Tenter de démêler

Tenter de démêler

Ses fils régulièrement

Pris dans un tourbillon

Alors que l’âme

Est éperdue de l’océan


Braver ses déficiences

De transparence en transparence

Et soulever de nouvelles vagues

En brisant leur patience


Jusqu’à l’heure où le corps

Retournera à la terre

D’où il est venu

Et où l’âme émue

Retrouvera son Infini

Maria Zaki (Inédit, 2016).

Un tout autre versant

S’il arrive parfois

Que d’une ombre surgissent

Les contours incertains

D’un profil menaçant

Il arrive souvent

Que nous nous méprenions

Tant sur sa nature

Que sur ses intentions


Incapables de cerner

Les raisons intimes

D’une telle apparition

Nous perdons pied

Victimes

De nos propres illusions


Il est bien plus fréquent

Que nos appréhensions

Ne durent pas

Plus que l’espace

D’un court instant


Les pressentiments

Sont aux sentiments

Ce que sont au silence

Des bruits courts

Mais assourdissants


Si nous laissons

Notre corps se poser

Et notre esprit se reposer

Nous nous surprenons

À découvrir du monde

Un tout autre versant

Extrait de « Un tout versant » Poésie entrecroisée de Maria Zaki et Jacques Herman, L’Harmattan, 2016.

Derviches tourneurs

Je t’invite à la danse

Hors des bornes du temps

À interroger le vent

Sur le secret

De l’alliance


Les bruits assourdissants

Se muent en silence

Et les hautes voix

Ne nous atteignent pas


Dans le jour qui décline

Comme se fanent les fleurs

Nettoyons-nous

Des scories immondes

Et de tous nos naufrages


N’en déplaise au grand large

Le cristal de l’âme

Brille contre les humeurs

Et les ignominies


Pivotons sur nous-mêmes

Et dans l’axe du monde

Un peu à l’image

Des derviches tourneurs


Puis ivres sans vin

Buvons encore

Couverts de rosée

Les rayons de l’aurore

Extrait de « Un tout autre versant  » Poésie entrecroisée de Maria Zaki et Jacques Herman, L’Harmattan, 2016.

Passons vite

Passons vite

Comme les pèlerins

Sans attendre ce que la vie

Soi-disant nous doit


Mais ne passons pas

Comme la biche

Traquée dans le bois

Ni comme l’insecte

Qu’on écrase du doigt


Et que notre passage

Soit du genre éphémère

Comme le flocon de neige

Sous le soleil d’hiver

Ou la vie de la fleur

Que l’on vient de cueillir

Et qui ne sait pas

Que sa vie va finir


Passons vite

Sans altérer l’étonnement

Qui nous relie au monde

Hors du temps


Passons vite

Sans perdre le chemin

Périssable et étroit

Qui nous unit

À tous les mondes à la fois

Extrait du nouveau recueil de poèmes “Un tout autre versant” , coécrit avec Jacques Herman qui vient de paraître chez L’Harmattan, Collection Accent Tonique, selon le procédé de la POÉSIE ENTRECROISÉE. Chaque poème se compose à la fois de mes vers et de ceux de Jacques Herman, les premiers en caractères romains, les seconds, en italiques.

Maria Zaki et Jacques Herman ont déjà accompli un parcours substantiel dans l’art du dialogue en vers puisque Un tout autre versant est leur troisième champ d’écriture où leurs voix parallèles sèment le grain. Entreprise audacieuse et des plus originales dont nous ne connaissons pas d’équivalent contemporain.

L’un des deux donne le ton – le chant du départ en quelque sorte -, l’autre y répond dans le droit fil ou en creusant un certain écart, une distance de liberté, un nouveau sillon qui relancera le propos dans une direction inattendue…

Jacques Tornay.


Tiens mes mains

Tiens mes mains

Dans les tiennes

Le moi a froid

Entre les lignes


De touches en retouches

Entre l’index droit

Et l’annulaire gauche

S’inscrit l’énigme


Depuis tant d’années

Je cueille

Des fragments de révélation

Des petits signes


Au seuil d’une vérité

Suggestive

Instaurée le jour

Entamée la nuit


Que de brouillons

Que de ratures

Pour écrire

La phrase de sa vie !

Maria Zaki (Le chemin vers l’autre), L’Harmattan, 2014.

Dans l’alchimie

Dans l’alchimie

De la rose pourpre

Devenue

Poussière d’or

Dans la fraîcheur

Du regard renouvelé

Et l’attention

De la troisième oreille

Qui ne cesse jamais

D’écouter

Ils se sont trouvés

Qu’importe

La distance parfois

C’est vers une âme

Qu’une autre âme

Se déploie

Maria Zaki (Inédit, 2016).

Consacré aux roses

Dans l’espace

Consacré aux roses

Tous les parfums

Partageables

Se mettent en résonance


Malgré les épines

Aucune plainte

Ne s’élève

Vers les cieux


Une hospitalité

De terre et de ciel

Se met en jeu


Un soleil inattendu

En pleine nuit

Inonde les lieux

Maria Zaki (Inédit, 2015).

Parlons de l’autre

Parlons de l’autre

Qui reprend pied

En soi

De quel côté de la vague

Se tient-il ?


Nul n’a bu la tasse

Comme lui et pourtant

Il nage tous les matins

S’entraîne sans témoin

Et sans déranger

Les yeux du monde


Encore des kilomètres

À parcourir

Au grès des vents

Avant d’atteindre

La rive impunément

Maria Zaki (Inédit, 2015).

Le long des murs

Le long des murs

De la surdité humaine

Des pas résonnent

Sans jamais se rejoindre


Dans une espèce

De nulle part

Où règne une maladie

À la fois connue

Et inconnue

Mi-ignorance

Mi-indifférence


Puis sans voir

Ni percevoir

On repart comme

On est venu

Mais les pieds devant


Maria Zaki (Inédit, 2015).

Tu quittes

Tu quittes ta terre

Tu quittes tes fleuves

Tes montagnes

Tu quittes tout

Tu ne crois plus à rien


Pas plus que la fleur

Fanée avant l’heure

Tu ne connais ton destin


Un vent violent et fou

T’a mortellement blessé

Tes plaintes montent aux cieux

Où se sont condensées

Des parcelles de ténèbres


Maria Zaki (Inédit, 2015).