Promeneurs du soir

L’oreille perçoit les pas

Des promeneurs du soir

Mais nul ne les voit


De l’intérieur du jardin

Portes closes

Surgissent

De faibles voix


De temps en temps

Un mot plus frivole

Que les autres

Ou un rire heureux

S’élève ivre

En ses formes premières


Les esprits des murs

Les fantômes des cadenas

Ne peuvent rien ajouter

Ni retrancher

A de telles heures


Maria Zaki (Extrait de “Le chant de l’aimance”, 2018).

L’appel du large

Tu attends

Que le dernier

Rayon de soleil

Se couche


Que l’océan répande

Sous tes yeux sa vie

Dans la fosse noire

Des cieux


L’appel du large

Résonne très fort

Dans ta tête


Ni l’ascension des sommets

Ni la traversée des déserts

Ne le remplacent

Dans tes désirs d’ailleurs


Maria Zaki, Inédit 2019.

Sur le passage de mon désert

Tu as jailli

Sur le passage

De mon désert

Pour que je revienne

Vivante du puits


Pour que tombent

Mes chaînes

Et mes cadenas

Sur le sable

Sans faire de bruit


Et que cesse ma peur

Des chaleurs enragées

Faisant trembler les êtres

De soif et de céphalées

Maria Zaki (Extrait de “Le chant de l’aimance”, 2018)

Comme une fleur fragile / Come un fragile fiore

Comme une fleur fragile

Sans jamais rechigner

S’acquitte de son devoir

Essentiel d’exister

L’homme observe le ciel

Au-dessus de la ville

Sans même s’interroger


Il n’a de cesse

Et sans savoir pourquoi

De survivre aux pleurs

Aux peines et aux joies

À la course du temps

Qu’il ne maîtrise pas


Face à la condition humaine

L’on n’a que la présence en soi

De l’espoir de réaliser

Quelque chose de bien

Et le bonheur éphémère

Qui en découle parfois


Essayer de ne pas être

Comme une fausse fleur

En plastique ou en papier

Suffira peut-être

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Come un fragile fiore

Senza mai fare storie

Svolge il suo compito

Essenziale di esistere

L’uomo osserva il cielo

Sopra la città

Senza nemmeno interrogarsi


Non si dà tregua

E senza sapere perché

Di sopravvivere alle lacrime

Alle pene e alle gioie

Alla corsa del tempo

Che non riesce a controllare


Di fronte alla condizione umana

Si ha solo la presenza in sé

Della speranza di realizzare

Qualcosa di buono

E l’effimera felicità

Che a volte ne scaturisce


Tentare di non essere

Come un finto fiore

Di plastica o di carta

Basterà forse

Maria Zaki et Jacques Herman, Traduction de Mario Selvaggio, Extrait du nouveau recueil ” Les signes de l’absence Poésie entrecroisée / I segni dell’assenza Intrecci poetici”, AGA éditrice-L’Harmattan, décembre 2018.

Inachevée

Si un jour

Une loi de partage

Rythme notre souffle

Mis en commun

Je tâcherai de me rappeler

Que notre pensée

Ne vivra

Qu’inachevée

Maria Zaki (Extrait de “Le chant de l’aimance”, 2018)

Consacré aux roses

Dans l’espace

Consacré aux roses

Tous les parfums

Partageables

Se mettent en résonance


Malgré les épines

Aucune plainte

Ne s’élève

Vers les cieux


Une hospitalité

De terre et de ciel

Se met en jeu


Un soleil inattendu

En pleine nuit

Inonde les lieux

Maria Zaki (Extrait de “Le chant de l’aimance”, 2018)

Montagnes lointaines / Montagne lontane

Prends cette paire de ciseaux

Et découpe dans le ciel

Les lignes courbes et brisées

Des montagnes lointaines


Ouvre bien les yeux

Ne te laisse pas distraire

Il faut toujours

Mûrement réfléchir

Avant le premier

Coup de ciseaux


Accroche-toi à tes pinceaux

Revêts d’habits en tons bleutés

Tous ces reliefs tourmentés

Qui semblent si loin de nos plaines


La peinture n’importe ici

Que comme captation de signes

Ou de fragments de vie

Que nous sommes

Condamnés à manquer


Mais que ton art nous donne aussi

La perception des chants d’oiseaux

Du bruit du vent dans les branchages

Que les anges du Très-Haut

Fassent rempart à nos délires

Et qu’en nous le son de leurs lyres

Puissent résonner de nouveau

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Prendi questo paio di forbici

E ritaglia nel cielo

Le linee curve e frastagliate

Delle montagne lontane


Apri bene gli occhi

Non lasciarti distrarre

Bisogna sempre

Riflettere a fondo

Prima del primo

Colpo di forbici


Aggrappati ai tuoi pennelli

Rivesti con abiti azzurrognoli

Tutti quei rilievi tormentati

Che sembrano così lontani dalle nostre pianure


La pittura qui

Non è altro che captazione di segni

O di frammenti di vita

Che noi siamo

Condannati a mancare


Ma che la tua arte c’infonda anche

La percezione dei canti di uccelli

Del fruscio del vento tra i rami

Che gli angeli dell’Altissimo

Facciano scudo ai nostri deliri

E che in noi il suono delle loro lire

Possa nuovamente risuonare

Maria Zaki et Jacques Herman, Traduction de Mario Selvaggio, Extrait du nouveau recueil ” Les signes de l’absence Poésie entrecroisée / I segni dell’assenza Intrecci poetici”, AGA éditrice-L’Harmattan, décembre 2018.

