Del sogno di essere

Un angelo di verità

Che vaga alla ricerca

Dell’eternità?

Maria Zaki, Traduction de Mario Selvaggio, Extrait de “AU DÉDALE DE L’ÂME/ NEL LABIRINTO DELL’ANIMA“, Edizioni AGA-L’Harmattan, 2021.

Telle est du poète la veine/ Tale è del poeta la vena

Avant la fermeture

De la nuit

Il a l’habitude de poser

Son vers à boire

Sur le zinc d’un nuage

Et de contempler

La lune et les étoiles


Dans son ciel intime

Il mesure en silence

Le poids des mots

Qu’on lui fera

Cracher ou avaler

Entre détresse et espoir


Telle est du poète

La veine

Qu’il ne faut pas

Pour autant en avoir

De la joie

Ni de la peine

*****************************

Prima della chiusura

Per la notte

Ha l’abitudine di posare

Il suo verso da bere

Sul bancone di una nuvola

E di contemplare

La luna e le stelle


Nel suo intimo cielo

Misura in silenzio

Il peso delle parole

Che gli faranno

Sputare o ingoiare

Tra sconforto e speranza


Tale è del poeta

La vena

Non bisogna

Tuttavia provarne

Gioia

Né pena

Maria Zaki, Traduction de Mario Selvaggio, Extrait de “AU DÉDALE DE L’ÂME/ NEL LABIRINTO DELL’ANIMA“, Edizioni AGA-L’Harmattan, 2021.

Parle-moi / حدثني

Parle-moi d’océan

Quand je regarde

La ligne de l’horizon

Se noyer dans la brume


Parle-moi d’oasis

Et combien plus

En absence d’eau

Au seuil de nos dunes


Parle-moi de l’amour

Qui allume nos couleurs

Sans éteindre

L’éclat de la lune


Nous voici

Tous les deux

Disposition à l’écoute

Et besoin d’écouter


Ensemble sous

Un ciel silencieux

Nous apprenons

La patience du berger

**********************

حدثني عن المحيط

حينما أرى خط الأفق

يغرق في الضباب


حدثني عن الواحة

أكثر من أي وقت آخر

حينما تغيب المياه

عن عتبة كثباننا


حدثني عن الحب

الذي يبهج ألواننا

دون أن يوقف سطوع القمر


ها نحن معا

في تأهبٍ للإصغاء

بحاجة للاستماع


ها نحن معا

تحت صمت السماء

نتعلم صبر الرعاة

Maria Zaki (Extrait du recueil « Le chemin vers l’autre »/ « الطريق الى الآخر « ), Le Scribe-L’Harmattan, 2014.