Sur quel plan se joue

Sur quel plan se joue

La quête du bonheur

Qui commence

A notre naissance ?

Le jeu consiste-t-il

A chercher la clé

De notre bonheur

Ou à perdre celle

De notre non-bonheur ?

Depuis le cri originel

Les deux clés se mêlent

Mais ni l’une ni l’autre

Ne manquent de serrures !

Maria Zaki (Extrait de « Entre ombre et lumière », 2007).

Jusqu’au bout du chemin

Jusqu’au bout du chemin

Ni ton regard

N’a perdu sa lumière

Ni ton visage

N’a perdu sa fleur


Jusqu’au bout du chemin

Ni ton pain

N’a perdu son sel

Ni ton eau

N’a perdu son miel


Tu t’en es allée

Et ceux et celles

Qui sont restés

Se sont plantés

Dans l’ombre sous

Un rayon de ciel sombre


Attendant que le vent

Leur apporte un signe

Des grands lointains

Désormais impénétrables


Ainsi font les chagrins

Ainsi fait la perte

Des êtres de valeur

Chers et inoubliables

Maria Zaki (Inédit, 2019).

Reflets argentés sur le lac

Ni vent ni vagues

Ni sable ni rochers

L’écume est montée

Dans les nuages


L’oreille perçoit

Les pas du temps

Tels des murmures

Étouffés dans l’eau


Et l’œil voit

Les reflets argentés

Sur le lac comme

Un signe d’espoir

Dans une fresque

Inachevée


Maria Zaki (Inédit, 2019).

Promeneurs du soir

L’oreille perçoit les pas

Des promeneurs du soir

Mais nul ne les voit


De l’intérieur du jardin

Portes closes

Surgissent

De faibles voix


De temps en temps

Un mot plus frivole

Que les autres

Ou un rire heureux

S’élève ivre

En ses formes premières


Les esprits des murs

Les fantômes des cadenas

Ne peuvent rien ajouter

Ni retrancher

A de telles heures


Maria Zaki (Extrait de “Le chant de l’aimance”, 2018).

L’appel du large

Tu attends

Que le dernier

Rayon de soleil

Se couche


Que l’océan répande

Sous tes yeux sa vie

Dans la fosse noire

Des cieux


L’appel du large

Résonne très fort

Dans ta tête


Ni l’ascension des sommets

Ni la traversée des déserts

Ne le remplacent

Dans tes désirs d’ailleurs


Maria Zaki, Inédit 2019.

Sur le passage de mon désert

Tu as jailli

Sur le passage

De mon désert

Pour que je revienne

Vivante du puits


Pour que tombent

Mes chaînes

Et mes cadenas

Sur le sable

Sans faire de bruit


Et que cesse ma peur

Des chaleurs enragées

Faisant trembler les êtres

De soif et de céphalées

Maria Zaki (Extrait de “Le chant de l’aimance”, 2018)

Comme une fleur fragile / Come un fragile fiore

Comme une fleur fragile

Sans jamais rechigner

S’acquitte de son devoir

Essentiel d’exister

L’homme observe le ciel

Au-dessus de la ville

Sans même s’interroger


Il n’a de cesse

Et sans savoir pourquoi

De survivre aux pleurs

Aux peines et aux joies

À la course du temps

Qu’il ne maîtrise pas


Face à la condition humaine

L’on n’a que la présence en soi

De l’espoir de réaliser

Quelque chose de bien

Et le bonheur éphémère

Qui en découle parfois


Essayer de ne pas être

Comme une fausse fleur

En plastique ou en papier

Suffira peut-être

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Come un fragile fiore

Senza mai fare storie

Svolge il suo compito

Essenziale di esistere

L’uomo osserva il cielo

Sopra la città

Senza nemmeno interrogarsi


Non si dà tregua

E senza sapere perché

Di sopravvivere alle lacrime

Alle pene e alle gioie

Alla corsa del tempo

Che non riesce a controllare


Di fronte alla condizione umana

Si ha solo la presenza in sé

Della speranza di realizzare

Qualcosa di buono

E l’effimera felicità

Che a volte ne scaturisce


Tentare di non essere

Come un finto fiore

Di plastica o di carta

Basterà forse

Maria Zaki et Jacques Herman, Traduction de Mario Selvaggio, Extrait du nouveau recueil ” Les signes de l’absence Poésie entrecroisée / I segni dell’assenza Intrecci poetici”, AGA éditrice-L’Harmattan, décembre 2018.

Inachevée

Si un jour

Une loi de partage

Rythme notre souffle

Mis en commun

Je tâcherai de me rappeler

Que notre pensée

Ne vivra

Qu’inachevée

Maria Zaki (Extrait de “Le chant de l’aimance”, 2018)

Consacré aux roses

Dans l’espace

Consacré aux roses

Tous les parfums

Partageables

Se mettent en résonance


Malgré les épines

Aucune plainte

Ne s’élève

Vers les cieux


Une hospitalité

De terre et de ciel

Se met en jeu


Un soleil inattendu

En pleine nuit

Inonde les lieux

Maria Zaki (Extrait de “Le chant de l’aimance”, 2018)

Montagnes lointaines / Montagne lontane

Prends cette paire de ciseaux

Et découpe dans le ciel

Les lignes courbes et brisées

Des montagnes lointaines


Ouvre bien les yeux

Ne te laisse pas distraire

Il faut toujours

Mûrement réfléchir

Avant le premier

Coup de ciseaux


Accroche-toi à tes pinceaux

Revêts d’habits en tons bleutés

Tous ces reliefs tourmentés

Qui semblent si loin de nos plaines


La peinture n’importe ici

Que comme captation de signes

Ou de fragments de vie

Que nous sommes

Condamnés à manquer


Mais que ton art nous donne aussi

La perception des chants d’oiseaux

Du bruit du vent dans les branchages

Que les anges du Très-Haut

Fassent rempart à nos délires

Et qu’en nous le son de leurs lyres

Puissent résonner de nouveau

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Prendi questo paio di forbici

E ritaglia nel cielo

Le linee curve e frastagliate

Delle montagne lontane


Apri bene gli occhi

Non lasciarti distrarre

Bisogna sempre

Riflettere a fondo

Prima del primo

Colpo di forbici


Aggrappati ai tuoi pennelli

Rivesti con abiti azzurrognoli

Tutti quei rilievi tormentati

Che sembrano così lontani dalle nostre pianure


La pittura qui

Non è altro che captazione di segni

O di frammenti di vita

Che noi siamo

Condannati a mancare


Ma che la tua arte c’infonda anche

La percezione dei canti di uccelli

Del fruscio del vento tra i rami

Che gli angeli dell’Altissimo

Facciano scudo ai nostri deliri

E che in noi il suono delle loro lire

Possa nuovamente risuonare

Maria Zaki et Jacques Herman, Traduction de Mario Selvaggio, Extrait du nouveau recueil ” Les signes de l’absence Poésie entrecroisée / I segni dell’assenza Intrecci poetici”, AGA éditrice-L’Harmattan, décembre 2018.