Prolonger le regard / Prolungare lo sguardo

Éclaircir ce qui fut

Sans lumière

Et consentir au large

L’appel ouvert

Des signes


L’enjeu se devine

Dans le tressaillement

Des sens égarés

Dans l’insoutenable

Vaguement soutenu


Prolonger le regard

Pour achever la mer

Laisser parler le vent

Au sable sous le ciel nu


Marmonner des chants anciens

Des mélodies au fil des ans

Devenues improbables

Regarder en arrière

Reléguant au vestiaire

Le passé aussi bien

Que l’éternel présent


Faire de ce jour demain

Comme un défi au temps

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Schiarire ciò che fu

Senza luce

E consentire al largo

L’appello aperto

Dei segni


La posta in gioco si scorge

Nei tremiti

Dei sensi smarriti

Nell’insostenibile

Vagamente sostenuto


Prolungare lo sguardo

Per oltrepassare il mare

Lasciar parlare il vento

Alla sabbia sotto il cielo nudo


Mormorare antichi canti

Melodie nel corso degli anni

Divenute improbabili

Guardare indietro

Relegando nel dimenticatoio

Il passato così come

L’eterno presente


Fare di questo giorno domani

Come una sfida al tempo

Maria Zaki et Jacques Herman, Traduction de Mario Selvaggio, Extrait du nouveau recueil ” Les signes de l’absence Poésie entrecroisée / I segni dell’assenza Intrecci poetici”, AGA éditrice-L’Harmattan, décembre 2018.

Le temps s’envole / Il tempo vola via

Le temps s’envole

Il déploie ses ailes

Au-dessus des steppes

Agile et fugace

Et quoique l’on fasse

On demeure impuissant


Il maîtrise les lieux

Il domine l’espace

Il bouscule tout

Quand ici-bas passent

Les ombres furtives

Du tout-venant


On court après lui

Dans les jungles

Et les méandres du destin

Au mieux on arrive

Au faîte de soi


Il nous guette sans fin

De son regard sournois

Et on le voit esquisser

Un sourire narquois

Avant de s’en aller

Sans que jamais l’on sache

Ni vers où

Ni pourquoi

*************************

Il tempo vola via

Spiega le sue ali

Sopra le steppe

Agile e fugace

E qualsiasi cosa si faccia

Si resta impotenti


Controlla i luoghi

Domina lo spazio

Sconvolge tutto

Quando quaggiù passano

Le ombre furtive

Di gente qualunque


Si corre al suo seguito

Nelle giungle

E nei meandri del destino

Al massimo si arriva

In cima a se stessi


Ci scruta senza fine

Col suo sguardo sornione

E lo si vede abbozzare

Un sorriso beffardo

Prima di andarsene

Senza mai sapere

Né verso dove

Né perché

Maria Zaki et Jacques Herman, Traduction de Mario Selvaggio, Extrait du nouveau recueil ” Les signes de l’absence Poésie entrecroisée / I segni dell’assenza Intrecci poetici”, AGA éditrice-L’Harmattan, décembre 2018.


Le bruissement de ton silence

Jamais absente

De mes pensées

Debout dans

Ma mémoire


Entre mon cœur

Et ma tête

Que le bruissement

De ton silence

Est pénétrant !


Je me fie aux paroles

De ma sœur

La plus douce de toutes

Et qui te ressemble

Goutte pour goutte


Elle te regarde

Détourner les yeux

Et te voit sourire

A l’invisible

Elle te dit :

Ah Mama

Ils sont en ces lieux !


Tu lui réponds :

Dieu m’envoie

Ce qui est bon

Pour moi

Pour moi


En douceur

Tu retires ta main

De la sienne

Un voile se pose

Sur ses yeux

Pendant que tu t’éteins

Comme une bougie

Sans le moindre bruit


C’est la fin du chemin

Pour toi

Grâce à qui

J’ai dans l’âme

Un jardin d’amour

A jamais ouvert

Et derrière l’arbre

Un autre arbre

D’où s’envole

Vers je ne sais où

Une colombe

Chaque matin


Et quand en larmes

Ma tête se pose

Sur le sol orphelin

Un chant lointain

Surgit

Dans mon cœur

Et le console


C’est paraît-il

Toi Mama

Qui le fredonnes

A chaque fois

Qu’une colombe

Se pose sur ta tombe

Maria Zaki (Inédit, le 30.12.2018).