Du haut de ma sagesse

Du haut de ma sagesse

Tout à fait improbable

Une question oscille :

Comment bien vivre ?

Marquant le « si »

A chaque seconde

Ma pendule continue son jeu

Quand je n’arrive plus à suivre

Je récite des litanies

Arrachées au soleil de minuit

Suivant la boule

Au bout du fil

Mon regard balance

Entre plein et vide

Entre sphère et spirale

L’illusion est totale

Malgré mes efforts

Le va-et-vient se précipite

Et la question devient :

Comment bien mourir ?

Maria Zaki (Le velours du silence, 2010).

Commentaires :

El Alaoui Saïd dit :

09/07/2011 à 12:48

Poème très profond. Je reprends ces trois vers :
Marquant le « si » / A chaque seconde / Ma pendule continue son jeu.
Je crois que par « si » Maria veut dire « si c’est le moment de mourir ». Elle suggère qu’il faut être toujours prêt à partir, même si la pendule continue son jeu puisque la seconde où il faudra mourir finira par arriver, tôt ou tard. Sa sagesse n’est pas tout à fait improbable comme elle voudrait nous faire croire…

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Lotfi dit :

07/07/2011 à 17:10

Léonard De Vinci a dit : Comme une journée bien remplie nous donne un bon sommeil, une vie bien vécue nous mène à une mort paisible.
Avec toutes mes amitiés

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Hind Salama dit :

06/07/2011 à 16:03

Si une personne est sereine devant la mort, c’est qu’elle a su vivre sereinement. « On meurt comme on a vécu » dit le proverbe.

Toutes les cordes

Toutes les cordes

De mon luth corporel

Vibrent

Sous la lumière

Des herbes folles

D’un rêve sensuel

Dans lequel

Mon poème projeté

Sur le mur de ta solitude

Achève le doute

De ton champ sauvage

Toujours prêt

A convoiter

De l’encre noire !

Mon cœur se cache

Sagement

Dans une rose rouge

Pourvu que

L’alchimie des couleurs

Eclose entre tes doigts

Et les feuilles blanches

De notre destin !

Maria Zaki (Sillages 78, 2011).

Commentaires :

El Alaoui Saïd dit :

28/06/2011 à 17:21

Percevoir l’être humain comme un instrument de musique m’a toujours séduit et en plus le luth (de l’arabe العود al-`ūd) me plaît tout particulièrement. Très bonne idée !

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Luc dit :

26/06/2011 à 20:36

Très beau ! Il faut toujours écouter son cœur surtout s’il a la discrétion d’une rose.

L’ange sauvage du désert

L’ange sauvage du désert

Lance le compte à rebours

Et s’envole sans faire de bruit

C’est la mille et deuxième nuit

La nuit de personne

Shéhérazade se dissimule

Dans un vœu de silence

A nos risques et périls

L’aurore surgissant de la nuit

Sera sans porte ni fenêtre

Comme un mur aveugle

Notre hôte du langage

Frissonne à la fin du conte

Enchaînée à jamais

Dans les puissances du doute !

Maria Zaki (Entre ombre et lumière, 2007).

Commentaires :

Maria Zaki dit :

25/06/2011 à 20:38

Je sais bien qui tu es, chère Hind. Je crois que notre dernière rencontre remonte à dix ans. Je te remercie vivement pour l’intérêt que tu portes à mes écrits et bienvenue sur le blog !

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Hind Salama dit :

25/06/2011 à 17:23

Bonjour Maria,
On ressent que ta poésie est si riche et si proche de nous. Par la construction d’images poétiques fortes et profondes, tu nous fais penser à nous-mêmes ; à nos joies, à nos désirs, à nos rêves en plein jour, à nos chagrins, à nos peurs… etc.
Je viens de découvrir tes livres et tes poèmes, je suis une amie de Latifa.

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un amoureux de l’océan dit :

20/06/2011 à 15:34

J’ai lu et relu attentivement ces derniers poèmes avant de me joindre à cette discussion, et voici ce que j’en conclue. Maria Zaki nous montre comment elle déconstruit un paradigme pour doser les modalités et les enjeux de son assimilation. Il faut noter qu’elle agit souvent ainsi.

Laisse-moi te raconter

Laisse-moi te raconter

Laisse-moi te dire !

Inépuisable narratrice

Rassure-toi

La nuit est passée

D’une main fatale

Le jour vient de te sauver …

Que reste-t-il, Shéhérazade

Des trésors que tu nous as légués ?

Que d’histoires dispersées

Dans les recoins de notre

Mémoire d’Orientales !

Que de balises pour parcourir

La peur au ventre

La nuit sans s’arrêter !

Jusqu’à quand notre sang

Va-t-il couler

Avant que notre parole

Ne soit porteuse

De notre volonté

Et que nos vies

Ne soient plus

Jouées aux dés !

Maria Zaki (Entre ombre et lumière, 2007).

Commentaires :

Lotfi dit :

18/06/2011 à 19:46

J’aime beaucoup ces poèmes, en plus ils suscitent la discussion. Je pense qu’on n’a pas besoin de renier le passé pour aller vers l’avenir mais on doit tirer des leçons de ce passé au lieu de le sacraliser ou de tomber dans un excès de nostalgie. Mais celui qui ignore d’où il vient, a toujours du mal à savoir où il va. En toute amitié!

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Luc dit :

18/06/2011 à 14:29

On doit réfléchir au passé, mais sans se faire piéger par celui-ci et oublier que seuls le présent et l’avenir comptent.« L’origine est devant nous » Heidegger

Ton nom est mon soupir

Ton nom est mon soupir

Dans la nuit torsadée

De secrets et de désirs

Toi, qui marches dans

Le cortège de mes vers

Comme on marche

A l’orée du désert

Toi, qui réinventes

Chaque nuit un conte

Que tu dépoussières

Embrassant à l’intuition

La lèvre chancelante

De la première lueur

Toi, la fugitive du jeu

La mémoire et l’enjeu

Toi, la proche lointaine

Belle Shéhérazade

En ton nom, il n’est rien

Qui me revienne !

Maria Zaki (Entre ombre et lumière, 2007).

Commentaires :

Maria Zaki dit :

17/06/2011 à 13:18

Tout d’abord, merci infiniment à tous ceux qui m’encouragent en laissant leurs commentaires. En réalité, cher Saïd, mon objectif en tant qu’auteure, c’est d’adopter une position d’ouverture d’esprit, explicitement assumée comme inclusive. Position à partir de laquelle de nouveaux axes de réflexion intéressants peuvent être posés, tout en interrogeant le passé.
Amitiés.

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El Alaoui Saïd dit :

17/06/2011 à 11:43

Un homme aux yeux dépoussiérés: « Je trouve que c’est une bonne idée de faire appel aux symboles qui habitent l’imaginaire d’un peuple pour mieux le toucher et le sensibiliser. Je crois que ce n’est pas un hasard si la toute première nouvelle que vous avez publiée, chère Maria, soit Shéhrazade et les mille et une frustrations (dans Histoires courtes du Maroc). Un titre très significatif, n’est-ce pas ? »

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Houria dit :

16/06/2011 à 19:35

J’aime bien ce poème, il fait partie de toute une série dont je me rappelle bien, publiés dans le recueil Entre ombre et lumière. Tous pour clamer qu’une autre femme arabe -autre que la Belle Shéhérazade- existe et qu’elle veut être reconnue. Il suffit que les hommes dépoussièrent leurs yeux pour la voir.

Quand mon poème se revêt

Quand mon poème se revêt

Du bleu-vert du ciel

Il ondoie

Entre tes doigts

Et les plis des voyelles !

Quand il se dénude

Il déchire le réel

Et demeure étranger

Y a-t-il dans ton ombre

Un abri pour lui ?

Comme l’encre

Qui monte aux yeux

Amer et exquis

Il couvre le jour

Et emplit la nuit

Il tremble de se couper

A chaque saison

Un membre !

Sans corps

Qui accueillera

Son être-au-monde ?

Maria Zaki (Sur les dunes de l’aimance, 2011).

Commentaires :

bahia dit :

17/06/2011 à 0:11

bonsoir Maria,
Dans ce monde il vaut mieux se préparer à être étranger plutôt que de subir un déchirement en le devenant subitement.
bisou

Depuis le retour de tes heures

Depuis le retour

De tes heures

Au milieu de mes jours

Le temps nage

En dehors des ères

Sur les plages

De mon calendrier

Je dessine ton visage

Je n’arrache aucun jour

Même le plus replié


Chaque minute

Est un vers

Libérant mon poème

De sa tension intérieure


Qu’importe le temps

Qu’il me reste

A tenir sur un parcours

Sentant bon

La douceur de renaître !

Maria Zaki (Inédit, 2011).

Commentaires :

Luc dit :

09/06/2011 à 14:38

J’aime bien ce poème, surtout la chute qui me fait penser à une phrase de Marguerite Yourcenar : “Personne ne sait encore si tout ne vit que pour mourir ou ne meurt que pour renaître”. Amitiés

Pieds nus

Pieds nus

Nous marchons

Dans l’ocre et le rose

D’une nouvelle saison

A l’intérieur de nous

Nous sentons une voix

Qui ne parle pas

La même langue

Que les hommes

Ou alors si peu !

Ses mots dérobés

Nous n’en savons pas

Toujours le sens

Mais ils nous mènent

Au-delà des limites

De la jouissance !

Lentement

Des grains de sable

Bougent sous nos pieds

Dansant comme

Des herbes de lumière

Nous nous reconnaissons

En murmurant

Sans tirer

De leur sommeil

Les ailes battantes

De nos corps

Ni frapper aux portes

De nos amours violentes !

Maria Zaki (Sur les dunes de l’aimance, 2011).

Commentaires :

El Alaoui Saïd dit :

27/05/2011 à 11:19

Encore un poème magnifique!

Chancelante

Chancelante comme

L’aube naissante

Je te chanterai à l’oreille

Mon poème couleur miel

Je ferai couler

Son sable entre tes doigts

Sans troubler l’ordre

Des lignes de ta main

De temps en temps

Pour garder ta conscience

En éveil

Je répandrai un peu

De mes larmes

Sur ton épaule

Calmement tu me souriras

Et me laisseras faire

Comme s’il ne pouvait

Plus rien nous arriver

De mal sur terre !

Maria Zaki (Sur les dunes de l’aimance, 2011).

Commentaires :

Houria dit :

20/05/2011 à 19:42

J’aime beaucoup ce poème rempli d’images fortes.
Chère Maria, faire couler le sable de tes poèmes entre les doigts des auditeurs, c’est ce que tu as fait hier soir au Café Littéraire. Bonne continuation !

Je garde encore en main

Je garde encore en main

Un peu de temps

Pour le rêve

Là où la course

Des aiguilles de l’horloge

Fait trêve !

Je ne perds pas la nuit

Ce qui se laisse

Gagner le jour

Mais je ne gagne

Ni de jour

Ni de nuit

Une seule seconde

Qui se laisse perdre !

Maria Zaki (Inédit, 2011).

Commentaires :

bahia dit :

09/05/2011 à 23:51

Bonsoir Maria,
“Je voulais dessiner la conscience d’exister et l’écoulement du temps » Henri
Michaux.

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Luc dit :

07/05/2011 à 19:40

C’est une façon originale de considérer l’écoulement du temps.